Alvar Mayor T. 2 : L’origine des mythes - Par Carlos Trillo & Enrique Breccia - éditions iLatina

Procédons à une rapide remise en contexte, dans le premier volume de cette intégrale, sous-titré Les Cités légendaires, nous découvrions Alvar Mayor, fils du cartographe de Pizarro et premier Européen né en Amérique du Sud. Accompagné de son fidèle ami autochtone Tihuo, le protagoniste de Carlos Trillo et Enrique Breccia, guide de son état, nous a menés aux confins de l’imaginaire colonial espagnol dont ont hérité nos sociétés occidentales : l’Eldorado, le Machu Picchu, le lac Titicaca, etc.

Extrait page 18

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Désormais, guide, Alvar Mayor n’est plus. Capitaine d’un navire, chevalier servant ou encore pilier de comptoir, l’aventurier du premier tome a perdu de sa superbe. Plus tourmenté que jamais et hanté par les fantômes de ses proches décédés (à commencer par ses parents) ou partis au loin (la belle Lucia ou l’indéfectible Tihuo), Alvar Mayor chemine seul. Une solitude moins subie qu’elle semble volontaire, en témoigne le détachement dont fait preuve le fils de conquistador chaque fois qu’un personnage lui emboîte le pas.

Extrait page 77

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Alors, de philanthrope à misanthrope, qu’est-il arrivé au héros de Carlos Trillo ? Le vide créé par l’absence de réel protagoniste secondaire, à de rares exceptions près, est propice à l’introspection et à la poursuite de la déconstruction du héros entamée dans le volume précédent. Ainsi, dénué de tout, Alvar Mayor s’adonne à la seule quête qui compte à ses yeux, la découverte de son destin.

Ce faisant, Trillo flirte avec le mysticisme et le genre du fantastique, délaissant quelque peu l’aventure au profit d’élucubrations métaphysiques inspirantes. Le guide que nous connaissions n’est désormais plus que l’ombre de lui-même, l’âme errante d’un aventurier débarrassé de son enveloppe charnelle et déchargé de ses responsabilités terrestres. La rythmique du récit en ressort ralenti mais non moins fascinant, l’utilisation des non-dits notamment renforce la puissance évocatrice des dialogues.

Extrait page 38

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Enrique Breccia s’adapte à l’évolution d’Alvar Mayor et délivre une performance tout en contraste. Si nous louions le réalisme de son dessin, notamment dans la représentation des conquistadors dans notre chronique du premier tome, le dessinateur de la série Les Sentinelles (scénarisée par Xavier Dorison chez Delcourt), ou plus récemment Golgotha (co-scénarisé par Alcante et LF Bollée aux éditions Soleil) s’illustre ici par de sublimes cases de nature aux jeux de lumières déroutant. L’œil s’arrête, le temps se suspend. L’artiste argentin insuffle ainsi un quelque chose de mystérieux à l’ambiance générale et s’accorde parfaitement au scénario de Trillo.

Extrait page 98

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"Sans le vouloir je suis entré dans une légende" nous dit Alvar Mayor en clôture de "La Légende des fleurs". Et qui sommes-nous pour lui donner tort ? Mais en remontant à L’origine des mythes, l’aventurier a réalisé bien plus que cela, il est devenu LA légende.