Souvenez-vous de cet petit album muet paru dans la collection Shampooing : en plus de deux cent cinquante pages, Panaccione avait relevé le défi fou de décrire un match de tennis, point par point, sans s’aider d’aucune parole. Tout l’humour passait par les mimiques des joueurs, l’incroyable découpage plein de dynamisme de cet auteur qui provenait de l’animation, sans oublier l’humour porté par son irrévérencieux héros, Marcel Costé.
Après ce petit format muet paru chez Delcourt présentant une seule et longue histoire, voila donc l’auteur qui reprend du service avec ce grand format couleur "encyclopédique" compilant une demi-douzaine de petites histoires. Le trait d’union entre les deux ? Le tennis bien entendu, qui passionne littéralement Panaccione, et son héros de Match, l’imposant et surprenant Marcel.
« J’ai réussi à convaincre Lewis Trondheim, le directeur de la collection Shampooing, de me laisser utiliser Marcel, explique l’auteur. Nous avons trouvé une formule pour que, contractuellement, le personnage puisse être utilisé, mais juste pour les récits de « L’Encyclopédie du tennis ». Cela n’a donc pas posé de problème. »
Avec autant de différences sur la forme et le fond, difficile de comparer les deux albums. Et vu le niveau de Match, cette comparaison risquait fort d’être au désavantage de la nouveauté. Certes, on retrouve une part de l’irrévérence portée par Marcel : la clope et l’alcool sur le banc de touche. Mais l’originalité de l’encyclopédie tient dans le savoureux décalage que l’auteur entretient tout du long : pourquoi le pêcheur Wim Bledon joua-t-il sur de l’herbe ? Pourquoi les têtes des chevaux doivent-elles être petites lorsque les cowboys s’affrontaient en duel ? Etc.
Comme presque toutes les compilations de courts récits, le niveau de ces petites histoires reste inégal : certaines sont extrêmement inventives, d’autres sont pittoresques alors que l’une ou l’autre aurait pu rester dans les cartons. Le dynamisme du trait de Panaccione et son inventivité donnent pourtant une belle cohérence à l’ensemble, si bien qu’une fois commencé, il est impossible d’interrompre sa lecture avant la fin. Comme un bon match de tennis !
(par Charles-Louis Detournay)
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