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Frank Pé (1/2) : « Si je fais un album, c’est pour le public. »

Par Charles-Louis Detournay le 1er mars 2011                      Lien  
Sept ans après une première exposition réussie au Centre d'art du Rouge-Cloître, le talentueux dessinateur de Broussaille et de Zoo revient ! Dans ses bagages, ses splendides hommages à Mucha et l'art nouveau, mais aussi de grandes fresques animalières et des bronzes qui n'avaient encore été que peu exposés. Une visite incontournable !

Vous aviez déjà été exposé au Rouge-Cloître, il y a sept ans…

Ma première fois au Rouge-Cloître était une exposition rétrospective. On pouvait y retrouver des planches, mais c’était surtout axé sur le dessin. Cette fois-ci, nous nous concentrons sur tout autre chose, reprenant mon travail de ces dernières années, regroupant globalement trois grandes thématiques : le travail pour L’Art s’invite, les grandes peintures ou fresques et les sculptures. Et puis quelques planches de Zoo et Broussaille.

Pour les non-initiés, pouvez-vous revenir sur la démarche de L’Art s’invite ?

Il s’agit d’un regroupement de passionnés qui ont récemment inauguré une nouvelle formule : ils demandent à un auteur de travailler un certain temps sur un sujet donné, et l’exposent dans un site précis et prestigieux. L’idée est alors de viser non seulement le monde de la bande dessinée, mais aussi les amateurs d’art de toute sorte. C’est un défi assez imposant, car il faut créer une exposition complète pour répondre à cette attente. J’ai travaillé là-dessus pendant une période de six mois, mais je n’ai tout de même pas fait que cela.

Frank Pé (1/2) : « Si je fais un album, c'est pour le public. »

Quel a donc été le thème pour lequel vous avez exposé au Château d’Emines et que nous retrouvons au Rouge-Cloître ?

C’est Jean-Marie Derscheid qui a proposé de me faire travailler sur Mucha. Sans jamais l’avoir vraiment abordé précédemment, j’ai tourné autour de cette thématique dans mon travail avec Zoo et sur l’esthétique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. J’avais d’ailleurs volontairement fait l’impasse sur son travail, car je trouvais qu’il avait déjà été fort pillé par bien d’autres artistes. C’est pour cela que ma première réponse fut négative. Puis après réflexion, j’ai redécouvert son œuvre et j’ai entrepris un voyage en République tchèque pour me ré-imprégner de son travail. En admirant L’Épopée des Slaves dans le château près de Brno, j’ai été littéralement suffoqué par l’œuvre et je suis revenu gonflé à bloc.

Mucha est un artiste à part, dans cette période d’apogée culturelle précédant la Première Guerre mondiale, à cause notamment de ces divers courants qui ne l’avaient pas touché comme l’impressionnisme. Comment vouliez-vous ré-apprivoiser votre travail sous cet angle de vue ?

Il m’a tout d’abord paru évident de devoir dépoussiérer Mucha : qu’est-ce qui est intéressant dans son œuvre en 2011 ? Je me suis donc imaginé un petit scénario pour faire fonctionner ma boîte à idées : à la fin de sa vie, Mucha aurait visité le zoo de Célestin et ils se seraient pris d’amitié. L’artiste aurait donc imaginé une série d’affiches qu’on aurait redécouvertes. J’ai mis en scène les animaux du zoo ainsi que l’incontournable Manon. Je n’ai pas non plus voulu copier Mucha. J’ai modifié légèrement son style pour en donner une réinterprétation plus déstructurée et plus moderne. Il faut se rappeler qu’en bande dessinée, quand on sert un scénario, on fait du dessin narratif, alors que Mucha était illustratif, pratiquant l’art de la publicité. Auparavant, je m’étais interdit cette tendance au décoratif, car ce sont des fioritures qui ne servent pas à la narration. Enjoliver, en BD, c’est le diable, car tout doit servir. Pour ce coup-ci, Mucha m’a permis de me lâcher sur ces décorations. J’ai alors ouvert une voie qui m’a apporté des moyens, un plaisir et une jubilation sur la composition, sur les couleurs, les matières, les profondeurs et les lumières. C’est réellement un cadeau de sujets à travailler qui m’a été offert : un grand espace inexploré pour moi !

Photo : © CL Detournay

Vous n’allez pas rester sur Mucha ?

Je vais doucement quitter l’hommage pour profiter de ce que j’ai appris et l’intégrer dans mon propre travail. Toutefois, je suis ravi d’avoir pu entreprendre cette voie. C’est d’ailleurs un réel tremplin car, auparavant, je faisais du « para-BD », et maintenant, tout autour de moi, des amateurs d’art commencent à regarder autrement mon travail. Sans m’en rendre compte, j’ai donc franchi une sorte de frontière qui me mène de la bande dessinée vers les Beaux-arts. Le travail de sculpture joue aussi un rôle, évidemment.

Je reviens aux valeurs qui vous soutiennent. On a pu le voir dans les albums de Broussaille, mais également dans les magnifiques calendriers que vous avez signés : vous êtes un homme en recherche.

Mon enracinement artistique se situe au tournant entre le XIXe et le XXe siècle. C’est un moment où les artistes jouaient encore un rôle social important. C’était encore des universalistes. Ces artistes pensaient qu’ils devaient savoir un peu tout sur tout pour pouvoir intervenir dans le débat public, voire politique. J’ancre donc le rôle de l’artiste dans ce terreau, même si ce n’est plus du tout le cas actuellement, car les artistes n’ont plus vraiment voix au chapitre, et cela ne les intéresse d’ailleurs pas toujours. J’ai donc toujours considéré que le fond primait sur la forme. Je maintiens cet esprit qui est entre autres issu de mes études post-1968 à St Luc, quitte à traverser le désert de la période actuelle. En effet, ce qui fait plutôt tourner l’information du monde de la bande dessinée pour l’instant, ce sont les chiffres de vente, le buzz et la nouveauté, mais plus du tout un commentaire ou une analyse de fond. Même quand un bouquin intéressant sort, on en retire souvent que des commentaires superficiels, des « j’aime ou j’aime pas », et chaque lecteur s’érige en critique. Pour le monde du cinéma, par exemple, cela reviendrait à confondre Truffaut et le premier spectateur venu.

Entre les toiles et les bronzes, les planches n’ont pas été oubliées.
Photo : © CL Detournay

Vous avez tout de même votre public qui vous connait et vous suit, particulièrement en raison de cette analyse en profondeur que vous abordez dans vos albums ?

Je suis même très favorisé par l’accueil du public. Par contre, du côté de l’écoute des éditeurs et de la critique, le bilan n’est pas aussi positif, car je trouve qu’il n’y a pas toujours de volonté de défendre les albums. Je suis chez Dupuis depuis plus de 35 ans. On pourrait penser qu’un lien familial s’est créé, mais pas du tout, en partie à cause de la rotation des équipes due aux crises successives. J’ai donc l’impression qu’on me considère comme un auteur un peu vénérable, mais à qui on ne propose rien, il n’y a pas d’initiative, pas d’idée. Par exemple, j’ai complètement loupé ma relation au magazine Spirou depuis 15 ans. Alors que cela m’excite toujours d’y publier des choses, mais les rédacs-chefs successifs n’ont plus été en phase avec mon travail, ou vice-versa. C’est un gros regret.

Dans ces conditions, vous n’avez pas envie d’aller démarcher chez d’autres éditeurs ?

Cela va finir comme cela…

Une pensée inconsciente vers Delcourt ?!?
Photo : © CL Detournay


Zoo aurait pu se publier ailleurs, car les quatre maisons contactées étaient intéressées. Mais nous avons choisis Aire Libre, car cette collection qui débutait avait besoin de titres forts et allait les défendre pour s’imposer. Le souci, c’est qu’ils n’ont jamais vraiment fait de promotion sur Zoo, mais désiraient pousser la collection en elle-même. Au tome 1, on nous répondait que c’était trop tôt, et qu’il fallait attendre la sortie du tome 3, alors que nous savions Bonifay et moi qu’il faudrait du temps avant d’en arriver là. À cette époque, les éditeurs lançaient pas mal de séries qui ne se terminaient jamais faute de succès, ce qui a échaudé les lecteurs. D’ailleurs, plein de journalistes à Angoulême refusèrent de traiter le premier tome, tout en notant l’audace et la qualité de l’album : ils préféraient aussi attendre le tome 3. Quand le tome 2 est sorti, on nous a dit, ah, c’est le milieu du gué, attendons la fin pour en parler. Et quand le troisième est enfin sorti, on nous a dit « Vous savez, entre les trois tomes, pas mal de choses ont changé dans la bande dessinée. Mais le premier tome était vraiment fort pour son époque ! Mais maintenant… ». Par contre le public a adoré !

L’inclusion de bas relief dans la peinture (ici un triptyque)
Photo : © CL Detournay

Avec ce constat plutôt amer sur la profession, avez-vous encore envie de pousser les portes des éditeurs pour présenter des projets ? Ou préférez-vous vous diriger préférentiellement vers le monde de l’art qui semble maintenant vous ouvrir les bras ?

Je sais que si je présente un projet bien ficelé à un éditeur, il aura sans doute de bonnes chances d’être pris, mais le milieu de la bande dessinée est actuellement très difficile. À 55 ans, je n’ai plus le courage de faire un album qui irait grossir les caisses de retours des libraires. Si je fais un album, c’est pour avoir un échange avec le public. Pour moi, l’éditeur est un intermédiaire entre l’auteur et ce public, J’imagine donc peu de projets de bande dessinée, mais des projets forts. Quant à la voie des Beaux-arts, je vais continuer à l’explorer, à avancer vers ces domaines inconnus et si excitants de l’image, de la sculpture, des expos, des scénographies ou des spectacles. Là, je n’ai pas de préméditations. J’essaie juste de sentir ce qui vient en moi, ce qui doit s’exprimer et cela en fonction des opportunités. Par exemple, en ce moment, j’ai été sollicité par un bureau d’étude d’urbanisme pour créer une place dans une ville, imaginer une fontaine publique, des sculptures, travailler l’espace à ma manière… Mais la bande dessinée reste néanmoins un socle dont je ne veux pas encore me passer. La charnière entre BD et Beaux-arts est, en ce moment précis, très riche en énergies et en créativité.

C’est pour cela que vous avez choisi de réaliser une aventure de Spirou ?

Je suis effectivement en train de m’y atteler. J’ai choisi de travailler sur le personnage de Spirou, d’abord parce que j’en avais envie depuis très longtemps, et puis il se fait que nous avons là une plate-forme classique qui représente une valeur sûre. L’éditeur va donc certainement s’employer à faire la promotion de l’album. D’ailleurs, quand j’arrive maintenant chez Dupuis, je remarque un intérêt bien plus conséquent par rapport à mes autres projets personnels. Avec Spirou, on touche à l’esprit même de la maison Dupuis.

Frank entre entre deux feux qui le brûlent : peinture et sculpture
Photo : © CL Detournay

Sans dévoiler l’intrigue de ce Spirou, l’esprit sera-t-il conforme à vos autres albums ?

Je désire aborder une thématique profonde de société, qui ne risque pas de bouger dans les dix ans à venir. Je mènerai cela de front avec d’autres projets, une expo sur le thème dessin/sculpture à la Galerie Champaka en 2012, une autre sur le thème de Little Nemo à la Galerie du 9ème Art. J’ai envie de revenir à Broussaille aussi, un jour… L’esprit de requin que les éditeurs renvoient pour l’instant ne me donne pas envie de m’investir trop dans ce secteur. En galerie, on a un rapport direct avec celui qui « profite » de votre travail. En BD, j’ai l’impression que tout est devenu lourd, laborieux, aléatoire aussi. Et j’ai envie que mon énergie ne soit pas gaspillée. Bon. On verra avec le Spirou. J’y mets vraiment le paquet ! Je peux paraître un peu désabusé, mais en fait, je crois toujours au lien intime avec le lecteur. Raconter une histoire, c’est un truc entre une personne et une autre. C’est à propos du monde chaotique et libéralisé des intermédiaires que je suis plus circonspect.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Exposition Frank Pé, Bestiaires et Art Nouveau :
du 17 février jusqu’au 13 mars 2011
Rue de Rouge-Cloître 4
1160 Auderghem (Bruxelles)
Tél. : 02 660 55 97
info@rouge-cloitre.be

Ouvert du mardi au jeudi et les samedis et dimanches de 14 à 17h.
Entrée : 3 € - 2 € (étudiants, seniors, demandeurs d’emploi, personnes handicapées, groupes)
gratuit < 12 ans

Visiter le superbe site de l’auteur et celui de L’Art s’invite

 
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43 Messages :
  • On peut y voir des similitudes avec le cas Andréas du Lombard : deux auteurs majeurs poussés vers la sortie par un désintéret de leur éditeur bien plus que par celui de leur public !
    Heureusement, Frank a su rebondir sur un Spirou que, personnellement, j’attends avec une impatience difficilement soutenable !

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  • Quel gâchis !!! C’est inimaginable de voir un éditeur snober à ce point un auteur aussi "énorme" que Frank !!!
    Je m’étais déjà fait cette même réflexion en lisant une interview de Cauvin et Lambil...

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    • Répondu par Oncle Francois le 1er mars 2011 à  22:36 :

      Ben oui, mais c’est comme ça ! Quand on a démarré sa carrière au XXème siécle et qu’on dessine très bien, on a l’air d’un dinosaure, si l’on ’a pas de série-vedette.... La faute au spam incessant des amateurs des auteurs de blogs BD ou tendance indés...Cela fait déjà un certain temps que j’essaie de m’ériger en défenseur de ces auteurs talentueux...il est temps de constater les dégats réels aujourd’hui.

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      • Répondu le 2 mars 2011 à  00:28 :

        Avec un pareil défenseur on n’a pas besoin d’ennemi...

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      • Répondu par ishimou le 2 mars 2011 à  05:47 :

        j’ai été très touché par l’interview de Frank et comme beaucoup, consterné.
        S’il faut comprendre, que les succès commerciaux de cet éditeur, Dupuis, ne servent plus au dévellopement de projets d’artistes comme Frank, comme ça l’a toujours été auparavant, il s’agit alors d’un nouveau coup dur.
        Dans l’un de mes récents commentaires, rubrique : info, sujet : 2011 : l’année ou la BD déferla sur le grand écran. J’essaye d’expliquer que la verticalité de la culture, ce phénomène lié à l’industrialisation de l’art, et que rappelle Eric Naulleau dans son livre "au secours Houellebecq revient" est occupé à tuer la culture de la bande dessinée et la culture dans la bande desinée. Aujourd’hui la malade respire encore mais du point de vue artistique son pronostic vital est peut-être engagé.

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        • Répondu par Badjawe le 3 mars 2011 à  12:27 :

          Je suis grand amateur des indépendants, des blogs BD et autres petits miquets en ligne, or j’adore par dessus tout Frank Pé.

          Suis-je schizo ou hypocrite ?

          Il est probablement temps pour lui de signer chez Futuropolis ou un autre éditeur de même prestige. Il le mérite.

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    • Répondu par PPV le 2 mars 2011 à  10:44 :

      hé bien, Frank Pé n’est pas marié avec Dupuis, en 35 ans il a vu défiler des tas de directeurs éditoriaux différents l’affectio personnae ne joue pas ! Dupuis ne soutient pas les auteurs qui plaisent beaucoup au public et donc vendent bien ? Il y a d’autres éditeurs avec une vision plus intelligente qui accueuilleront Frank les bras ouverts ! Garanti ! Dans mon métier on a toujours cette petite phrase quand on se sent frustré de notre employeur : "if you can’t beat them, you leave them !" (faut pas vous traduire j’espère ;-)) Vu de l’extérieur, j’ai l’impression que Dupuis se tire une rafale de mitrailleuse dans le pied : combien d’auteurs vendant bien ou prometteurs sont partis par cette crise éditoriale qui dure ? Il y a qq années, un éditeur a été viré parait-il pour son manque de vision et son incapacité à dénicher les succès de demain, donc de prendre des risques. Est-ce mieux depuis son départ ? Est-ce bien la bonne équipe ? Il est permis d’en douter. Chez Dupuis, chez Glénat, chez Delcourt ou chez Dargaud, Frank Pé est et restera un géant ! Je lui souhaite beaucoup de succès.

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      • Répondu le 2 mars 2011 à  12:24 :

        Frank Pé est et restera un géant ! Je lui souhaite beaucoup de succès.

        Un géant aux pieds d’argile, il n’aura jamais
        "beaucoup de succès".

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    • Répondu par Frank Pé le 2 mars 2011 à  13:09 :

      A la lecture de ces deux réaction, j’aimerais préciser mon propos, et faire la part des choses.

      Oui, Zoo 1 et 2 sont sortis sans promotion particulière de la part de Dupuis, et on aurait pu faire mieux. Oui, la « critique « n’a pas fort réagi. Je me rappelle notamment, pour le premier tome, du vide sidéral à Angoulême.
      Par contre il ne faut pas en conclure que Dupuis me « snobe « ou « se désintéresse « pour autant ( la comparaison avec le cas Andréas est déplacée ).
      La saga Zoo – seulement 3 tomes – s’est déroulée sur une période éditoriale de 15 ans, et de ce fait a traversé des équipes et des contextes commerciaux différents. L’équipe actuelle, entièrement renouvelée, a eu de belles initiatives en publiant l’intégrale des 3 tomes et le beau livre La visite , ce qui n’est pas rien, sans parler des Portraits héroïques . Donc, globalement avec Zoo on aurait pu faire mieux, mais Dupuis en 2011 est loin de me bouder.

      En ce qui concerne mon inquiétude de retrouver mes bouquins dans des boîtes d’invendus chez les libraires, elle provient plus d’une interrogation à propos d’un Broussaille à venir ou de nouveaux projets. Si les albums ne trouvent pas leur public, tout ce travail me semble un peu vain.

      Quant aux éditeurs que je dis trouver requins ces temps-ci, c’est une considération générale. Je ne leur reproche pas de faire leur métier de commerçants – s’ils ne le faisaient pas, personne ne serait content – mais, d’une manière générale, de raboter les conditions de travail des auteurs : les avances sur droits qui se généralisent rendent la vie trop dure à beaucoup, et surtout aux jeunes. Je reste persuadé qu’il faut pratiquer – comme le disait Franquin – ce métier pendant au moins 10 ans avec une passion dévorante pour arriver à un bon niveau. Cela demande une relative paix de l’esprit et du porte-feuille. Or comment se débrouiller quand il faut faire des boulots sur le côté pour pouvoir nouer les deux bouts ? Ce n’est pas aider la qualité.
      A cela les éditeurs répondent que leurs marges se sont réduites. Mais qui parle des actionnaires qui pompent en amont ? Sujet tabou ?

      L’arrivée de la « nouvelle BD « a aussi contribué à brouiller les cartes en portant le projecteur sur le scénario plutôt que sur le dessin. On se satisfait aujourd’hui, très souvent, d’un niveau de dessin qui ne serait jamais passé il y a 20 ans.
      Mais peut-être suis-je vraiment devenu un dinosaure ?
      Bah … J’aime les bêtes !

      N’empêche, le rachat des éditeurs entre eux qui deviennent des super-groupes, les avances sur droits qui se généralisent, les attitudes cabrées sur le numérique, les pourcentages à la baisse, la surproduction, tout cela affaiblit le métier d’auteurs de BD et donc la BD en général.

      Frank.

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      • Répondu par Matthieu V le 2 mars 2011 à  14:32 :

        L’arrivée de la « nouvelle BD « a aussi contribué à brouiller les cartes en portant le projecteur sur le scénario plutôt que sur le dessin. On se satisfait aujourd’hui, très souvent, d’un niveau de dessin qui ne serait jamais passé il y a 20 ans. Mais peut-être suis-je vraiment devenu un dinosaure ? Bah … J’aime les bêtes !

        Je suis probablement trop jeune (c’est relatif) pour en parler, mais dans les annees 60-70, il me semble qu’il y a aussi eu pléthore et que, venue la crise, la production s’est ecroulée -ou recentrée- sur des valeurs plus sures et des dessins plus classiques. L’histoire se répete ?

        Frank Pé, merci de nous faire rever

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      • Répondu par narcisse le 2 mars 2011 à  14:39 :

        Vous faites votre "francois pincemi" ? dommage de lire celà. Est ce la faute de la "nouvelle bd" si le milieu de la bd va mal ? J en doute .... Ne faites pas le vieux réac, vous valez mieux que çà.
        Vous êtes un brillant dessinateur mais je regrette que vous ne soyez pas un auteur complet. A l’instar des principaux tenants de la "nouvelle bd"
        Bienvenue dans le monde des bisounours de la bande dessinée.

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        • Répondu le 2 mars 2011 à  17:38 :

          Il l’est auteur complet.

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          • Répondu par narcisse le 2 mars 2011 à  18:57 :

            Sur les deux derniers "broussaille" oui.. Le scénario des deux derniers tomes est très moyen alors que les trois premiers tomes sont formidables.

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            • Répondu par Charles-Louis Detournay le 2 mars 2011 à  20:16 :

              Libre à vous d’avoir préféré la narration de trois premiers albums scénarisés par Michel Bom.
              Libre à vous de placer la césure avant le quatrième album, tjrs scénarisé par Bom et qui évoque la recherche de l’autre dans un ton plus présent.

              Pourtant, il me paraît difficile de pouvoir apprécier la personnalité riche (et rare) de Frank sans avoir lu, l’esprit réposé, les albums que sont Un Faune sur l’épaule et surtout La Source. Même si chaque album de Broussaille (comme ceux de Zoo) transpirent de l’esprit de Frank, ces derniers touchent réellement à sa personnalité.

              Une recherche de soi qui peut provoquer un altruisme au monde, qu’il soit animal ou humain, ainsi qu’on a pu le voir dans les splendides calendriers que Frank a conçus (comme que j’en parle dans les articles).

              Bien entendu, chacun percevra un écho de ce qui le (trans)porte, mais les scénarios que vous qualifiez de "moyens" ne sont en réalité qu’un prolongement des précédents.

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      • Répondu le 2 mars 2011 à  15:13 :

        les avances sur droits qui se généralisent ????
         ?????
        Ah, parce qu’il existe une autre formule ???
        Je dirai plutôt que maintenant il y a le forfait, genre 3 ou 4000 euros tout compris pour un album et ... en avance sur droits. Tenez vous au courant, Mr Pé !

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        • Répondu par Monsieur le web lecteur le 2 mars 2011 à  18:31 :

          les avances sur droits qui se généralisent ???? ????? Ah, parce qu’il existe une autre formule ??? Je dirai plutôt que maintenant il y a le forfait, genre 3 ou 4000 euros tout compris pour un album et ... en avance sur droits. Tenez vous au courant, Mr Pé !

          C’est vous qui n’êtes pas au courant. À une certaine époque, les auteurs touchaient des droits d’auteurs dès le premier album vendu. Maintenant c’est une avance sur droit, c’est-à-dire qu’au bout de certain nombre d’album vendus (une fois que l’éditeur s’est remboursé) vous commencez à percevoir de l’argent. Or il faut au moins atteindre 15.000 exemplaires vendus avant de voir le moindre cent. Quid de l’état du marcher, il est désormais très difficile d’atteindre ce score.

          Dupuis n’était-elle pas l’une des dernières maisons à verser des droits d’auteurs dès le premier album vendu ? Quand à l’avance dans des maisons tel que Dupuis, il faut compter entre 10.000 et 15.000€ .
          C’est à tout cela que Frank fait référence.

          Ayant 35 ans métier, il peut encore sans-doute jouir de certains avantages par rapport à de petits jeunes qui débutent.

          Quand au jugement que la plus part font sur ce grand monsieur, qui êtes-vous pour faire la leçon à quelqu’un qui vit dans ce système depuis 35 ans ?

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        • Répondu le 3 mars 2011 à  01:04 :

          Il est plus qu’urgent de (re)lire en tant qu’auteur -mais aussi en tant que citoyen- le "discours sur la servitude volontaire " de La Boetie...!
          Comment peut-on accepter d’aussi honteuses conditions ?! Les auteurs qui signent de tels contrats sont presque -mais quand même pas tout à fait, tout de même- autant à blâmer que les éditeurs qui les leur proposent ...!

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          • Répondu par DKW le 3 mars 2011 à  12:24 :

            C’est bien entendu honteux, mais les auteurs débutants désireux de voir leur 1er ouvrage acceptent sans sourciller (je l’ai vu ) des sommes entre 70 et ...32 euros la page totalement finies ( scénario, dessin, texte et couleur !!!
            Je n’inciterai pas à faire un rapprochement avec les écrits de La Boetie, mais plus certainement avec les célèbres Thénardiers de Mr Victor Hugo !!!

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      • Répondu par PPV le 2 mars 2011 à  15:16 :

        merci beaucoup d’avoir répondu. L’occasion est trop belle, je vous fait part d’un souvenir merveilleux d’une dédicace faite à votre ancien domicile à Ixelles, en 1995 : jamais un auteur n’aurait donné rendez-vous dans son lieu de vie à un simple lecteur, vous l’avez fait. Vous m’avez dessiné un chat dans... "La Nuit du Chat", album culte pour moi. Au plaisir de voir votre expo au Rouge Cloitre. Pierre-Paul

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  • « Si je fais un album, c’est pour le public. »

    Voilà le problème, il faut faire un album pour l’éditeur, pas pour le public, l’éditeur s’en fout du public, il veut qu’on s’occupe de lui, c’est à lui qu’il faut plaire, c’est lui qu’il faut draguer pour qu’il vous édite, pas le public.

    Trêve de second degré, j’aime beaucoup son analyse de la situation actuelle du monde de la BD, elle correspond bien à ce que vivent les auteurs malheureusement. Derrière les discours de façade des éditeurs il y a surtout du mépris pour les auteurs, chair à canon corvéable et stupide, remplaçable du jour au lendemain, les lecteurs (selon eux) étant plus attaché à une marque (déclinable à l’envie) qu’à des artistes (et un style est si facilement copiable, en plus il parait qu’il n’appartient à personne, surtout pas à celui qui l’a créé, ils vous trouveront une vingtaine de précurseurs en remontant jusqu’à Rodolphe Töpfer ou au Yellow Kid pour vous le prouver).

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    • Répondu par Saint Loup le 2 mars 2011 à  09:20 :

      Chair à canon corvéable et stupide ?? mais n’est ce pas leur faute aussi ?? J’ai vu 2 auteursde ma connaissance, attaquer une suite à leur tome 1 après accord seulement verbal de l’éditeur, moi, oeuvrant dans le juridique je les avais prévenu fortement du risque d’absence de contrat signé.
      Et tout récemment leurs seconds tomes en cours sont stoppés, fautes de ventes et du marché ( on lui met tout dessus ce pauvre marché )
      Résultat 7 et 9 mois de travail perdu, et des gens démoralisés.

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      • Répondu le 2 mars 2011 à  13:42 :

        Résultat 7 et 9 mois de travail perdu

        Mais rassurez-moi, l’éditeur les payait pour leur travail pendant ce temps.

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      • Répondu le 2 mars 2011 à  14:58 :

        Planches réalisées et non payées ?
        Que ces auteurs écrivent au syndicat des auteurs BD. Le Snac a résolu, ces trois dernières années, des dizaines de cas comme celui-ci.
        Si des auteurs travaillent sans contrat, ce sont les mails et les courriers échangés qui peuvent prouver l’éventuelle situation de "commande/validation".
        Si l’auteur travaille sans contrat et sans aucun contact avec l’éditeur... là, effectivement il n’y a plus rien d’autre à faire que de rire un peu... juste un peu.

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        • Répondu par Saint Loup le 2 mars 2011 à  16:14 :

          Rire un peu ?? Si on veut ! Ce n’est pas mon cas, et à mon "petit" niveau j’essaye plutôt de l’aide et des conseils ... quand c’est encore possible, un contrat qu’il soit pour une BD ou musical reste un contrat,
          mais certains éditeurs ont des capacités de manipulation qui ferait passer la C.I.A. pour d’aimables plaisantins, et leur situation géographique - hors hexagone - leur garantit une quasi impunité.

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          • Répondu par ishimou le 2 mars 2011 à  17:00 :

            Non seulement l’interview de Frank est touchante -je me répète-mais son commentaire l’est encore plus. Un message à méditer et même peut-être à afficher dans l’entrée des écoles d’art dans la rubrique section bd-illu. voie de garage/fin d’un métier de passionné/logique du pognon/ industrie/ esclavagisme/droit social zéro.

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            • Répondu par Oncle Francois le 2 mars 2011 à  23:22 :

              Bien d’accord avec vous !

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            • Répondu le 3 mars 2011 à  05:54 :

              Vous dites droit social zéro, je dirai plutôt droit " tout court " zéro, Mr ishimou !
              J’en suis à essayer de retrouver, via le tribunal, ma propre propriété, l’éditeur n’ayant pas hésité à effectuer dépôt de mon travail - à mon insu - à l’INPI.
              Je pense que ça a déjà bien dépassé le "non social" là !!!

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              • Répondu le 3 mars 2011 à  10:24 :

                ce que vous dites est totalement aberrant, mais il faudrait regarder de prés le contrat initialement signé. Vos pouvez également contacter le syndicat !!

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                • Répondu le 3 mars 2011 à  11:57 :

                  totalement aberrant, ou ubuesque, impossible, invraisemblable, j’ai entendu tout ça déjà !
                  mais histoire authentique. Le snac est déjà au courant.

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        • Répondu par Saint Loup le 5 mars 2011 à  11:44 :

          Les auteurs en question ont un contrat global, cédant une série entière, tous droits cédés, tous pays, toutes langues, sans plus de précisions que ça,
          l’impossibilité de cession sur des oeuvres futures est largement "oubliée".
          Et ce contrat ne dépend pas de la loi sur le droit d’auteur en cours, mais d’une ancienne loi abrogée du 19eme siècle. C’est dire si on trouve du grand n’importe quoi dans certains contrats d’édition, D’habitude je ne vois celà que dans les faux / vrais contrats de l’édition à compte d’auteur, qui fait dans le grandiose aussi !

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          • Répondu par Syvester le 7 mars 2011 à  16:02 :

            Ceci est impossible, il faut un contrat par oeuvre ! Une cession globale ne se peut pas !
            Vous devriez contacter le SNAC.

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            • Répondu par Saint Loup le 24 mars 2011 à  09:26 :

              Celà se peut, mais par l’intermédiaire de l’utilisation abusive de l’ancienne loi belge ( et abrogée ) sur le droit d’auteur, celle de 1886 ( Bien qu’une loi de 1994 ait remplacée celle-çi ) Il est à noter que beaucoup d’auteurs " non belges" héritent de contrats sous cette loi périmée et bien pratique pour l’éditeur, les auteurs belges, eux, plus au fait, ont certainement la " bonne loi " !

              J’ai eu contact avec 3 auteurs hexagonaux, confrontés à ce subterfuge, et compte bien soumettre celà aux sénateurs belges qui s’élevaient à une époque contre ces pratiques maffieuses !

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              • Répondu par Saint Loup le 19 août 2011 à  16:32 :

                5 mois après mon avertissement, j’apprends ce matin qu’une série à pour la première fois été volée à leurs auteurs, suite continuée sans leurs autorisations, sans avis sur les repreneurs, sans paiements, en violation absolue du droit moral et de la propriété intellectuelle des auteurs originaux ... ( loi abrogée 1886 encore et toujours ) Décidément le Gouvernement de ce Pays dés qu’il sera de retour a un grand ménage à faire dans ce que je considère comme maintenant, un vrai panier de crabes !!!

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                • Répondu le 20 août 2011 à  14:45 :

                  Gouvernement ou pas, les lois restent valables dans n’importe quel pays.
                  Si on se met à cracher sur le respect du droit moral des auteurs, il y a du soucis à se faire :(

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                • Répondu le 23 août 2011 à  12:51 :

                  Je ne comprend pas... Si cette vieille loi belge est abrogée comme vous dites, comment peut-on s’en servir ? Comment tout cela peut-il tenir face à des tribunaux ? La loi européenne sur le droit d’auteur ne prevaud-elle pas sur une vieille loi belge abrogée ?

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                  • Répondu par Saint Loup le 23 août 2011 à  16:25 :

                    L’éditeur compte surtout sur les frais très élevé en cas de soucis, frais juridiques s’entend içi, qu’aucun auteur ne pourra jamais se permettre. J’ai pour ma part pris langue avec 2 des 4 sénateurs qui voulait déjà durcir la loi de 1994, la trouvant bien trop laxiste, et génératrice d’abus pour leur montrer que le milieu - hum, j’aime ce mot assez approprié :) - se sert encore de la loi d’avant pour abuser les auteurs non Belgique.

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                    • Répondu le 23 août 2011 à  22:37 :

                      Je vous entends bien. Mais à défaut d’une inscription à un syndicat d’auteurs- ce qui serait plus qu’intelligent- le choix d’un avocat spécialisé dans le droit d’auteur serait à recommander. Ils sont habitués à tous ces cas de figure incongrus, souvent moins honéreux que la plupart de leurs confrères et très compétents. J’ai eu moi-même qq déboires avec un client. Le seul moment d’angoisse étant si la partie adverse allait pousser l’ignominie jusqu’à aller au Tribunal du Commerce. Là on parle d’autres sommes, et d’enjeux 50/50. Heureusement un fax bien appuyé de cet avocat très talentueux a résolu la situation en 1 semaine. Mes conseils : inscrivez-vous à un syndicat d’auteurs, sauvegardez et imprimez au besoin tous vos échanges e-mail avec votre client (très important). Aucun accord verbal !!! (devant un tribunal du Commerce vous tombez).

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                      • Répondu par Saint Loup le 5 octobre 2011 à  18:05 :

                        Pour vous répondre, ce cas dépassent d’ors et déjà un syndicat d’auteurs, la contrefaçon effectuée est maintenant de l’ordre d’un tribunal pénal, car c’est un délit :
                        Tant pour le donneur d’ordre l’éditeur sans scrupule, que pour les auteurs exécutants, que pour les magasins qui vendront cet oeuvre contrefaite., car je vous rappelle que même commercialiser un produit contrefait est également formellement interdit par la loi.
                        Maintenant le syndicat d’auteur peut se porter partie civile bien sur.

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  • Le 5 mars, sur ce topic j’évoquais le dépot frauduleux à l’INPI de ma série BD, à mon insu par l’éditeur, et que j’essayais de récupérer tout ça ! Ce jour, ma série, existante, prépubliée déjà avant même contrat dans les magazines, m’a été volé et continuée par d’autres auteurs, qui m’ont même pas consulté. Je pense que c’est une première das le 9eme art, espérons que celà restera un cas unique !

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    • Répondu le 23 août 2011 à  09:27 :

      Qu’est-ce que c’est que ce délire ? Et comment avez-vous su que votre série était déposée à l’INPI et pourquoi l’INPI ? On peut déposer des dessins et modèles mais des œuvres comme des BD, je m’étonne.

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      • Répondu par Jean Philippe le 14 octobre 2011 à  09:34 :

         ????? Je travaille pour cet organisme : Une oeuvre de l’esprit est et reste liée à l’auteur qui l’a faite. La propriété intellectuelle et le droit moral d’un auteur sur sa création sont incessibles, même financièrement !
        Ce dépot à l’inpi de votre création par un tiers est une aberration absolue !!
        Faites vous connaitre à nos services en expliquant vos griefs que nous puissions tirer cela au clair auprès de ce ... déposant curieux.

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    • Répondu par Saint Loup le 23 août 2011 à  13:11 :

      J’aime prêcher dans le désert, parfois, mais je puis affirmer que si tous les auteurs européens, africain, etc... qui ont droit à cette loi abrogée, avaient un gyrophare sur la tête, on y verrait la nuit comme au plein jour !

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    • Répondu par JB le 13 octobre 2011 à  08:20 :

      Le SNAC vient en effet de parler de votre affaire sur son site, effectivement c’est pas joli joli comme procédé, j’aurai jamais cru cela possible ! J’ose espérer que cette manoeuvre restera un cas unique dans l’histoire de l’édition.

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