Caresse-moi du bout des doigts – Par Dibi – Éd. Hot Manga

Caresse-moi du bout des doigts est un album paru originellement en 2016 au Japon dans le catalogue de l’éditeur Kill Time Communication. On rencontre de plus en plus régulièrement des références issues de leur catalogue qui sont traduites en langue française, comme durant cette année les albums Drop Out chez l’éditeur NihoNiba ou Erona chez l’éditeur Hot Manga.

Bien que nous accueillons ce nouvel album de Dibi quelques années après Make a Beautiful Sound (2019, Hot Manga), Caresse-moi du bout des doigts est pourtant le premier album de l’artiste publié au Japon.

© Dibi/Kill Time Communication/Hot Manga

Nous nous retrouvons face à un recueil de sept histoires courtes, dont une principale d’une soixantaine de pages qui inaugure l’album et inspire la couverture. Nous y suivons au sein de l’Institut en recherche de potions magiques, les déboires de la féline cheffe de laboratoire Rin : en pleine période de chaleurs, elle est de plus en plus troublée par son serviteur Shû. Sa gouvernante Koharu a remarqué son émoi et se donne pour mission de préparer Shû à la tâche qui l’attend…

Si vous avez lu Make a Beautiful Sound, vous visualisez certainement très bien ce que la gouvernante réserve au serviteur. Si ce n’est pas le cas, sachez simplement que ce personnage va rejoindre la très longue file de protagonistes masculins qui, sous le crayon de Dibi, apprennent à prendre du plaisir différemment.

À la lecture de cet album, nous avons trouvé que Dibi s’en sortait très bien pour ses débuts dès qu’il s’agissait d’embrasser les codes de la Fantasy afin de mettre en scène ses fantaisies érotiques. Il s’agit d’une situation fréquente dans cet album. Ainsi, nous avons retenu un exemple directement inspiré par l’univers de l’écrivain J.R.R. Tolkien : le monde des elfes, peuplé quasi-exclusivement de femmes, connaît une grave crise démographique car les naissances sont rares. Mission est donnée à l’une de ces elfes de convaincre un Hobbit de fonder une famille avec elle, et ainsi vérifier si les deux espèces sont compatibles...

© Dibi/Kill Time Communication/Hot Manga

Nous avons trouvé les mises en contexte de l’auteur moins enthousiasmantes dès lors que l’on aborde des thèmes plus réalistes, comme par exemple une intrigue plus classique entre une étudiante et son camarade aux passions sulfureuses. De même, nous avons trouvé que la chute des différentes histoires était parfois un peu trop rapidement expédiée en quelques cases.

© Dibi/Kill Time Communication/Hot Manga

Toutefois, le point fort des albums de Dibi réside dans sa capacité à mettre en scène des ébats mettant en valeur des formes de domination féminine (ou Femdom). Dès le début de sa carrière, on ne peut que constater la propension systématique de l’artiste à faire masser la prostate de ces messieurs en requérant leurs fesses et différents objets. Une atmosphère assurément débauchée se met alors au service de ce thème singulier parmi les mangas érotiques qui nous sont parvenus, mais ce caractère systématique se remarque aussi dans ce premier album par un schéma très répétitif des ébats au gré des histoires.

© Dibi/Kill Time Communication/Hot Manga

Même si nous apprécions la patte graphique légère et reconnaissable entre mille de Dibi, force est de constater que certains de ses dessins sont inégaux pour un premier album.

Caresse-moi du bout des doigts est un bon album, assurément singulier et différent de par son thème, le Femdom, parmi les mangas érotiques publiés de nos jours. Un premier album dans la carrière de Dibi qui fait apparaitre des qualités solides, comme sa capacité régulièrement émployée à vouloir émoustiller son lectorat uniquement par l’évocation et les mots (mais aussi, sans recourir à un dessin érotique). Mais il s’agit d’une référence que nous trouvons globalement moins marquante que Make a Beautiful Sound paru quelques années plus tôt, ce qui s’explique par l’expérience acquise depuis par Dibi dans son art.