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Do A Power Bomb - Par Daniel Warren Johnson & Mike Spicer - Urban Comics

Par Jaime Bonkowski de Passos le 27 juin 2023                      Lien  
Le ring luit sous les feux des projecteurs, les muscles huilés sont saillants, et sous les masques chatoyants, des lutteurs enragés se jaugent, attendant le coup de cloche fatidique... C'est la lutte du bien contre le mal, c'est la violence et l'élégance, c'est... Le Deathlyfe Tag Team Tournament !

Yua Steelrose est la plus grande catcheuse a jamais avoir foulé le ring, aussi belle que redoutable. Mais aucune légende n’est à l’abri d’un accident et, un soir, au cours d’un affrontement épique contre Cobrasun, sa nemesis, un faux mouvement lui coûte la vie.

Des années plus tard, sa fille Lona reprend le flambeau et grimpe entre les cordes, animée du même feu sacré que sa mère. Et si son talent naturel pour le catch pouvait lui permettre d’accomplir l’impossible ?

Do A Power Bomb - Par Daniel Warren Johnson & Mike Spicer - Urban Comics

Let’s get ready to rumble !

Que vous soyez amateur ou non de catch (je ne le suis pas), il faut bien reconnaître qu’il y a quelque chose de grisant à voir un bodybuilder en lycra s’élancer en saut périlleux depuis la troisième corde pour s’abattre sur son adversaire. En France, le catch n’a jamais vraiment réussi a gagner la popularité qu’il connaît aux USA. Souffrant d’une image de divertissement un peu bas de plafond, la discipline a tout de même retrouvé depuis quelques années un élan auprès d’une nouvelle génération de fans parmi les Millenials.

En bande dessinée franco-belge, le catch s’est offert quelques splendides itérations à travers les hommages d’artistes fans : sous l’égide des Humanoïdes Associés en 2006, Jerry Frissen et sa bande nous livraient Lucha Libre, pur hommage parodique aux comics de gare américains à la sauce lutte mexicaine, débordant d’humour gras et d’action flamboyante. Un pur bijou, à lire si ce n’est pas déjà fait. Dans le même temps, un certain Run imaginait dans son Mutafukaz une Justice League de luchadores, ses personnages masqués devenant rapidement parmi les plus emblématiques et appréciés de sa série.

La catch donc (mexicain dans les deux occurrences qu’on vient de citer), a toujours eu une place dans les librairies BD, et Urban Comics, sous son label Indies, nous propose un petit nouveau débordant de tout ce qu’on aime dans ce type de fiction.

L’enjeu est basique, et est juste un prétexte pour justifier de la grosse baston entre les cordes (on n’en demande vraiment pas plus). Les développements de personnages sont, comme dans le catchs, hyperboliques, archétypaux et à ne surtout pas prendre au premier degré (ce qui n’empêche pas de ressentir une vraie tendresse et un attachement pour tous les protagonistes, même les méchants), et le final en apothéose n’a franchement ni queue ni tête, mais en devient du coup absolument jouissif.

Vous l’aurez compris : non, on ne lit pas Do A Power Bomb pour enrichir sa philosophie personnelle et ses livrer à des errements métaphysiques entre les chapitres. On lit Do A Power Bomb pour voir des mecs se balancer des giga-pains dans la gueule, se castagner avec des orang-outangs, et se rouler par terre dans des soumissions à la limite du BDSM.

Le travail graphique de l’auteur rend parfaitement honneur à ces attentes : à l’instar de la scénographie vidéo du catch, hyper travaillée pour mettre en valeur l’athlétisme et les acrobaties des lutteurs, Daniel Warren Johnson choisit un dessin très cinématographique, à hauteur du ring plutôt qu’à hauteur d’homme pour pleinement rendre compte du rythme effréné des combats.

Surtout, il joue avec une télécommande de suspension du temps pour arrêter les mouvements de ses personnages au pic de leurs sauts, parvenant ainsi à manifester directement sur le papier une sensation de ralenti qu’on pourrait attendre d’une vraie séquence vidéo, lorsque le catcheur s’élancerait puis tomberait au ralenti depuis la troisième corde.

Un gros travail sur le lettrage a également été fat pour iconiser les "finisher" des combattants, ces fameuses prises ultimes des catcheurs qui, dans le livre, ont toutes droit à leur double-page et leur logo flamboyant.

Les chara-designs sont aussi débridés qu’à la WWE (masques chamarrés et collants bariolés), et l’ambiance installée par les décors décuple l’exagération cathartique de l’histoire. Après le premier tiers on se retrouve propulsé dans un monde à mi-chemin entre le Thunder-dome de Mad Max et le Multivers Noir de Batman Metal, on peut littéralement entendre le hard-rock rugir dans nos oreilles et le public en délire scander les noms des combattants.

Un détail un peu triste reste à souligner : le goût de Warren Johnson pour la double-page oblige avec Do A Power Bomb régalerait nos yeux sur une lecture numérique, mais avec une impression papier on est obligé de consentir à quelques sacrifices esthétiques : la scission entre les deux pages coupes les dessins en deux, ce qui est particulièrement visible et regrettable sur certaines doubles-pages (dont l’arrivée de l’antagoniste final, qui nous oblige presque à briser le dos du livre pour écarter les deux pages et pleinement apprécier sa pose). On ne peut en vouloir à personne pour ça, c’est le jeu de l’édition physique, mais bon dieu que c’est frustrant...

Amis de la finesse, de la subtilité et des multiples niveaux de lectures : passez vite votre chemin, Do A Power Bomb n’est vraiment pas pour vous. On lit ce one-shot comme on regarde un Rey Mysterio vs Randy Orton : pour mettre en pause son cerveau et juste apprécier la beauté de la chorégraphie. Et c’est sûr qu’à lire uniquement ce type de récits on s’expose à un petit risque d’affaissement intellectuel, mais une fois de temps en temps, ça fait vraiment du bien.

(par Jaime Bonkowski de Passos)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9791026822363

Do A Power Bomb - Par Daniel Warren Johnson & Mike Spicer - Urban Comics - 19€ - 23/06/2023 - 192 pages.

Urban Comics ✍ Mike Spicer ✏️ Daniel Warren Johnson à partir de 13 ans Action Arts martiaux, Combats Super-héros
 
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