L’écriture virevoltante d’Alain Ayroles, nourrie aux grands classiques de la littérature, celle qui se conçoit bien et s’énonce clairement, nous avait emballés sur De Cape et de crocs et sur Les Indes fourbes. Elle est ici alliée au maître de la bande dessinée « en costumes », Richard Guérineau (Charly 9, Henriquet, l’homme-reine....), ce qui constitue incontestablement un événement.
L’angle choisi est un roman épistolaire entre mâles gentilhommes aux pratiques libertines et gentes dames que le patriarcat range, une fois le gibier attrapé, avec ses potiches. Réinvestir le propos des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos au siècle des Sensitives Readers, voilà qui constitue un sacré défi !
Ayroles joue du contraste entre un peuple, ancré dans une réalité le plus souvent pénible, vivant d’opportunités en attendant son heure, et une classe dominante, imbue de sa position, avide de prébendes, soutenue par un pouvoir religieux qui décervèle les jeunes âmes pour mieux les asservir.
Mais les mouches et les rubans des Liaisons dangereuses vont prendre bientôt le cap du Nouveau Monde où les intrigues de cour vont céder place à l’aventure et aux aventuriers et faire prospérer le vice dans une dimension inédite. Il fallait tout le talent d’Ayroles et Guérineau pour animer ce nouveau théâtre d’ombres. Ne ratez pas cette nouvelle série-événement.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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