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2009, l’année de la bande dessinée à Bruxelles

Par Charles-Louis Detournay le 31 mai 2008                      Lien  
C'est en grandes pompes que Bruxelles a dévoilé le programme de son année spéciale consacrée à la BD : les évènements seront divers et variés, de quoi contenter tous les amateurs du genre.

Il avait foule ce jeudi pour assister à la présentation de l’année de la bande dessinée. En effet, le gouvernement de Bruxelles-Capitale au complet, accompagné par l’échevin du tourisme de la Ville de Bruxelles, se sont réunis autour d’un projet ambitieux : développer un programme tout public de janvier à décembre, en regroupant les différents partenaires pour affirmer une cohésion démontrée. 2009 consacrera également les 20 ans du Centre Belge de la Bande Dessinée, ainsi que les 40 ans de la célèbre section BD de St Luc. Il n’en fallait pas plus à la ville qui avait vu naître Hergé et Franquin, pour se lancer dans une aventure qui fera date !

Même si ce programme est évolutif, et devrait encore s’étoffer d’autres évènements, nous ne résistons pas à vous en donner les grandes lignes.

2009, l'année de la bande dessinée à Bruxelles
Les maître d’œuvre de l’Année 2009 de la BD à Bruxelles (de g. à dr.) : M. Philippe Close, échevin du Tourisme à la Ville de Bruxelles, M. Pascal Smet, ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de la mobilité et des travaux publics, Mme Évelyne Huytebroeck, ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale en charge du tourisme, M. Charles Picqué, ministre-président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale et M. Benoît Cerexhe, ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de l’économie et de l’emploi.
Photo : Charles-Louis Detournay

Les regards croisés de la BD belge

© Yslaire/Futuropolis

Au coeur des Musées Royaux des beaux-arts, Jean-Marie Derscheid et Didier Pasamonik nous présenteront, au travers du regard d’une vingtaine d’auteurs belges contemporains, cent ans de bande dessinée internationale, afin de mettre en évidence les liens entre l’école belge et les grands courants de la bande dessinée mondiale. L’approche sera en effet transgénérationnelle, multi-disciplinaire et internationale. Ceci aura pour effet de mettre en place, au travers des affinités électives de chacun de ces auteurs, les filières graphiques qui ont permis la genèse du style belge.

L’exposition sera composée de vingt espaces disposant chacun d’une scénographie spécifique. Chaque espace sera dédié au travail d’un auteur contemporain, mais aussi à son « musée personnel », présentant par exemple ses lectures de jeunesse et ses sources graphiques. Outre les 20 auteurs mis en lumière, plus d’une centaine d’autres devraient être exposés. Se trouveront ainsi, entre autres, aux cimaises des originaux de grands classiques américains comme Winsor McCay (Little Nemo), Alex Raymond (Flash Gordon), Schultz (Peanuts) ou européens comme Hugo Pratt et Tardi. De quoi offrir à l’exposition une stature susceptible d’intéresser les visiteurs du monde entier.

Les Sexties : Crepax, Cuvelier, Forest et Peellaert

Epoxy © Cuvelier-Le Lombard

Pas de faute de frappe, ce sont bien les origines de la BD adulte que Pierre Sterckx se propose de nous présenter. Au cœur des années ’60, ces quatre artistes s’inspirent de la peinture (entre autre le Pop Art), du dessin animé (Yellow Submarine, etc.), du cinéma, de la musique (rock, mais aussi yéyé française), de la littérature et de la photographie. A travers leurs héroïnes aussi volontaires que dévêtues (Barbarella, Valentina, Jodelle et Epoxy), il s’agira donc de dresser le portrait d’une époque faite de mutations rapides.

Dans le cadre prestigieux du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, l’exposition mettra en vedette le travail de quatre auteurs qui, par leurs audaces graphiques et narratives, ont marqué l’évolution de la bande dessinée en lui faisant quitter le domaine enfantin.

Willy Vandersteen : l’épopée bruxelloise

Vandersteen © Standaard Uitgeverij

En 1948, Vandersteen est déjà une star en Flandre, mais lorsqu’il observe le marché francophone où Hergé triomphe en maître, il constate que les journaux Spirou et Tintin révolutionnent le genre et se taillent une place enviable en France. Il approche alors Raymond Leblanc pour intégrer le journal Kuifje et son double francophone Tintin. C’est oublier qu’Hergé entend bien garder son emprise sur un journal dont il assume la direction artistique. Il accepte l’arrivée de Vandersteen sous réserve que celui-ci applique le crédo d’une « ligne claire » de qualité pour les Bob et Bobette appelés à paraître dans son journal. Il s’immiscera dans la série au point de faire disparaître Jérôme et d’imposer à Bobette un chignon au lieu de ses couettes. Ceci ne pose aucun problème à Vandersteen qui prouvera que son dessin et ses récits, quand il prend le temps, ont peu à envier à ceux d’Hergé ou Jacobs.

Le Fantôme espagnol est le premier jalon d’une série d’albums considérés comme un sommet de la carrière de Vandersteen, suivi entre autres par Le Trésor de Beersel, La Clé de bronze ou Les Martiens sont là. Durant sa collaboration avec Tintin/Kuifje, Vandersteen réalisera le très breughélien diptyque Tijl Ulenspiegel et Le Prince Riri.

C’est tout logiquement au sein de l’Hôtel de Ville de Bruxelles, où se déroule une partie du Fantôme espagnol, que se présentera cette période emblématique du créateur de Bob et Bobette, celle qui vit Vandersteen rejoindre les Editions du Lombard.

Les expositions au Centre Belge de la Bande Dessinée

Bien entendu, le CBBD ne pouvait rester insensible à cette année spéciale Bande Dessinée ! Il présentera donc trois expositions thématiques.

Charles Picqué, ministre-président du Gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale
Photo : Ch-L. Detournay

"Du péril jaune à la world-BD" se propose d’explorer le chemin parcouru d’Akira, première entrée du manga dans le marché européen, à Jiro Taniguchi, un auteur qui a conquis ses lettres de noblesse sur le vieux continent. Depuis vingt ans, la bande dessinée asiatique a déferlé sur l’Europe, bouleversant les idées reçues ainsi que les façons de lire, de créer et d’éditer de la BD. Ce regard met également en valeur les influences réciproques qui nourrissent ce que, aujourd’hui, on appellera la world-BD.

"Les mondes de Lanfeust" - Avec la complicité de son scénariste et créateur, Christophe Arleston, l’exposition propose de découvrir d’une manière ludique et originale les différents univers nés de cette série-phare publiée par les éditions Soleil.

"La BD... vingt ans après" - Pour saluer son anniversaire, le CBBD a choisi de mettre à l’honneur les créations BD les plus remarquables de ces deux dernières décennies. Avec le concours des lecteurs de la presse belge, il exposera les albums plébiscités dans les domaines de la création contemporaine autant que classique.

De Superman au Chat du Rabbin

Après Paris et Amsterdam, c’est donc Bruxelles qui accueillera cette célèbre exposition dont nous n’avions pas manqué de vous parler. Elle s’attache à mettre en évidence le rôle important de nombreux artistes et auteurs juifs dans la bande dessinée, à travers 230 œuvres ou documents (dessins originaux, planches imprimées et archives).

Au fil d’un parcours qui traversera tout le 20ème siècle seront évoqués beaucoup d’artistes américains, parmi lesquels les premiers auteurs du comic-strip Rube Goldberg, Harry Hershfield ou Al Capp..., les créateurs de comic-books comme Siegel & Shuster, Will Eisner, Jack Kirby, Jo Kubert, Harvey Kurtzman, Bernie Krigstein..., les figures de l’underground comme Crumb, Art Spiegelman ou Diane Noomin, des auteurs plus contemporains comme James Sturm ou Miriam Katin... ; mais aussi des Européens qui ont laissé dans leurs bandes dessinées ou leurs romans graphiques des traces de l’histoire juive, comme Edmond-François Calvo, Gotlib, Hugo Pratt, Vittorio Giardino, Ruben Pellejero, Joann Sfar...

Expositions diverses

Non contente de proposer au visiteur les événements déjà cités, l’organisation rajoute d’autres visions pour élargir le regard du lecteur. Ainsi, les étudiants de l´ERG [1] donneront leur vision graphique de la maison Autrique.

La commune de Saint-Gilles et l’Institut Saint-Luc présenteront une exposition pour fêter dignement les 40 ans de la première promotion BD. Une école qui a vu défiler Schuiten, Midam, Yslaire, Swolfs, Sokal, Grenson, Paape, Picha, Plantu, Francq, Franquin, Berthet et bien d’autres encore. Cette exposition s’attachera à présenter le meilleur de la production des étudiant(e)s actuel(le)s de Saint-Luc et la riche histoire de leur section BD.

La Fondation Raymond Leblanc s’inscrit également dans le programme de l’année à thème avec deux expositions et le fameux Prix Raymond Leblanc, pour lesquels les candidats devront présenter une histoire courte, avec couverture, sur la base d’un thème lié à cette année riche en évènements. En plus du prix de 10.000 euros, le lauréat sera publié dans l’album collectif du concours, diffusé au premier trimestre 2010.

Bien entendu, diverses galeries et/ou librairies comme la Maison de la bande dessinée, Petits Papiers, Brüsel et d’autres ne manqueront de projets pour relever ce défi.

La BD vers le grand public

Soucieuse de ne pas s’enfermer dans des salles confinées, l’organisation souhaite développer des projets ambitieux pour jalonner l’année.


Quoi de plus naturel qu’une grande fête populaire ? Elle sera incarnée par une grande parade de Ballons géants telles qu’elles existent au Etats-Unis et rassemblera pour l’occasion l’ensemble du folklore bruxellois, la police, les pompiers et d’autres services de la Ville sur le thème de prédilection de l’année.

Il sera aussi question d’inauguration car le personnage de bande dessinée Néron de Marc Sleen sera immortalisé à Bruxelles en 2009 : afin de conserver l’oeuvre de Marc Sleen et de l’exposer de manière permanente, la Fondation Maison Nero a pu acquérir l’immeuble où Marc Sleen y esquissa pour la première fois son personnage emblématique en 1947.

Un « Grand Prix Michel Vaillant » est également à l’étude. Sa faisabilité a été confiée à Jacques Bruyns, organisateur entres autres du rallye de voitures anciennes National Classic Tour.

De plus, le Brussels 2009 Comics Strip propose de dédier un centre d’accueil à la création contemporaine en bande dessinée belge pour soutenir les petits éditeurs [2] qui ont parfois bien du mal à proposer leurs albums dans un marché de plus en plus paramétré par la démarche commerciale. Ce centre comportera des animations sous forme d’installations contemporaines, une libraire semi-permanente, et un espace d’exposition.

Si le parcours des fresques BD est déjà connu au-delà des frontières belges, celui-ci se renforcera singulièrement car ce ne sont pas moins de 13 nouvelles fresques murales qui sont à l’étude ! Rabaté sera d’ailleurs le prochain à être mis à l’honneur, avec son album primé, les Petits Ruisseaux. De plus, en septembre 2009, rendez-vous sera donné à tous les auteurs et dessinateurs de bande dessinée pour ouvrir leur atelier au grand public. Les férus pourront donc, grâce à un parcours repris sur un dépliant, se promener d’un atelier à l’autre, à la découverte des talents bruxellois du neuvième art.

Pour continuer à placer le neuvième art au coeur des conversations, une gigantesque planche de BD géante sera créée sur la grand place de Bruxelles. Peut-être l’occasion de figurer dans le livre des records ? Différents projets se placeront également au sein des nombreux espaces verts bruxellois, pour aller à la rencontre des promeneurs.

Enfin, un lien sera tissé à le FIDB d’Angoulême, car une nouvelle Impro-BD et un concert dessiné seront présentés dans les deux villes, renommées pour leur culture du 9ème art.

Et ce n’est pas fini !

Surfant sur la vague du parisien Japan Expo, Made In Asia fêtera l’art qui a incontestablement contribué à valoriser et populariser la culture asiatique en Occident : le manga. En plein développement, le Manga connaît un succès éditorial sans précédent et sera donc à l’honneur tout au long du salon. Complémentaire au Brussels 2009 BD Comics Strip, cet évènement regroupera de nombreux éditeurs, des mangakas de renom venus dédicacer leurs œuvres, inaugurer leurs expositions et s’entretenir avec le public lors de conférences animées, mais aussi des activités purement asiatiques, des démonstrations d’arts martiaux, des concerts, la diffusion inédite de nouvelles séries japonaises et l’incontournable Cosplay.

Toujours en liant et en parallèle avec ce thème annuel, Anima, le Festival international du film d’animation de Bruxelles, s’embulle pour la BD en proposant une journée faite de regards croisés sur les deux domaines. Au programme, des longs métrages, des séries, des inédits et bien sûr des invités : réalisateurs, scénaristes, dessinateurs, infographistes… On y retrouvera également une exposition "de la case à l’écran", consacrée au va et vient constant de la BD et de l’animation en Belgique. Une partie rétrospective présentera les premiers pas méconnus de Peyo, Morris, Paape ainsi que l’âge d’or des studios comme Belvision. Une seconde partie sera consacrée aux nouvelless relations qui se tissent aujourd’hui entre la BD et l’animation, avec des auteurs comme Patar Aubler, Féroumont et d’autres.

Avec M. Philippe Close, les deux coordinateurs généraux du Bureau des grands évènements, en charge de la manifestation : Micha Kapetanovic et Eric Verhoest
Photo : Ch-L. Detournay

Après le succès du Chat du Rabbin au théâtre, c’est un autre grand classique de la BD qui va franchir le pas : Peter Pan. Le chef d’oeuvre de Loisel sera adapté par l’Atelier 210 pour entraîner une fois de plus dans la beauté de l’imaginaire. Quand à l’XL Théâtre, c’est la série Du coté de chez Poje, de Cauvin et Carpentier, qu’ils ont décidé de mettre en scène avec À ta Santé, une fable où Poje s’attaque à Internet.

Enfin, la Cinémathèque Royale de Belgique a décidé de participer activement aux expositions majeures de 2009, en programmant des films en parallèle avec “Les Regards croisés de la bande dessinée belge” et “Les Sexties”.

On peut s’en apercevoir, il sera difficile de passer à côté de cet évènement d’importance, tellement nombreux seront les expositions, hommages, commémorations et moments festifs. Nous envoyons déjà tous nos encouragements aux coordinateurs généraux, Éric Verhoest et Micha Kapetanovic, ainsi qu’à leurs collaborateurs pour leur programme éclectique. Nous ne manquerons bien sûr pas de vous tenir au courant des futurs développement, mais ce qui est sûr, c’est qu’en 2009, la BD sera aussi (et surtout) à Bruxelles !

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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[1l’école de recherche graphique d’Ixelles

[2Avec Fréon-Frmk, la Cinquième couche et L’Employé du moi, Bruxelles dispose désormais de trois éditeurs marquants.

 
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