Epinal et ses Imaginales

Par Yves FREMION 7 juin 2024 
Depuis deux ans, les Imaginales d’Epinal ont été fusionnées par la municipalité avec la Fête des Images. Si la fusion n’est pas encore équilibrée au vu du rush du public, surtout féminin, sur la fantasy et la romantasy qui écrasent tout autre genre (SF, fantastique, BD, noir), l’image est partout. Epinal était LA ville des images et, après une période obscure et sous la volonté du maire actuel, Patrick Nardin, elle le redevient.

Malgré le fait que cette ville, étendue le long de la Moselle, est toute en longueur (ce qui ne facilite pas toujours les déplacements dans un festival éclaté), il est précieux de quitter parfois le parc où se déroule, sous la bulle du livre, le cœur de l’événement, avec ses dédicaces, ses stands d’éditeurs connus et surtout inconnus hors du milieu, ses auteurs et autrices adulées, ses rivalités de cosplay où se mêlent lutins et guerriers harnachés, princesses et mousquetaires, aliens et farfadets. Bonne ambiance, personne ne s’étripe malgré une profusion d’armes qui seraient fort utiles aux Ukrainiens si elles n’étaient pas en plastique. Ceux qui miment des duels et des combats sur la pelouse ne sont pas tous des jeunes. L’invité star (en dehors d’anglo-saxons à succès) est Alain Damasio, dont les fans entretiennent une file inépuisable, mais il n’a hélas pas une main bionique pour signer ces centaines de livres.

Epinal et ses Imaginales
Damasio affronte la foule...
Photo : Yves Frémion

Les auteurs de BD ont leur lieu de dédicace dédié. On y voit ceux et celles dont l’œuvre touche au domaine. Les enfants aussi peuvent rencontrer des auteurs et illustrateurs jeunesse dans l’espace jeunesse. La bulle du jeu accueille les joueurs. Mais il y a aussi des rencontres d’historiens, d‘architectes, d’associations locales, toutes en lien avec la thématique très élargie.

Corbeyran.
Photo : Yves Frémion.

Si beaucoup d’artistes, notamment de couvertures, ont leurs œuvres exposées dehors dans divers endroits du parc (les couvertures de La Volte notamment), d’autres ont droit à des lieux dédiés, mais parfois éloignés (expos Daria Schmitt – qui a dessiné l’affiche -, Chantal Montellier, Pierre Bordage et ses peintures, ou « L’imaginaire résistant » conçu par Hey ! et ses artistes), comme « Icônes, les images fantasmées » dans le beau Musée de l’Imagerie, qui permet en même temps de revoir les sublimes collections issues de l’Imagerie Pellerin autrefois située au même endroit.

Photo : Yves Frémion.

Outre que la photo, des spectacles, des concerts, des films, des soirées thématiques, des nuits avec du mapping sur tous les murs de la ville qui font sortir tous les habitants, il est difficile de s’ennuyer pendant ces quatre jours. Pour les amateurs, signalons aussi des œuvres éphémères dont on ne peut acquérir les originaux : ce sont les séances de body painting qui n’attirent pas que les amis des arts.

Body painting.
Photo : Yves Frémion

Il y a évidement une cascade de prix, qui récompensent des auteurs et autrices et non des sponsors. Pour le monde du dessin, le prix jeunesse des Imaginales revient à Willy Wanggen pour Fjord (Hong Fei), celui de la BD à Ludovic Rio et Alexis Chauvel pour le tome 1 des Murailles invisibles (Dargaud) et celui de l’illustration à François Schuiten pour Le retour du capitaine Nemo (Casterman). Les bibliothécaires ont récompensé Guillaume Singelin pour sa BD Frontier (Rue de Sèvres).

L’ambiance du grand parc en bord de fleuve débordait sur la ville et donnait l’impression d’être nous-mêmes à l’intérieur d’une grande BD en 3D. Pour y être accueilli facilement, n’oubliez pas de caser le mot « dystopique » dans toute conversation, il est multi-usages.

(par Yves FREMION)

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