Depuis « Le Ciel lui est tombé sur la tête », on est habitué à ce barnum millimétré que nous concocte à chaque fois le service marketing des éditions Albert-René. On convoque la presse, on ne vous raconte pas l’histoire mais on vous montre la couverture. On rappelle les chiffres, c’est important les chiffres !, que l’on égrène comme dans une production hollywoodienne de Manckiewicz : 37 albums et 370 millions d’albums vendus, 111 traductions , 13 films dont 9 dessins animés, et un nouvel album tiré à 5 millions d’exemplaires (dont 2 en France) et traduits dans 25 pays, un Parc Astérix qui a attiré 50 millions de visiteurs, dont 2 millions depuis le début de l’année...
On fait parler les auteurs qui lâchent quelques bribes d’infos sous l’œil vigilant de leur éditeur Céleste Surugue, Directeur Général d’Albert René et d’Isabelle Magnac, Directrice Générale du secteur Livres Illustrés France et Fascicules Monde à Hachette Livre : ce sera une course de chars à travers l’Italie romaine qui profite des magnifiques voies romaines qui parcourent l’empire et qui, comme chacun sait, mènent à Rome. On vous parle de chevaux, des différents véhicules – normal : on est à l’Automobile Club de France - et puis du méchant, car selon le principe hitchckokien, « plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film. » Son nom ? Coronavirus, mais on apprendra que dans la traduction allemande, il ne conservera pas ce patronyme : « Trop dur… »
Mais… cachoterie à nouveau : notre méchant est un aurige… masqué ! Il est tout l’album des traits grimaçants de la comédie antique. On n’est pas plus surpris puisque le gimmick avait déjà été utilisé dans Michel Vaillant {} et Le Pilote sans visage. Et d’ailleurs le voilà qui vient, l’aurige, du fond de la salle, messieurs les journalistes !, accompagné d’Astérix et Obélix ! Arrive une espèce d’Iron Man antique aux couleurs, comme il se doit, de Ferrari. Un numéro d’Autoplus qui sort ces jours-ci rappelle combien Albert Uderzo était fan de ces bolides. Il s’en est payé une à l’âge de 48 ans, la première d’une collection. L’album devrait rendre hommage la marque au destrier noir.
Uderzo d’ailleurs n’était pas présent à ce lancement, ni même Anne Goscinny. Mais en fait si : en professionnel consciencieux, le créateur avait fait au préalable une vidéo d’encouragement, saluant les deux auteurs du nouvel album : « Leur travail est formidable, extraordinaire ! » et de complimenter Ferri : « un garçon plein d’astuces et plein de talent », et Conrad : « un dessinateur formidable qui a réussi à prendre ma patte, si j’ose dire ». Face un tel imprimatur, on s’incline façon Morituri te Salutant. Une vidéo émouvante où l’on voit le dessinateur un peu diminué, mais toujours alerte, qui a voulu remercier les auteurs d’avoir pensé à lui. Franchement touchant.
Dans dix jours, l’album sera dans les bacs. Nous vous en reparlerons.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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