La collection dirigée par Bernard Swysen, propose un regard empreint d’humour sur des légendes du cinéma sans pour autant en faire des icônes lisses : un souci documentaire avéré qui nous apprend toujours quelque chose sur le parcours souvent chaotique de ces êtres fragiles et forts à la fois. On trouve une filmographie illustrée d’affiches de films à la fin de chaque ouvrage.
Bernard Swysen, qui scénarise les trois premiers albums de la collection, est né en Belgique. Il est notamment l’auteur de la série Rouletabille avec André-Paul Duchâteau, d’une série d’albums avec Claude Lelouch et d’une série de biographies très drôles (la série La Véritable histoire vraie) où Hitler et Staline fraient avec Dracula.
Les deux albums consacrés aux stars féminines sont dessinés par le Nantais Christian Paty. L’auteur, un temps publicitaire, a vu sa carrière dans la bande-dessinée prendre un essor à partir de 1997, lorsqu’il s’associe à Tiburce Oger pour réaliser deux tomes de la série Damoiselle Gorge.
La collection s’ouvre avec le maître du burlesque : Chaplin. Au dessin de ce premier opus, Bruno Bazile, dessinateur français formé à l’atelier de Jean-Claude Fournier.
Le récit nous plonge dans une approche chronologique : né à Londres, le 16 avril 1889, Charles Chaplin va vivre son enfance avec sa mère et son frère Sydney. Une enfance misérable mais heureuse, jusqu’au jour où sa mère se fait interner en asile psychiatrique.
Avec son frère, ils montent très tôt sur les scènes de music-hall anglais et apprennent les ficelles du métier. Pantalon ample, petit chapeau, moustache noire, canne, et voila Charlot qui va le rendre célèbre à travers le monde en un éclair.
Acteur et scénariste de génie, sa filmographie court sur 65 ans au fil de plus de 80 titres dont 10 longs métrages devenus des classiques. Influençant de nombreux metteurs en scène dont Claude Lelouch (qui signe la préface du livre), on assiste avec plaisir à la genèse des ses plus grands films Les Temps modernes, Le Dictateur, ou encore La Ruée vers l’or, des œuvres fondatrices du 7e art (un dossier portrait et filmographie suit la BD).
Le scénario ne fait pas l’impasse sur sa vie privée moins glorieuse. Séparations et procès vont émailler ses histoires amoureuses avec de jeunes actrices souvent à peine majeures… La narration lui rend bien hommage et permet de saisir toute la dualité de l’homme. On regrette juste que la fin de sa vie soit évoquée un peu trop brièvement...
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Marylin Monroe
Histoire tragique d’une fausse blonde qui a fait fantasmer le monde entier : Hollywood en a fait une une icône. Star parmi les stars, Marilyn Monroe s’appelait à l’origine Norma Jean. Après une enfance chaotique à Los Angeles, elle se marie et devient mannequin pendant la guerre. En retraçant cette trajectoire hors norme, le scénario rend justice aux ambitions et à la détermination d’une actrice d’exception, prisonnière de sa légende.
Le dessin semi-réaliste de Christian Paty rend Marylin presque enfantine : on est touché par son innocence dans un monde de requins, les personnages masculins sont un peu plus caricaturaux et l’idylle avec les frères Kennedy est à peine esquissée.
Sa mort reste mystérieuse. On garde très justement l’image d’une petite fille abandonnée qui a cherché des pères de substitution toute sa vie avec la peur de finir folle comme sa mère. Un lourd passé jamais vraiment dépassé et une identité de femme fatale jamais vraiment assumée...
À noter, la belle préface pleine d’empathie de l’actrice Mylène Demongeot à charge contre Arthur Miller.
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Brigitte Bardot : Duo
Contrairement à Marilyn, BB est une légende plus qu’un sex-symbol : elle aura servi de modèle pour Marianne et incarné la France aux yeux du monde entier. Collectionnant les films comme les amants, l’amour et le désespoir, de Roger Vadim à Gainsbourg, elle incarne l’idéal féminin et la liberté sexuelle nouvelle de toute une époque.
C’est aussi une actrice qui a su s’arrêter à temps en 1973 avant d’avoir fait le film où la chanson de trop et a toujours dit non à Hollywood (dans la BD, il est évoqué comme mobile l’exécution des époux Rosenberg accusés d’espionnage pour le compte de l’URSS en 1953). Elle incarne souvent une beauté solaire qui fait tourner les têtes (revoir Et Dieu créa la femme de son mentor Vadim) mais dont le personnage recèle toujours une fragilité lunaire tragique (revoir La Vérité de Clouzot) en lien avec l’échec de sa vie familiale.
Le scénario réussit à décrire la femme derrière la légende en se consacrant autant sur sa carrière artistique que sur son engagement pour la cause animale. Il n’élude pas des propos parfois limites contre la pratique rituelle du sacrifice du mouton dans l’Islam.
On retient que Bardot est avant tout un femme de coeur qui n’a pas rencontré un partenaire sur lequel elle puisse s’appuyer, le sujet sur son combat pour les animaux est très bien traité et nous convainc de son authenticité. Sa vie a été construite par, puis contre les médias. l’idée de mise en page finale résume presque tout cela. Un très bel hommage à une femme qui a su s’émanciper du cinéma pour trouver une place singulière dans le monde.
Voir en ligne : https://www.dupuis.com/seriebd/les-...
(par Stéphane GROBOST)
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