Jusqu’au 19 mai, Strasbourg est la capitale de l’illustration

Bien évidemment la HEAR (Haute école des arts du Rhin ‒ ex Arts déco) d’où sont sortis tant d’illustrateurs et bédéastes, est partie prenante, ainsi que le collectif Central vapeur, agitateur culturel bien connu dans la ville. Ce dernier organisait pour l’occasion son 14e festival, notamment une Parade des micronations (un drapeau par illustrateur) dans les rues, de nombreuses expos (Blutch, Tom Gauld, Dominique Goblet entre autres), des rencontres, des ateliers, des concerts et un Salon des éditeurs indépendants.

On pouvait emprunter les tramways décorés par Anouk Ricard, Blutch ou Serge Bloch pour parcourir les différentes manifestations. L’exposition ‘’ Julie Doucet , une rétrospection’’, très différente de celle d’Angoulême, montrait les multiples facettes de son talent et sa présence à l’inauguration a été très recherchée ; l’écrin du Musée Tomi Ungerer était très adapté pour cet événement.

Un dessin de Julie Doucet

Musée Tomi Ungerer

L’écrin du Palais Rohan était lui aussi très propice à l’autre grand événement, ‘’La constellation Gustave Doré, une traversée dans l’édition illustrée du XIXe siècle’’, avec tous les grands albums de celui qui reste un des pionniers de la pré-BD, mais aussi des gravures, des bois gravés fascinants de minutie, des affiches, des documents et des dessins préparatoires et des originaux rarissimes. Ce Strasbourgeois qui fit carrière à Paris méritait ce magnifique hommage dans sa ville natale.

Le Paradis de Dante par Gustave Doré

DR. Musée de Rohan

Le collectif Les Rhubarbus organise depuis 2005 des expos et a travaillé sur les ‘’Terrains de jeux ‘’ avec des enfants dans divers lieux. Leur expo au 5e lieu associe illustration et œuvres en volumes. À la Menuiserie, leur ‘’Dialogue de dessins’’ met notamment en valeur l’illustratrice de Central Vapeur Violaine Leroy et la Libanaise Raphaëlle Macaron, autrice de l’affiche des Rencontres.

Les passionnés de typographie et de marque-pages ne manqueront pas l’expo ‘’Entre les pages’’, menée par Fanette Mellier et l’autrice Betty Bone à la médiathèque André Malraux. Elles ont conçu pour 13 médiathèques, un marque-page différent (taille, papier, typo, couleur impression, etc.) d’une grande élégance, dont n’existera plus ensuite qu’une pochette à petit tirage.

À la Chaufferie (galerie de la HEAR), l’éditeur L’Articho montrait aussi ses livres et ses travaux avec les enfants et les artistes Laurence Lagier et Chamo.
Les quais sont également de la partie avec des panneaux dessinés de deux autres Libanaises, Karen Keyrouz et Nour Hifaoui, tandis que les éditions 2024 se présentaient par une installation quasi-archéologique.

La richesse de ces rencontres ne permet pas de tout voir, ni même de prendre le temps, par exemple, de lire au mur les BD de Julie Doucet en détail (c’est long !). Je n’ai pu voir l’adaptation théâtrale de ‘’Macao et Comage’’, le chef d‘œuvre d’Edy-Legrand, ni certaines expos, mais la frustration n’aura pour effet que le désir de revenir pour une prochaine édition.