C’est un anniversaire un peu tristounet que ce quatorzième anniversaire frappé par la pandémie mais aussi mis sous le boisseau par une gouvernance qui a entraîné pas mal de remous au cours de l’histoire de l’association Artemisia depuis 14 ans, son Lider Maximo Chantal Montellier conduisant l’esquif d’une façon très personnelle. Néanmoins, bon an mal an, c’est un choix original de lectures qui nous est proposé, qui sort des sentiers battus d’une série de prix « officiels » où les femmes sont en général peu représentées.
C’est donc à huis clos et sans cérémonie que le prix est remis cette année sur un choix de 12 titres dont nous vous redonnons la liste :
Anaïs Nin de Léonie Bischoff (Casterman)
Baume du tigre de Lucie Quéméner (Delcourt)
Corps en grève de Valentine Boucq et Amandine Puntous (Steinkis)
Les Croques de Léa Mazé (Éditions de la Gouttière)
La déesse requin de Lison Ferné (CFC éditions)
Hippie Trail de Séverine Laliberté et Elléa Bird (Steinkis)
La mécanique du sage de Gabrielle Piquet (Atrabile)
Melvina de Rachele Aragno (Dargaud)
Moi Mikko et Annikki de Tiitu Takalo (Rue de l’Échiquier)
Sauf imprévu de Lorena Canottiere (Ici même)
Sourvilo d’Olga Lavrentieva (Actes Sud)
Vent Mauvais de Cati Baur (Rue de Sèvres)
Le jury du Artémisia 2021 a décidé de distinguer cette année l’autrice finlandaise Tiitu Takalo pour Moi, Mikko et Annikki (Rue de l’échiquier), une BD déjà été distinguée par le prix Cartoonia en 2014 en Finlande, la plus haute distinction pour une BD dans ce pays. Sa traduction avait été publiée en France le 16 janvier 2019.
BD aux accents autobiographiques, Moi, Mikko et Annikki raconte l’installation d’un jeune couple dans une maison du quartier historique de Tampere et son combat contre les promoteurs immobiliers qui tentent de mettre à terre ce quartier de maisons de bois datant du XVIIIe siècle.
Joliment illustré d’aquarelles, dans un trait qui rappelle celui de la dessinatrice anglaise Posy Simmonds, cet album pose la question d’une marche forcée vers la modernité consumériste qui détruit non seulement notre habitat naturel, avec le drame écologique qui s’ensuit, mais aussi vers une acculturation mondialisée dans laquelle notre culture sera celle, quasi exclusivement, des produits et des marques que nous consommons au détriment de nos propres racines sociales et culturelles.
Le patrimoine et sa préservation comme clé de nos identités collectives et de nos avenirs possibles, tel est l’enjeu de ce livre. Un choix pertinent.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Tiitu Takalo au Festival de BD d’Helsinki en 2017. Photo : Emilia Anundi / Helsingin sarjakuvafestivaaleja
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