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Christian Darasse : "Trente ans après, nous redonnons vie à Zowie"

Par Nicolas Anspach le 15 février 2007                      Lien  
{{Christian Darasse}} illustre depuis quelques années la série humoristique {Tamara} où les éléments du quotidien familial, sociétal et culturel sont souvent le moteur des gags. Tamara est une adolescente boulotte vivant dans un univers familial recomposé et métissé. Parallèlement à cette série, Christian Darasse et {{Bosse}} relancent {Zowie}, près de trente ans après sa création…

Dans cette dernière série, les auteurs nous emmènent dans un établissement pour enfants récalcitrants. Suite à une punition, le jeune Zowie doit ranger la bibliothèque de l’école avec un de ces camarades. Il met alors la main sur un livre magique qui va lui permettre de communiquer avec un univers où vivent lutins, gnomes et autres créatures magiques… Une série jeunesse d’excellente facture qui ravira les amateurs de magie et de mondes parallèles.


Comment est née votre collaboration avec Zidrou ?

Je venais de terminer un contrat pour un studio de dessin animé en image de synthèse. J’y ai travaillé pendant près de deux ans. Le rédacteur en chef de Spirou, Thierry Tinlot, ayant appris que j’étais disponible, m’a proposé deux scénarios, dont Tamara. J’ai directement été séduit par la première histoire écrite par Zidrou. Elle mélangeait humour et tendresse, ce qui provoquait directement de la sympathie pour cette jeune adolescente boulotte. Tamara avait déjà un caractère bien trempé. Elle apprécie l’amour et les garçons, et arrive même parfois à ses fins….

Christian Darasse : "Trente ans après, nous redonnons vie à Zowie"Vous abordez des thématiques difficiles dans cette série. L’une des meilleures amies de Tamara est musulmane et est élevée de manière stricte par un père qui souhaite qu’elle porte la djellaba…

Effectivement. Nous abordons des sujets difficiles telles que le racisme, la famille recomposée, la sexualité, etc. Ce sont de formidables ressorts pour l’humour, et ces sujets nous permettent d’éviter de verser dans un côté « gnangnan ». Ceci dit, nous ne cherchons pas à mettre en exergue l’une ou l’autre communauté. Nous réaliserons sans doute, à l’avenir, des comparaisons entre l’éducation stricte inculquée à Jelilah [1] et celle d’autres jeunes. Beaucoup de parents catholiques sont aussi restrictifs envers leurs filles que ceux de Jelilah. Le patriarcat a encore beaucoup d’importance dans certains pays d’Europe.

Il y a-t-il des sujets tabous que vous n’abordez pas ?

Non ! Mais nous traitons certains sujets avec plus de réflexion car nous nous adressons aux enfants et aux adolescents. Ceci dit, nous vivons dans un monde où les jeunes sont entourés par l’image et l’information. Il n’y a que sur une île déserte que l’on rencontre encore des filles aussi réservées que dans Les Malheurs de Sophie.

Recevez-vous des lettres de protestations ?

Assez curieusement, non ! Je reçois plutôt des lettres sympathiques et des poèmes illustrés. Elles sont pour la plupart écrites par des gamines. La couverture du troisième album, Tout est Bon dans le Garçon, montrait Tamara zieutant l’intérieur du pantalon d’un mec. Cette couverture n’a pas choqué le public. Pourtant, j’étais horrifié en la dessinant. J’avais fait une ébauche avec cette idée pour la couverture d’un guide sur la drague, offert avec l’album. Dupuis m’a convaincu d’en faire plutôt la couverture…

Crayonné de Bosse pour Zowie
Extrait du T2.

Vous avez abandonné l’encre de chine au profit de la tablette graphique…

Oui. Totalement ! Je ne dessine même plus sur le papier. Auparavant, je numérisais mon crayonné, puis je réalisais la mise en page et l’encrage sur ordinateur. C’était une perte de temps, et j’ai décidé de ne dessiner que grâce à une tablette graphique. Cela m’apporte beaucoup de confort.

Nous annoncions en septembre 2005 que Bosse et vous-même redonniez vie à Zowie…

Je n’avais jamais pensé reprendre un jour ce personnage. Cette résurrection est le fruit du hasard. J’ai été fort proche de Bosse lorsque nous travaillions ensemble, dans les années ’80. Puis, nos chemins se sont séparés et nous nous voyons épisodiquement.
A l’enterrement d’une amie commune, Yves Schlirf, un des responsables éditoriaux de Dargaud, m’a dit : « Tiens, est-ce que vous ne reprendriez pas Zowie ? ». Il insistait sur le fait que la série avait sa place dans les rayonnages des librairies. Le succès d’Harry Potter a permis de remettre les récits traitant de magie à l’honneur.
J’ai tout de suite été convaincu que l’aventure en valait la peine. Bosse et moi-même, nous nous sommes remis au travail. … Comme si nous étions de vieux musiciens qui refont un album ensemble trente ans après l’arrêt du groupe. Bosse a réalisé le scénario et assume le crayonné. Il me l’envoie par e-mail, et je fais le reste…

La suite de la planche encrée par Darasse
Extrait du T2.

N’est-ce pas frustrant d’encrer les crayonnés d’un autre ?

Pas du tout ! Car nous avons créé la série ensemble et discutons beaucoup du scénario. J’adore sa manière de dessiner. Bosse fait un travail extraordinaire. Et puis, l’encrage est la partie du travail que je préfère. A vrai dire, je trouve cela jouissif. Ceci dit, je ne sais pas si je pourrais encrer les crayonnés d’un autre dessinateur. Cela fait tellement longtemps que l’on se connaît Bosse et moi… Il en résulte une parfaite osmose. Benoît Bekaert, notre coloriste, complète à merveille notre équipe. Il réalise des effets visuels extraordinaires. Vous verrez, dans le second tome, des fantômes transparents très convaincants. De même que des cubes anti-matières propulsés par un méchant…

Bosse et Darasse
Photo (c) DR.

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Les images de Zowie sont (c) Bosse, Darasse & Dargaud.

[1la copine musulmane de Tamara

 
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