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Dans l’ombre du Mont Blanc - Par Alice Chemama - Dargaud

Par Aurélie MONTEIX le 14 décembre 2021                      Lien  
Le titre "Dans l’ombre du Mont Blanc" rend bien honneur au contenu : on connaît tous ce point culminant, mais bien moins ce qui se trouve à ses pieds. L'atelier de Médicis de Paris a proposé à Alice Chemama de faire une résidence artistique autour de la Haute-Savoie, où se trouve le Mont Blanc. L’idée de cet atelier est de faire des interventions avec des scolaires pour parler de cette région. Cet album est un mélange entre l’histoire que va vivre l’auteure lors de cette résidence et l’Histoire qu’elle y découvre. Un élément perturbateur va toutefois compliquer sa tâche : la pandémie.

L’auteure nous présente comment elle a pensé cette résidence, en alternant entre des recherches à distance, sur internet et des expériences sur le terrain. Sa curiosité sur tout ce qui se passe dans ce lieu donne une sorte de carnet de voyage au ton varié. Ses dialogues sont truffés d’humour dans ses moments autobiographiques et on ressent bien qu’elle n’est pas familière avec la montagne. Avant cette résidence, elle n’avait que ses souvenirs d’enfance et des images d’Internet en guise de référence. Se rendre sur place et se questionner sur ce qu’il va être intéressant de travailler dans un atelier avec des enfants lui apporte des éléments concrets.

Dans l'ombre du Mont Blanc - Par Alice Chemama - Dargaud
©Chemama/Dargaud

Elle décrit avec un recul sincère l’industrie, les histoires et les catastrophes qu’elle découvre. On peut voir un travail de documentation et de prise de conscience de ces autres facettes de la montagne. Elle se prend au jeu d’expérimenter la culture de la Haute Savoie et d’essayer différents sports, comme escalader une cascade de glace ou faire de l’alpinisme avec un guide.

©Chemama/Dargaud

Une attention visible est donnée à la typographie et ajoute de la crédibilité. Elle met en avant les éléments essentiels et précis pour qu’on reconnaisse l’édition d’un livre de poche, d’une page Wikipédia, de logos de marques et magazines. La couverture d’un livre de mathématiques n’est pas écrite de la même manière qu’une couverture de livre d’histoire mystérieuse ou que la Gorzderette, un tournoi sportif auquel elle participe.

La différence entre récit personnel et historique est visible graphiquement. Les couleurs des passages historiques sont plutôt traitées en camaïeu et sans cerné noir sur les personnages. Ces derniers sont traités comme les décors, comme s’ils s’étaient figés ensemble dans une époque.

©Chemama/Dargaud

Alice Chemama utilise une autre gamme pour les passages personnels. Les décors majestueux de la montagne à l’aquarelle avec les personnages cernés de trait noir rappellent les grandes étendues de nature de l’œuvre La Légèreté de Catherine Meurisse (Dargaud). Ses peintures de paysages montrent le côté vertigineux et la grandeur de la montagne par rapport à l’échelle humaine.

©Chemama/Dargaud

Cette œuvre nous présente le bilan de ce qu’est la montagne pour Alice Chemama, difficile, impitoyable, mais splendide, malgré les efforts physiques et mentaux qu’il est nécessaire de fournir. C’est un bon moyen de transmettre aux élèves et aux lecteurs l’envie de découvrir un lieu et de tenter des expériences. On y voyage dans plusieurs décors, entre un milieu urbain, Paris, et un milieu montagneux, le Mont Blanc. On traverse les époques avec des mythes, des histoires du passé remplies d’aventures. Un bol d’air frais à l’époque actuelle où, malgré les diverses restrictions causées par la pandémie, on a envie de partir à l’aventure !

©Chemama/Dargaud

(par Aurélie MONTEIX)

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Code EAN : 9782205088984

Dans l’ombre du Mont Blanc. Par Alice Chemama (scénario et dessin). Dargaud. Sortie le 17/09/2021. 21 x 28 cm. 132 pages couleur. 19,99 €.

Dargaud ✍ Alice Chemama ✏️ Alice Chemama à partir de 10 ans Bande dessinée du réel France
 
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4 Messages :
  • Je n’ai rien contre les graphismes originaux, esquissés, voire un peu approximatifs, et j’ai tendance à faire primer l’histoire sur le dessin. J’ai constaté que les exigences dans ce dernier domaine ont largement baissé ces dernières années, ce qui nous a parfois mené à de belles découvertes. Mais là, je suis quand même très surpris de l’indigence graphique des extraits proposés. Quelles que soient les qualités de l’histoire, il me semble qu’un minimum devrait être demandé aux auteurs, et pour moi ce minimum n’est clairement pas atteint dans ce qu’on peut découvrir de l’album. Peut-être faudrait-il laisser à l’autrice le temps de faire murir son coup de crayon...

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    • Répondu par RD le 14 décembre 2021 à  13:38 :

      Je le trouve très bien, moi, ce dessin.

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      • Répondu le 14 décembre 2021 à  14:35 :

        Les éditeurs signent toutes les clones de Pénélope Bagieu et de Margaux Motin, qui elles-mêmes avaient emprunté le style de Soledad… Bagieu au moins a évolué ensuite.

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        • Répondu par Milles Sabords le 25 décembre 2021 à  10:54 :

          Il faut ramener les gens à leur juste dimension humaine. D’un côté des auteurs et autrices qui peuvent faire de l’excellence, de l’autre des éditeurs qui choisissent de faire un coup en surfant sur les modes, et au milieu le public. Si l’éditeur demande ce type de graphisme et paye pour ça, pourquoi l’auteur-trice en fairait plus ? Si le public est prêt à acheter ce type d’album, pourquoi l’éditeur ne le publierais pas ? Nous sommes dans une société de la facilité, du rendement à court terme. Je ne suis pas fan de cette dérive mercantile et peu qualitative, mais tout le monde est responsable par ses choix.

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