Nous l’avions annoncé : la vente Pierre Tchernia à l’Hôtel Drouot, issue de la succession du réalisateur et animateur de TV français décédé en 2016, ne pouvait que se conclure par un record : « La couverture iconique du Tour de Gaule d’Astérix (1965), écrivions-nous, la première couverture originale du cinquième tome de la série publiée dans le cadre de la Collection Pilote (d’où la présence du fameux bandeau rouge en haut, éliminé ou recadré selon les éditions ultérieures) dédicacé : « À Pierre Tchernia, le modeste témoignage de sympathie en hommage à l’esprit et à la gentillesse du grand homme de télévision » Elle est signée par Uderzo et Goscinny. Les couvertures à la gouache d’Uderzo sont rarissimes. L’estimation est à 180.000/200.000 euros mais le caractère exceptionnel de cette pièce devrait faire s’envoler la cote d’Uderzo, l’un des auteurs les plus notoires de l’histoire de la bande dessinée française. »
Un original et une copie
De fait, le moment était particulièrement bien choisi : à une semaine d’un nouvel album d’Astérix mis en place à plus de cinq millions d’exemplaires, et puis surtout, la pièce était rarissime. Nous avons d’ailleurs appris une curieuse histoire au sujet de cette couverture : il y a quelques jours, nous avions vu une vidéo, assez pathétique, d’Albert Uderzo diffusée lors du lancement de l’album Astérix et la Transitalique à l’Automobile Club de France. Au mur du bureau d’Uderzo figurait la fameuse couverture qui devait passer en vente vendredi. « Ce sont toutes des reproductions, nous dit un proche d’Uderzo. Les originaux sont au coffre… » nous dit un proche d’Albert...
Au coffre ? Quid de celle qui est en vente ? Et là nous apprenons cette histoire : ayant donné cette planche à Pierre Tchernia, Uderzo n’a pas osé la lui redemander alors qu’il fallait en faire une réimpression urgente. Il aurait demandé à son frère Marcel d’en faire une copie à l’identique. C’est cette copie-là qui est dans le coffre. D’où le caractère précieux de cette pièce unique qui est la seule vraie couverture originale d’Astérix et le Tour de Gaule. Une raison supplémentaire pour trouver acquéreur !
Un prix record
D’aucuns estimaient qu’elle ferait 500.000 €, un record pour Uderzo dont la côte tourne autour de l’estimation de l’expert : entre 180.000 et 200.000 €. De fait, en 2014, une couverture de l’album Astérix et le Devin était partie à 193.500 € chez Christie’s, mais ce n’était pas une gouache : il s’agissait d’un dessin en noir et blanc. La couverture du Tour de Gaule a finalement atteint le prix record de 1,4 million d’euros (1 449 000 € (frais compris - Lot n° 193). L’autre pièce mythique, la couverture du Bouclier arverne, dont l’estimation était identique, a suivi le même chemin : 1 197 000 € (frais compris - Lot n° 194).
La vente menée par le commissaire-priseur Me Patrick Deburaux rétablit une injustice : régulièrement, Hergé et Franquin coiffaient Uderzo au poteau alors que l’œuvre de René Goscinny et d’Albert Uderzo était bien plus notoire que la leur, comme en témoignent les expositions visibles en ce moment à Paris au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme et à la Cinémathèque Française de Paris autour de l’œuvre du scénariste prodige.
Uderzo revient en force dans le trio de tête, ce qui est dans l’ordre des choses, même si Hergé reste devant, souvenons-nous : la couverture de L’Étoile mystérieuse avait trouvé preneur pour 2,5 millions € à la Brafa en Belgique en 2015.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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