Bout d’homme, T5 : L’épreuve - par Jean-Charles Kraehn – Glénat

Le grand retour du petit garçon qui refusait de grandir. Peut-être vous demandiez-vous ce qu’il était advenu de Bout d’Homme entre le moment où il s’était échoué en Amérique, après avoir vu mourir son père mais aussi Gaspard, le rat maléfique, et celui où il était rentré en Bretagne, triomphant, à la reconquête de son amour de jeunesse Toinette ? Parti chercher de l’or, il fait ses premiers pas en Amérique, terre de tous les dangers, de tous les rêves, et de rencontres tour à tour dangereuses et émouvantes. Grâce à celles-ci, il tente de trouver des réponses à son étrange destin.

Presque 15 ans après un premier cycle à la fois romantique et dramatique, Jean-Charles Kraehn reprend le destin de Bout d’Homme. S’il s’était consacré à Tramp, Gil St André, aux Aigles Décapitées et plus récemment à Myrkos, Quintett, et au Ruistre, il avait gardé en tête les éléments qui avaient fait la renommée de la série. Indirectement, c’est Didier Convard qui lui raviva l’imagination, pour l’entraîner dans l’exploration de ces deux années mystérieusement évoquées dans la conclusion du quatrième tome. Pourtant, comme son héros, on se sent seul et un peu perdu dans la première moitié de ce cinquième opus. On pourrait croire que Kraehn se fait plaisir en évoquant ces superbes décors, mais il nous guide imperceptiblement vers le thème principal de ce second cycle : la rédemption. D’où venait l’étrange pouvoir qui reliait Rémi et son rat Gaspard, et comment vivre lorsqu’on est directement responsable du décès de ses parents ? C’est au gré des rencontres que Bout d’Homme se frotte au monde et à ses dérives.

La nouvelle mouture

Côté dessin, le trait parfois dur des premiers tomes a laissé la place à un style plus nuancé toutes en courbes, se rapportant mieux à ce nouveau monde, à une époque où il était encore synonyme d’espoir. Les couleurs directes sont superbes, en particulier le soin apporté aux paysages automnaux d’une forêt chatoyante.

Avec une nouvelle maquette profitant de couvertures brillantes sur fond mat, ceux qui découvriront la série n’auront pas besoin d’excuses pour succomber au destin particulier de Bout d’Homme. Quand aux maniaques de la régularité des rayonnages qui pesteront une fois de plus sur la nouvelle mouture, ils se consoleront avec le très beau cahier d’esquisses contenu dans la première édition de ce cinquième tome.

Une mise-en-bouche, certes intéressante, qui mais nécessitera une plus grande entrée en matière pour pouvoir définitivement se mettre à table.