BD d’Asie

Adabana T. 3 – Par NON – Kana

Par Malgorzata Natanek le 20 janvier 2023                      Lien  
Ce qui se cache derrière la mort de Mako et des agissements de Mizuki est enfin révélé... Le thriller, fini en trois tomes, critique le système judiciaire et le comportement des adultes face aux mineurs. Au centre du récit, une amitié touchante adoucit la noirceur humaine exposée.

Après un deuxième tome qui nous plaçait du point de vue de Mako, le lecteur se retrouve de nouveau dans celui de Mizuki. L’histoire reprend après que l’oncle de Mako a été tué alors qu’il était en train d’agresser Mizuki. Celle-ci va tout faire pour protéger son amie qui subit un enfer depuis très longtemps, ce qui l’amène à enquêter sur l’ex-copain de Mako et à percer à jour tout ce qui s’était passé. En parallèle, cette dernière semble de plus en plus terne et complètement brisée. Il est enfin temps de savoir comment est morte Mako et de voir le procès de Mizuki, toujours accusée du meurtre de sa meilleure amie.

Dans Adabana, NON traite de sujets durs et met en évidence de nombreuses failles sociétales. Les adultes ne sont d’aucun secours et sont même responsables du drame vécu par les deux héroïnes. Que ce soit la mère très autoritaire de Mizuki qui utilisait sa fille pour ses fins ou la famille de Mako qui profitait d’elle pour du contenu pédopornographique, les deux n’étaient que des objets pour ces adultes.

Adabana T. 3 – Par NON – Kana
Adabana planche
© NON/Kana éditions

Mako a également été victime de harcèlement par son ancien copain, Akatsuki, qui s’avère être un pervers narcissique très dangereux. En effet, il la filmait à son insu pendant leurs rapports sexuels (et à d’autres occasions) puis collaborait avec l’oncle de Mako pour en tirer de l’argent.

Un véritable cauchemar dans lequel le seul échappatoire était l’amitié sincère et très belle des deux lycéennes. D’ailleurs, les planches où les adolescentes partagent des moments de complicité viennent casser la noirceur de l’intrigue et nous extirpent, lors de ces rares instants, de la gravité de ce qui est raconté.

Aussi, la scène de la mort de Mako retranscrit bien le désespoir de la jeune fille tout comme sa tristesse et celle de sa meilleure amie. La neige qui tombe et recouvre le sol donne un aspect mélancolique aux dessins. Les actions entreprises par Mizuki trahissent la force de son amitié mais également la souffrance qu’elle éprouve avec la perte de la personne la plus chère à ses yeux.

Adabana planche
© NON/Kana éditions

Malheureusement, il arrive souvent que des situations abominables ne permettent pas aux victimes d’être réellement dédommagées, notamment quand ça concerne des mineurs issus de familles pauvres, ce que la mangaka a su raconter. Petit à petit, la situation a anéanti Mako qui n’avait pas d’échappatoire. Même si elle a eu le courage de demander de l’aide à la police, rien n’a changé.

Comme sa situation précaire et les abus qu’elle a vécus l’ont complètement fragilisée, son ancien copain en a profité. Il utilise sa faiblesse à son avantage pour qu’elle soit complètement sous son emprise. Son amie, qui est son dernier rempart, est aussi exploitée par Akatsuki pour l’isoler. En effet, Mizuki a du se rapprocher du garçon pour pouvoir enquêter mais Mako n’est pas au courant de ce plan créant un quiproquo parfait pour Akatsuki.

Adabana planche
© NON/Kana éditions

D’ailleurs, le jeune homme se présente comme le parfait garçon face aux autres. Il est mignon, populaire et a beaucoup de contacts. Il est tout de même intéressant de soulever que rien n’est dévoilé sur sa famille ou son passé, ce qui accentue le masque qu’il porte.

Il est difficile d’espérer une justice face à ses actes comme c’est un prédateur rusé. D’autant plus que les affaires similaires où des filles ont connu des abus avec des images qui ont tourné sont souvent peu concluantes, surtout quand le coupable est un jeune homme qui a tout pour plaire. Ici, il n’est pas non plus question qu’il réponde de ce crime.

L’image parfaite de ce harceleur va tout de même prendre un coup avec la médiatisation de la mort de Mako grâce à Mizuki qui est prête à se sacrifier pour l’entraîner dans sa chute. De quoi réjouir les lecteurs, même si le mal qu’il a causé ne pourra pas être réparé.

Adabana planche
© NON/Kana éditions

La conclusion de cette affaire au tribunal pourra frustrer certains qui y verront une réelle injustice. Cependant, même si la sentence sera ressentie par la plupart des personnages comme une défaite, cette dernière représentera la victoire d’un des personnages principaux. Toute la vérité n’est pas rétablie devant le public et elle est même manipulée pour que la vengeance d’un des protagonistes aboutisse. Comme le dit l’avocat de la protagoniste « la vérité ne suffit pas à sauver quelqu’un ».

NON réussit à garder le suspense dans ce dernier tome et continue de nous émouvoir par le lien entre les deux héroïnes. L’auteur parvient encore à renverser le cours des choses. Les intentions de Mizuki et les actions qu’elle a mises en place sont cohérentes et bien amenées. Ce thriller propose une conclusion satisfaisante, met l’accent sur la responsabilité des adultes dans les injustices vécues par les enfants et le manque d’efficacité de la loi.

(par Malgorzata Natanek)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782505113829

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