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Intégrales et beaux livres sous le sapin : le Noël de Dargaud sent la poudre et le soufre

Par Charles-Louis Detournay le 13 décembre 2022                      Lien  
En panne d'idées de cadeaux ? Nous allons faire le tour de quelques éditeurs pour pointer quelques tirages spéciaux et autres curiosités publiés ces derniers mois, histoire de garnir le pied du sapin. Premier arrêt auprès de Dargaud qui s'est, une fois de plus, très diversifié tout en mettant l'accent sur deux valeurs sûres : "Undertaker" et la "Complainte des landes perdues".

Intégrales et beaux livres sous le sapin : le Noël de Dargaud sent la poudre et le soufreComme chaque année, nous recensons les intégrales et autres artbooks parus depuis six mois, afin que vous puissiez vous assurer ne pas avoir raté un hors-série digne d’intérêt. Et nous commençons notre « tournée » avec Dargaud, toujours bien actif sur ce marché, surtout en fin d’année.

Le choc Undertaker

Ce n’est plus à démontrer, la série de Xavier Dorison, Ralph Meyer & Carolie Delabie reste l’un des westerns les plus réussis de ces dernières années. Si vous avez loupé nos derniers articles à son propos, n’hésitez pas à cliquer sur notre lien consacré à l’univers d’Undertaker.

De son côté, l’éditeur ne s’y est pas trompé, et continue de miser sur ce croque-mort des plus baroques et ses auteurs au diapason. Comme il n’y a pas eu de nouveautés cette année, Dargaud a publié deux ouvrages rattachés à la série. Le premier date de juillet dernier, il s’agit du tirage en grand format du tome 6, Salvaje. Pour rappel, depuis le lancement de la série, l’éditeur propose donc ces tirages limités, dans le même format que ceux réalisés en leurs temps pour Long John Silver ou O’Boys. Un format (37 sur 30 cm) à l’envergure de la série à grand spectacle mitonnée par les auteurs. L’ouvrage propose une nouvelle fois les huit premières planches du prochain tome, dans un noir et blanc qui restitue au mieux le trait et la nuance des aplats du dessinateur : un must pour ceux qui piaffent d’impatience de connaître la suite !

Preview du tome 7 d’Undertaker

La seconde sortie consacrée à Undertaker est ce superbe artbook, dont nous vous avons déjà parlé précédemment.

L’événement est de taille, déjà par ses dimensions : plus de trois cents pages réunis dans un solide format de plus deux kilos ! Son contenu dépasse d’ailleurs nos attentes : Undertaker, l’art de Ralph Meyer réunit de manière chronologique près de deux centaines de travaux de Ralph Meyer. Des reproductions d’ex-libris ou d’illustrations ou de couvertures plus rares comme celles des tirages de têtes ou limités, des agrandissements de planches et de cases, des croquis dont notamment le storyboard préparatoire du tome 6, etc.

Tour à tour, on se passionne pour l’étude des diverses étapes avant d’arriver à l’illustration finale : le crayonné, l’encrage puis les couleurs. Plus loin, la mise en page pointilleuse nous permet de nous arrêter sur certaines cases en noir et blanc où l’auteur a particulièrement soigné les atmosphères. Sans oublier les ex-libris via lesquels Ralph Meyer joue avec son style, se permettant des effets ou des postures plus travaillées, et qui témoignent de son implication.

Deux hommages à plus de 40 ans d’intervalle.
Gauche : Giraud rend hommage à Jijé. Droite : Meyer rend hommage à Giraud, et donc par le même biais, à Jijé et à l’école du western.

Formidable témoignage du travail de l’un des auteurs qui a le plus percé ces dernières années, Undertaker, l’art de Ralph Meyer est sans doute le cadeau que bon nombre d’amateurs s’offriront pour avoir le plaisir de le feuilleter et de voyager avec lui pendant les longues soirées d’hiver. Il appelle un futur ouvrage du même afin que le grand public puisse redécouvrir quelques précédentes séries qui ne manquaient pas non plus de souffle, comme Asgard ou Ian.

Dieu et le diable

Dans le registre des illustrations, Dargaud réalise ce qui nous semble être une première, en tout cas depuis plusieurs années, à savoir l’édition d’un recueil de grandes reproductions détachables, et que l’on peut donc encadrer au gré de ses envies. La série mise en avant est l’une des plébiscitées de ces vingt dernières années, à savoir Le Chat du rabbin de Joann Sfar : plus besoin de la présenter !

Dans l’idée de se servir de ces illustrations comme de mini-affiches, Dargaud a prévu un format intéressant de 40,5 sur 30,5 cm, soit pratiquement un A3. À l’intérieur du recueil cellophané se trouve 20 illustrations, principalement les couvertures couleurs de la série, dépourvues de leur titraille (à deux exceptions près). Il ne s’agit pas uniquement des couvertures des albums, mais également des intégrales dont celles parues en début d’année. L’occasion pour les amateurs de Sfar qui n’auraient pas acquis ces derniers recueils, de tout de même profiter de son travail d’illustrations.

Changement d’univers avec une autre saga de l’éditeur, à savoir La Complainte des landes perdues scénarisée par Jean Dufaux. L’attention est cette fois portée sur le cycle des Sorcières dessiné par Béatrice Tillier. Limité à trois mille exemplaires chacune, des nouvelles versions des tomes 1 et 2 ont successivement proposées au public. Des ouvrages qui disposent d’une nouvelle couverture, mais permettent surtout de profiter du gracieux trait de la dessinatrice.

En effet, les ouvrages reprennent la totalité des albums, en reproduisant les pages en noir et blanc avant que la dessinatrice ne déploie tout son talent de coloriste. et c’est ici le troisième tome du cycle qui bénéficie de ce tirage limité en noir et blanc. C’est donc l’occasion de goûter autrement de l’atmosphère envoûtante de cette série, tout profitant du travail de Béatrice Tillier, encrant son avant-plan et laissant son arrière-plan au crayon. Les amateurs apprécieront.

Un coup d’œil dans le rétro

L’éditeur ne s’est pas cantonné à ses séries phares de ses dernières années, il est également reparti plus loin dans le temps, pour notre plus grand plaisir. En effet, en toute honnêteté, nous apprécions énormément les versions du Journal Tintin des aventures de Blake et Mortimer publiées depuis maintenant depuis dix ans.

Pour faire face à la demande (ces versions sont fortement collectionnées), le tirage est passé de cinq à six mille exemplaires, tout en maintenant le contenu qui en a fait son succès : reprendre à l’identique les pages du Journal Tintin qui prépubliaient ces récits mythiques, non sans adjoindre une dizaine de pages de crayonnés réalisés par Jacobs lui-même afin de lever le voile sur son travail si précis et méticuleux.

Dans le cas qui nous occupe, à savoir L’Affaire du collier, il ne semble pas y avoir de différence entre la version du Journal Tintin et celle publiée à l’origine, contrairement aux améliorations apportées sur les autres albums. On se laisse donc porter par les couleurs de l’époque, bien différentes des actuelles, et surtout par les magnifiques titrailles qui restituent l’atmosphère du célèbre magazine.

Quant aux documents d’époque, si on regrette l’absence des études de la couverture, on apprécie la restitution des 17 calques réalisés par Jacobs, agrémentés des magnifiques commentaires de Daniel Couvreur, même s’il aurait certainement pu consacrer une véritable monographie à consacrer à ce titre, comme à chacune des aventures de Blake et Mortimer. Ceux qui ont découvert cette aventure dans Le Journal Tintin en 1965 et 1966 profiteront de cette mise à l’honneur nostalgique d’un maître du franco-belge.

Pour passer d’un continent à l’autre, le bateau reste l’un des moyens de transport des plus sûrs. Quoique l’on puisse parfois tomber sur de fameux problèmes. C’est en tout cas ce qui arrive régulièrement au capitaine François Merle, alias Condor. Nous avions décerné un coup de cœur au premier recueil de cette intégrale paru l’année dernière, c’est dire notre plaisir de retrouver sa seconde partie toujours dans ce petit format qui tient bien en main.

Comme cette conclusion ne contient pas de dossier ni de préface, rappelons que les précédentes explications de Dominique Rousseau : « [E]n revenant au noir et blanc, j’ai pu ajouter des décors, des cases de Condor qui n’existaient pas et qui sont venues alléger la narration. J’ai retouché quasiment tous les personnages sur ces deux premiers tomes. J’ai repris aussi tous les textes, en les recomposant parfois mot à mort pour les présenter sur plusieurs cases. Cette nouvelle version offre une mise en valeur, à tout point de vue, de l’histoire et du dessin. » Des propos consacrés surtout au premier recueil, car les quatre histoires de ce second recueil n’avaient pas besoin d’un tel investissement. L’auteur s’est contenté de nettoyer les planches, afin que l’on puisse profiter au mieux de son travail en noir et blanc.

Et continuons notre traversée vers les Amériques avec certainement notre coup de cœur de cette sélection, à savoir le tout dernier recueil de l’intégrale Schulz. Il s’agit d’ailleurs presque d’un hors-série qui vient parachever la publication des 26 précédents recueils.

Dans ce dernier paru, l’éditeur a repris tous les travaux connexes de Charles Schulz extérieurs aux travaux publiés quotidiennement dans la presse, comme il l’explique dans l’introduction : « Pour avoir un tableau complet de l’œuvre de Schulz, il faut aussi regarder du côté de ses travaux périphériques. Ce tome n’est pas un recueil exhaustif de ce qui existe autour des Peanuts au-delà des strips. Il y a tant de choses que nous avons dû faire des choix. L’exigence première était qu’il s’agisse de Snoopy et des Peanuts[…] Pour qu’un dessin soit inclus, il fallait [aussi] qu’il soit de la main de Schulz plutôt que par les différents artistes qui ont collaboré aux projets parallèles. »


L’éditeur a donc été vérifier auprès de la veuve de l’auteur et de ses anciens collaborateurs afin de s’assurer que l’ensemble des reproductions de ce dernier ouvrage soit bien essentiellement de la main de l’auteur.

Et l’on retrouve quelques pépites comme de premiers dessins publiés à partir de 1948, des récits au long cours tels que le fameux Baron rouge, des dessins de Noël, des travaux publicitaires, des illustrations et même quelques croquis lâchés qui témoignent du talent et de la sensibilité de l’auteur. Bref, des morceaux d’anthologie et certainement bon nombre d’inédits en français. Voilà certainement l’un des incontournables que tout amateur des Peanuts doit posséder.


Blacksad, le jeu d’enquête

Enfin, pour ceux qui aiment jouer en famille ou entre amis, les Éditions 404 viennent de publier un jeu de 2 à 4 joueurs s’immisçant dans la série de Canalès & Guarnido. Notre célèbre détective doit résoudre le meurtre d’une célèbre actrice, qui n’est autre que Natalia Wilford, son premier amour ainsi que sa première cliente au sein du tome 1 de la série. Les amateurs de la série l’auront compris, ce jeu repart sur les traces du premier tome, « Quelque part entre les ombres ».

Dans ce jeu collaboratif, chaque joueur incarne un personnage de la série : Blacksad, le commissaire Smirnov, le journaliste Weekly sans oublier Jake le boxeur et ancien garde du corps de Natalia. Un plan de la ville de New-York sert de plateau de jeu. Pour résoudre ce meurtre qui touche de près notre héros, tous les joueurs s’associent pour remonter le fil des indices dans les quarante lieux lors des divers événements qui ponctuent la partie. En fonction des preuves récoltées et du message vocal que vous aurez écouté via le QR code, vous pourrez en fin de partie ouvrir l’une des trois enveloppes pour savoir si vous avez identifié le criminel. Toutefois, que les ultra-fans de la série fassent attention, s’ils se rappellent très précisément de l’intrigue du premier tome, ils n’auront guère de surprise car le jeu se cantonne d’adapter l’intrigue de celui-ci. Reste le plaisir de profiter de beaux dessins et d’un moment de partage en commun.

"Blacksad le jeu d’enquête", chez 404 Éditions de Lozzi, Guarnido

Bref, que cela en solitaire ou à plusieurs, vous n’avez que l’emballage… euh, l’embarras du choix pour vos cadeaux de fin d’année !

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782505118343

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