Du bout des doigts- Par Cyril Bonin - Grand Angle/Bamboo

Paul est un artiste qui fréquente ses anciens camarades des Beaux-Arts au risque de se noyer dans des discussions sans fin sur l’importance du concept sur la représentation ou la différence entre art et nature.

Le jeune homme reste partagé entre une posture d’artiste qui ne vit que pour ses toiles et la recherche du bonheur. Une quête que ne semble pas combler l’attention de Georgina, sa maîtresse.

La rencontre avec Mathilde, une jolie coiffeuse va transformer son existence. L’inspiration et la création se révèlent et lui apportent le succès. L’influence de la jeune femme semble déterminante dans ce changement. Celle-ci posséderait-elle le pouvoir de rendre les gens heureux ? Pourquoi ? Comment ? Le doute s’installe dans l’esprit du jeune peintre et va être à l’origine de mésaventures aussi inattendues qu’étranges. Dans quelle mesure en changeant sa manière de voir, la belle Mathilde lui apporte-t-elle vraiment le bonheur ou l’image que l’on s’en fait ? Le succès apporte-t-il le plaisir ?

Une palette de couleurs qui suit la narration.

Situé dans le Paris des années 1960 et son effervescence artistique, cette histoire ambitieuse autour de la question du bonheur pourrait, à première vue être assimilée à un laborieux devoir de philosophie en vignettes, confinant à la prise de tête.

Fort heureusement, il n’en est rien avec ce nouvel album proposé par Cyril Bonin. L’auteur de The Time before, exercice de style autour du paradoxe temporel publié chez le même éditeur, revient avec une chronique sur la recherche du bonheur où l’on suit les mésaventures romantiques d’une coiffeuse à l’étrange pouvoir et de ce jeune peintre éternel insatisfait.

Visiblement cet ancien élève des Arts décoratifs de Strasbourg n’entend pas céder à la facilité, aux modes éditoriales, aux scénarios fantastiques avec héroïnes bodybuildées mais s’intéresse davantage à des histoires exigeantes, décalées, prenant généralement appui sur une question, une préoccupation existentielle.

Si ce récit invite à la réflexion, il n’en est pas moins captivant et attachant, ne serait-ce que par le portrait des principaux personnages. Traités avec justesse et finesse, ils nous invitent à les suivre dans une quête qui finalement nous concerne un peu tous. Le trait fin et souple de l’auteur s’inscrit dans un style un peu vintage et restitue les ambiances particulières et délicates d’une narration sensible et fluide. À découvrir !