Interviews

Binet : « Les Bidochon évoluent, tout en gardant leur personnalité »

Par Charles-Louis Detournay le 21 décembre 2010                      Lien  
Christian Binet a sans doute créé le couple de franchouillards le plus connu de la bande dessinée ! Robert et Raymonde Bidochon traversent les âges en continuant à faire rire les diverses générations de lecteurs ! Nouvelle thématique du vingtième et excellent album : les mille-et-un gadgets de l’homme moderne qui révolutionnent autant qu’ils nous pourrissent la vie ! De bonnes idées pour Noël !

Les Fêtes approchent et vous désespérez de faire le cadeau inventif et innovant qui plaira à vos proches ? Heureusement, Binet a lancé ses Bidochon dans l’utilisation du dernier cri des gadgets tendance : le repousse-chiens Dogkill®, l’authentique harmonica des planteurs de coton®, la Pincitoast®, le Digit Clock®, la pierrade du Vosgien®, le cric gonflable Air Jim® et bien d’autres, sans oublier le fameux poivrier électrique lumineux ! Afin de vous en faire la démonstration, il nous explique ses secrets de fabrication…

Après Internet et le portable, les Bidochon s’intéressent donc à toute une série d’objets ! Vous avez fait preuve de beaucoup d’inventivité, à un tel point que Robert est beaucoup moins avachi dans son fauteuil que ce qu’il n’était dans de précédents albums !

Je suis content de voir que l’album plaît ; la preuve que je commence à bien apprendre mon métier ! (rires) Dans ce cas-ci, le thème était effectivement très porteur ! Déjà que j’ai choisi des objets souvent plus absurdes qu’insolites, le fait de les mettre dans les mains des Bidochon augmente encore le comique de l’ensemble.

Binet : « Les Bidochon évoluent, tout en gardant leur personnalité »

Lorsqu’on atteint ainsi un tel nombre de volumes pour une série, et qu’on a évoqué toute une série de thématiques, n’a-t-on pas peur de la lassitude ?

Justement, il faut éviter de refaire ce que le lecteur connait et oser faire évoluer les personnages ! Pour ce faire, j’ai toujours voulu en qu’ils soient contemporains des lecteurs et non traiter un grand-père et une grand-mère. Je n’évoque donc pas le passé, mais bien des choses qui m’intéressent et qui modifient notre comportement quotidien ! Les Bidochon évoluent donc, mais tout en maintenant leur univers et leur personnalité. Je dois tout de même faire attention de ne pas aller trop loin : les lecteurs doivent continuer à s’y retrouver et prendre plaisir à suivre des personnages qu’ils apprécient.

Alors que Robert est donc plus entreprenant, vous réintroduisez le couple de leurs « meilleurs amis », Réné et Gisèle, afin de donner un pendant aux pitreries des Bidochon…


J’avais besoin de ce couple un peu plus ‘mature’, car les Bidochon ne pouvaient aller d’eux-mêmes vers la nouveauté. Ce couple me permet donc des les initier, puis de les confronter à tout ces aspects modernes qui ne sont pas toujours connus des Bidochon, comme cela a été le cas pour l’Internet. Même si on ne les avait plus vus depuis quelques temps, ils prennent une grande place dans cet opus, car ils connaissent et savent souvent employer ces objets étranges. Que cela soit donc d’un côté ou de l’autre, c’est très pratique d’avoir un personnage qui explique le fonctionnement de la nouveauté à un autre. Le lecteur est alors au parfum en même temps que les protagonistes, et c’est parfois l’occasion d’un bon mot. Ainsi, le prochain album portera sur l’écologie, mais il faut pour cela qu’ils y soient confrontés d’une certaine manière, afin de comprendre ce que peuvent être par exemple des toilettes sèches ! (rires)

Autre évolution : le jeu de la couleur, grâce à laquelle vous mettez en avant le gilet fluo de Robert. Une envie de changer ou de dénoter ?

C’était pour le clin d’œil de faire toujours un album noir et blanc, et de donner quand même un petit plus pour le vingtième ! Comme je fais de plus en plus de peinture, je voulais jouer sur un aspect coloré, cela me semblait alors logique que le gilet devienne incontournable, tel un personnage à part entière de l’histoire.

N’avez-vous alors pas envie d’introduire la couleur de vos peintures au sein de vos bandes dessinées ?

Non, pas vraiment, car en faisant de la couleur sur les Bidochon par exemple, je vais devoir fermer mes traits, or l’avantage du noir et blanc est justement de suggérer grâce un trait ouvert. Ce noir et blanc me permet donc beaucoup de liberté, car je donne ainsi très facilement du volume sans trop en faire. Mon trait me permet donc de contourner les difficultés pour faire passer au mieux une idée au lecteur. Mettre de la couleur va m’apporter plus de difficultés que d’avantages. Je crois que c’est le cas de toutes les personnes qui désirent s’exprimer coûte que coûte : ils préféreront contourner la montagne que de tenter de passer au travers.

Je suppose que c’était d’ailleurs un peu votre idée lorsque les Bidochon évoluaient dans un décor vierge lors du premier album, mais complété par des annotations ?

Je trouvais très drôle de les dessiner assis sur rien, ou en voiture sur rien ! Pas moyen de tenir le défi sur plusieurs albums, mais ce concept avait fort impressionné car on m’en parle encore régulièrement !

À côté des Bidochon, on vous sent très investi lorsque vous aviez dessiné L’Institution ou Histoire ordinaires. Voudriez-vous vous tourner de plus en plus vers des thématiques qui vous tiennent particulièrement à cœur ?

De toutes façons, je ne parle bien que de choses que je connais ! Je raconte l’univers de la majorité silencieuse, qui travaillent et payent leurs impôts sans réellement faire de vagues. Je veux donc traiter ces personnes qui font la navette entre leurs maisons et leurs bureaux et à qui on demande de faire des efforts pour combattre la pollution, malgré le retard des transports en commun ainsi que le poids de leur vie harassante ! Je veux me centrer sur ces personnes qui n’intéressent pas trop les autres auteurs. D’ailleurs, les lecteurs se retrouvent dans les Bidochon et c’est la raison principale de leur plaisir de lecture.

Vous avez tout de même un ton qui vous est propre, entre l’humour grinçant et l’attaque parfois très ciblée sur ce qui dérange !

Bien sûr, dans mon propos, je suis parfois très direct, ne fut-ce que pour bouleverser l’état des choses, et parfois provoquer une prise de conscience. C’est ma façon de vivre ! Bien entendu, je suis avant tout un amuseur, présent pour distraire les gens ! Mais si cela peut avoir d’autres conséquences, tant mieux ! Maintenant, si les Bidochon sont de loin mes personnages mes plus connus, et ceux qui fonctionnent donc le mieux, ils ne sont pas forcément adaptés à toutes les situations. Je les emploie donc comme des outils, selon les sujets que je désire soulever. Au départ, je me suis lancé dans la bande dessinée car j’étais trop timide pour dire tout haut ce que je pensais. Je me suis donc caché derrière mes personnages. J’ai besoin de cela pour pouvoir m’exprimer !

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

Commander le vingtième tome des Bidochons chez Amazon ou à la FNAC

Binet et ses Bidochon, c’est aussi :
- les chroniques des tomes 18, 19 et 20, ainsi que l’Institution.
- la pièce des Bidochon
- les 25 ans des Bidochon et la parution en petit format

Visiter le site internet des Bidochon, une histoire du nouvel album à télécharger par mois !

Photo : © CL Detournay

 
CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Charles-Louis Detournay  
A LIRE AUSSI  
Interviews  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD