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La Créature des ténèbres – Par François Corteggiani & Pierre Tranchand – Mosquito

Par Florian Rubis le 23 septembre 2011                      Lien  
Ce nouvel album de "Lily Mosquito", collection jeunesse qui fait appel à des talents jeunes ou, comme ici, davantage éprouvés, nous entraîne dans le ventre de Paris au début du XXe siècle. Il procède de l’influence des grands feuilletonistes du roman populaire pour divertir petits et plus grands, en se plaçant sciemment sous le parrainage de Jacques Tardi, façon "Adèle Blanc-Sec"...

Un grand costaud, au blaze plutôt expressif, Bombardon, accompagne une sorte de Dame Tartine détective d’un âge avancé et au nom pas moins savoureux, Léontine de Poulay en Gelet, dans sa résolution de mystères. Elle s’y confronte avec la fougue que ses ancêtres aristos mettaient à mener des charges de cavalerie dans leurs batailles au service de la France et en précurseur des méthodes de la police scientifique. Cependant que le clebs de l’enquêtrice, Flic, aux préoccupations chères à son espèce puisque comme tout bon chien il déteste les chats, s’exprime par le biais du monologue intérieur.

Il achève de composer ce sympathique trio qui va découvrir pour quelle raison un effrayant monstre entraverait la progression des travaux de construction de la première ligne du métropolitain, dans la capitale française des premières années 1900.

Un Docteur Cornélius teuton ourdit une terrible machination pour dominer Paris !

François Corteggiani, qui a notamment rodé son savoir-faire de narrateur (et dessinateur) à l’école de Pif Gadget ou du Journal de Mickey, inscrit ici volontairement son intrigue dans la lignée des Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec de Jacques Tardi. Jusqu’à risquer le décalque un peu trop appuyé, même si cette série est dûment citée par le biais d’un clin d’œil en cours de récit (p. 17). Heureusement, ce patronage ne se révèle pas, au final, trop pesant.

La Créature des ténèbres – Par François Corteggiani & Pierre Tranchand – Mosquito
Lerouge, méchant encagoulé avec des références, veut étendre sa domination sur les bas-fonds de Paris…
© 2011 François Corteggiani, Pierre Tranchand & Mosquito

L’ombre des grands feuilletons du roman populaire plane également sur cette histoire. Non seulement parce que, comme son modèle emprunté à Tardi, l’héroïne est censée en écrire pour les journaux de l’époque, mais aussi parce que, par exemple, Gustave Le Rouge prête son nom au méchant encagoulé qui y déploie ses maléfices. Ce denier agite le spectre d’un monstre ou manipule les Apaches et autres Mohicans de Paris pour dissimuler ses coupables entreprises dans les sous-sols de la ville. Contexte évoqué oblige, cet ennemi ne pouvait être qu’Allemand, selon un sens de la caricature assumé qui s’amuse en outre de l’emploi de mots d’argot.

Après une lecture à un premier niveau qui satisfera le jeune public, de telles références ne seront prises en compte, dans un second temps, par ceux, plus âgés, qui pourront éventuellement découvrir l’album à sa suite.

Léontine, Bombardon et le chien Flic, sympathique trio de « challengers de l’inconnu » de la Belle Époque
© 2011 François Corteggiani, Pierre Tranchand & Mosquito

Un style graphique chaleureux

Pierre Tranchand (alias Pica) est issu de la même bande de créateurs BD que son vieux complice François Corteggiani, avec qui il anime L’École Abracadabra (Dargaud). Avec un autre auteur au parcours similaire aux leurs, Erroc (Gilles Corre), on lui doit la série à succès Les Profs (Bamboo).

Le graphisme de style « gros nez » très rond au moyen duquel le dessinateur dépeint les aventures des trois « challengers de l’inconnu » de La Créature des ténèbres emportera les suffrages de tous, petits ou grands.

(par Florian Rubis)

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Code EAN :

En médaillon : couverture de La Créature des ténèbres © 2011 François Corteggiani, Pierre Tranchand & Mosquito

La Créature des ténèbres - Par François Corteggiani & Pierre Tranchand – Mosquito – 46 pages, 13 euros

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Mosquito ✍ François Corteggiani
 
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6 Messages :
  • Vous oubliez juste un détail, cette histoire a 30 ans ! Elle "a été écrite et dessinée en 1981-1982", dixit François Corteggiani.

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  • Êtes-vous sûr que cette histoire est inédite ? On dirait l’ancien style de Tranchand, de l’époque "Bastos et Zakousky" ou de "Marine"...

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    • Répondu par Florian Rubis le 23 septembre 2011 à  11:34 :

      Après vérification illico auprès de l’éditeur, cette histoire n’aurait pas été éditée en album auparavant et, apparemment, pas mise en couleurs. Par contre, si elle est postérieure à Tardi, elle remonterait, dans une première version, aux années 1980 (vraisemblablement 1982), avec deux parutions dans les magazines Triolo et, plus tard, Pif Gadget. Il en aurait existé juste une édition très confidentielle due à F. Corteggiani. Cordialement, Florian Rubis.

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      • Répondu par Gwen le 23 septembre 2011 à  17:07 :

        Ceci dit, ce n’est pas une histoire réalisée récemment, c’est une information non négligeable pour parler de cet album.

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      • Répondu par Xavier le 8 février 2022 à  01:30 :

        Voici quelques précisions sur la première parution dans le bimensuel Triolo car à l’époque j’avais récupéré la BD en découpant les pages du magazine.

        La dernière planche (page 42) est datée du 1er mai 1982 et indique que les couleurs sont de Brigitte Findakly.

        La BD a été publiée en huit épisodes à partir du numéro 16 (16-30 avril 1982) et — a priori — jusqu’au numéro 24 (16-31 août 1982). Il semble qu’elle soit absente du numéro 20 (16-30 juin 1982), un numéro spécial dédié au spatial.

        Je suis plutôt confiant sur les numéros mais, si je laisse un peu de place au doute, c’est parce que les planches que j’avais découpées ne contiennent qu’un numéro de page, mais pas le numéro du magazine. Il s’agit donc de déductions en recoupant ces numéros de page avec les sommaires des numéros (très sommaires en effet, car la BD n’est jamais mentionnée, sauf lors de son lancement au numéro 16). Pour les numéros 16 à 19, je n’ai pas de doute.

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  • Sympathique le graphisme ! Trop d’éditeurs ont oublié comment on fait des albums de ce genre-là : populaire au meilleur sens du terme avec un récit bien mené et agréable à partager pour toute la famille.
    C’est simple, on en redemande... :o)

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