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Angoulême 2010 : Bilan enthousiaste et fleurets mouchetés

Par Thierry Lemaire le 1er février 2010                      Lien  
Le traditionnel point presse des organisateurs du Festival dimanche en fin de journée a été avant tout l'occasion pour eux de se féliciter du déroulement de la 37ème édition du FIBD. Les spectateurs avertis purent toutefois déceler en filigrane quelques indications sur l'avenir de la manifestation.

« Nous avons franchi un nouveau palier ». C’est par ces mots que Franck Bondoux ouvrit la conférence de presse de fin de week-end, donnée dans le grand salon de l’hôtel de ville d’Angoulême. Mettant en exergue la venue de plusieurs ministres, au premier rang desquels Frédéric Mitterrand - dont la participation à la cérémonie de clôture fut très remarquée -, le délégué général du FIBD souligna le rôle majeur du Festival pour la reconnaissance de la bande dessinée (qualifié plus tard avec enthousiasme « d’éclaireur mondial de la BD » par Benoit Mouchart). Il salua également les liens de plus en plus étroits entre la manifestation et le cinéma. Lors de la cérémonie d’ouverture, les festivaliers avaient ainsi pu découvrir une séquence de présentation pleine d’humour du film « Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec », réalisée spécialement par Luc Besson pour l’occasion. Le délégué général du Festival appela de ses vœux le développement de ces projections de bandes-annonces de films tirés de bandes dessinées, ainsi que le rapprochement avec le cinéma et le jeu vidéo - enjeu financier crucial pour les prochaines années -.

Angoulême 2010 : Bilan enthousiaste et fleurets mouchetés
De gauche à droite : Gérard Desaphy (maire adjoint à la culture), Gérard Balinziala (président de l’Association du Festival), Philippe Lavaud (maire d’Angoulême), Benoît Mouchart (directeur artistique du Festival), Franck Bondoux (délégué général du Festival) et Francis Groux (co-fondateur du Festival)
(c) Thierry Lemaire

D’un point de vue artistique, Benoit Mouchart souligna la variété de cette 37ème édition en prenant comme exemple les expositions qui affichaient un bel éclectisme, allant de Fabrice Neaud à Léonard. Il insista sur le travail « éblouissant » de Blutch pendant sa présidence, soulignant l’absence d’élitisme du grand Prix 2009. Benoit Mouchart nota d’ailleurs que Blutch et le Festival étaient sur la même longueur d’onde, en prônant à la fois « une grande ouverture et une exigence artistique ».
Puis les différents intervenants se rejoignirent pour saluer la venue de Fred, 78 ans, à Angoulême. Philippe Lavaud, maire de la ville et grand amateur de Philémon, évoqua son plaisir d’avoir rencontré ce monument de la BD. Il annonça en outre que la future médiathèque prévue pour 2013-2014 prendrait le nom de A, en hommage à la première lettre du mot Atlantique, fantaisie géographique bien connue des lecteurs de Philémon. Benoit Mouchart ajouta pour sa part que Fred, touché par les réactions du public après sa « rencontre internationale », lui avait confié que ces encouragements lui redonnaient l’énergie pour essayer d’achever l’album de Philémon sur lequel il travaillait.
Seule ombre au tableau dans ce concert de louanges, la fréquentation. Si les chiffres du jeudi et du vendredi étaient équivalents à ceux de l’année dernière, ceux du samedi étaient en baisse de 20%. Les chiffres du dimanche n’étaient pas encore connus mais l’impression visuelle pendant la journée n’incitait pas particulièrement à être optimiste. La faute au mauvais temps selon Franck Bondoux.

Les ors du salon de l’hôtel de ville
(c) Thierry Lemaire

Au delà du traditionnel et bien compréhensible exercice d’auto-congratulation, ce point presse a également été l’occasion pour chacun d’aborder, plus ou moins discrètement, des questions plus politiques. Rappelons que le Festival et la mairie se sont durement affrontés il y a à peine quelques semaines sur l’épineux problème du budget. Franck Bondoux évoqua d’ailleurs l’incident en précisant qu’il était clôt, rappelant au passage le rôle de Frédéric Mitterrand et de Martin Hirsch dans le règlement du problème, et constatant avec plaisir que la ville avait bien réagi. Dans le même esprit, Benoit Mouchart jura la main sur le cœur que le FIBD n’avait jamais eu la moindre volonté de quitter Angoulême, reprochant au microcosme de la BD de vouloir toujours mettre de l’huile sur le feu.
Philippe Lavaud se chargea alors d’en déverser un plein camion citerne en répondant à une question du public sur la pérennité de la participation financière de la municipalité dans le budget du Festival. Le maire d’Angoulême resta très évasif sur le sujet, soulignant à de multiples reprises les difficultés financières dues à la perte de la taxe professionnelle, craignant d’hypothétiques nouvelles décisions fiscales défavorables de la part de l’Etat, et illustrant son propos en affirmant malicieusement que même l’épouse du Président ne sait pas en se couchant ce que celui-ci va décider le lendemain. Il botta ainsi en touche en donnant rendez-vous après les prochaines négociations pour y voir plus clair.

(c) Nicolas Anspach


Philippe Lavaud continua sa démonstration pro domo en annonçant pour l’année qui vient l’ouverture de bâtiments supplémentaires dédiés aux expositions temporaires et les prochains 5800 m² de la médiathèque (31 millions d’euros investis). Une manière indirecte de demander une plus grande synergie de moyens entre le FIBD et la Cité Internationale de la BD et de l’Image qui gère la plupart de ces infrastructures. Et une plus grande synergie tout court, puisqu’il ajouta que « la ville ne se considérait pas comme un acteur financier, mais avant tout comme un acteur essentiel et de la création et de la diffusion du 9ème art, non seulement en France mais aussi dans le monde. »
Franck Bondoux ne manqua pas de renvoyer la balle en faisant une audacieuse comparaison entre le Festival d’Angoulême et l’obtention des Jeux Olympiques. Le délégué général du Festival souligna ainsi la très forte implication des habitants de chaque ville candidate à la plus grande manifestation sportive mondiale, élément important du choix du CIO. Il exhorta les Angoumoisins à suivre cet exemple pour porter un peu plus la (plus grande) manifestation (BD mondiale). Il n’alla pas jusqu’à exprimer l’idée qu’une autre ville aux habitants plus motivés pourrait être choisie à l’avenir puisque Benoit Mouchart avait bien précisé auparavant qu’il n’était pas question pour le Festival de quitter Angoulême.

Les fleurets mouchetés n’avaient donc pas été oubliés pour ce point presse. Et sans vouloir mettre de l’huile sur le feu, on peut craindre qu’à deux pas de la rue Goscinny, le combat des chefs ait encore de beaux jours devant lui.

(par Thierry Lemaire)

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4 Messages :
  • Angoulême 2010 : fleurets mouchetés
    3 février 2010 23:04, par neal 59

    espérons une ville + accueillante pour la suite !
    vous savez ou on trouve à se loger, accessible etc...

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    • Répondu le 6 février 2010 à  08:10 :

      Oui : tout sauf Paris.

      Répondre à ce message

      • Répondu le 14 février 2010 à  19:46 :

        Je propose Bruxelles,Lille ou Lyon (capitale de la gaule, dans le département 69 comme on apprend dans les cours de géographie).

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      • Répondu par bdphil le 17 février 2010 à  13:06 :

        Bonjour
        Pourquoi pas Paris ???
        Il me semble que l’accueil y serait facilité,ainsi que les moyens d’accès plus...internationaux (salon international de...)
        Parce qu’à Angoulème,si vous ne réservez pas pratiquement 1 an à l’avance,vous dormez dehors, et à cette époque le réchauffement climatique ne se fait pas trop sentir...Et puis Paris sera toujours Paris.On se fera un plaisir d’accueillir cette manifestation qui demande de plus en plus à s’améliorer sur tant de points de vue....

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