L’auteure nous présente comment elle a pensé cette résidence, en alternant entre des recherches à distance, sur internet et des expériences sur le terrain. Sa curiosité sur tout ce qui se passe dans ce lieu donne une sorte de carnet de voyage au ton varié. Ses dialogues sont truffés d’humour dans ses moments autobiographiques et on ressent bien qu’elle n’est pas familière avec la montagne. Avant cette résidence, elle n’avait que ses souvenirs d’enfance et des images d’Internet en guise de référence. Se rendre sur place et se questionner sur ce qu’il va être intéressant de travailler dans un atelier avec des enfants lui apporte des éléments concrets.
Elle décrit avec un recul sincère l’industrie, les histoires et les catastrophes qu’elle découvre. On peut voir un travail de documentation et de prise de conscience de ces autres facettes de la montagne. Elle se prend au jeu d’expérimenter la culture de la Haute Savoie et d’essayer différents sports, comme escalader une cascade de glace ou faire de l’alpinisme avec un guide.
Une attention visible est donnée à la typographie et ajoute de la crédibilité. Elle met en avant les éléments essentiels et précis pour qu’on reconnaisse l’édition d’un livre de poche, d’une page Wikipédia, de logos de marques et magazines. La couverture d’un livre de mathématiques n’est pas écrite de la même manière qu’une couverture de livre d’histoire mystérieuse ou que la Gorzderette, un tournoi sportif auquel elle participe.
La différence entre récit personnel et historique est visible graphiquement. Les couleurs des passages historiques sont plutôt traitées en camaïeu et sans cerné noir sur les personnages. Ces derniers sont traités comme les décors, comme s’ils s’étaient figés ensemble dans une époque.
Alice Chemama utilise une autre gamme pour les passages personnels. Les décors majestueux de la montagne à l’aquarelle avec les personnages cernés de trait noir rappellent les grandes étendues de nature de l’œuvre La Légèreté de Catherine Meurisse (Dargaud). Ses peintures de paysages montrent le côté vertigineux et la grandeur de la montagne par rapport à l’échelle humaine.
Cette œuvre nous présente le bilan de ce qu’est la montagne pour Alice Chemama, difficile, impitoyable, mais splendide, malgré les efforts physiques et mentaux qu’il est nécessaire de fournir. C’est un bon moyen de transmettre aux élèves et aux lecteurs l’envie de découvrir un lieu et de tenter des expériences. On y voyage dans plusieurs décors, entre un milieu urbain, Paris, et un milieu montagneux, le Mont Blanc. On traverse les époques avec des mythes, des histoires du passé remplies d’aventures. Un bol d’air frais à l’époque actuelle où, malgré les diverses restrictions causées par la pandémie, on a envie de partir à l’aventure !
(par Aurélie MONTEIX)
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Dans l’ombre du Mont Blanc. Par Alice Chemama (scénario et dessin). Dargaud. Sortie le 17/09/2021. 21 x 28 cm. 132 pages couleur. 19,99 €.
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