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Gueule de Bois T.2 : Dix petits golems - Par Foerster - Editions du Lombard

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 5 septembre 2006                      Lien  
Un peu à la manière de Moore dans la « Ligue des Gentlemen extraordinaires », Foerster nous fait un remix de ses références fantastiques pour livrer une histoire gore et loufoque à souhait. Du grand guignol bouffé aux mythes.

Au sortir d’un tel album, le lecteur doit retrouver ses esprits pour se remettre les idées en place, comme après un des ces tours de manège façon « maison hantée » que l’on fait parfois avec des enfants dans les kermesses. Reprenons : Woody Woodstock qui aimerait bien qu’on ne le prenne pas pour Pinocchio, bien que son nez grandisse au moindre mensonge, est récupéré par Lord Darling, le fils caché de Peter Pan et de Wendy. On a découvert dans le précédent album que l’homme de bois est en quelque sorte le frère de Frankenstein, ici dénommé Frankie. Frankie a disparu, Woody le recherche et accepte, pour le retrouver, d’exécuter une mission pour Darling, ci-devant chasseur de cryptozoïdes pour le compte du club des milliardaires aveugles. Vous suivez ?

Nos compères vont très vite se rendre compte que les Wassertrum que l’on pensait anéantis dans le précédent album, ont décidé d’accomplir leur vengeance en ressuscitant leurs sœurs façon Frankenstein, avec des bouts de cadavre et avec l’aide de Frankie tombé amoureux de Miriam, un être fabriqué et aussi simplet que lui, par ailleurs collectionneuse des albums de Petzi [1] et de poupées Barbie. Mais laissons là ces détails, on s’égare.

Pour les soutenir dans cette tâche, les Wassertrum ont aussi recruté dix petits golems qu’ils forcent à creuser des galeries dans le cimetière adjacent pour ramener les greffons qui leur permettront de reconstituer leurs sœurs-créatures. Pour contrer les ambitions (on l’apprendra légitimes) des Wassertrum, Woody et Darling se rapetissent avec l’aide des potions de Madame Alice qui n’est autre que l’Alice du Pays des Merveilles possiblement centenaire régulièrement frappée de narcolepsie. Ceci fait, ils entrent dans la maisons des golems pour en découvrir le secret.

On est très vite perdu dans le jeu des références de Foerster. Il a la subtilité, dans ce récit, de montrer la filiation thématique entre le golem, une figure de la tradition juive, et ses successeurs mythiques Pinocchio et Frankenstein. On lui en voudra pas d’écrire un hébreu de carnaval, de relater le mythe du Golem de Prague de façon un peu confuse, de confondre camp d’extermination et camp de concentration, ni même de tourner à la farce une des tragédies du 20ème Siècle (car, on ne vous l’a pas dit, toute cette affaire n’est que la vengeance d’un juif rescapé des camps contre un tortionnaire nazi protégé par le club des milliardaires aveugles). Car Foerster aime à jouer avec ce qui constitue ses peurs et l’horreur de la Shoah, bien évidemment, ne peut qu’en faire partie.

Avec ces matières, d’ailleurs, on retombe toujours dans le mythe parfois même sans s’en rendre compte. Ainsi, les golems miniatures habitant une croix du cimetière sont dix. Ils constituent donc le miniane, ce qui est bien commode quand on doit réciter la prière des morts.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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[1Rasmus Klump, alias Petzi en français, est une création du dessinateur danois Wilhem Hansen (1900-1992) qui a fait l’objet de traductions dans de nombreuses langues et sous la forme de dessins animés. 23 titres ont été publiés par les éditions Casterman.

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