Nous accueillons toujours avec intérêt le travail de Tristan Roulot, un scénariste jamais dépourvu d’idées originales et aux scripts bien construits. Il ne faut pas s’attendre dans ce premier album où l’on expose l’univers et les personnages une claire démonstration de son savoir-faire. Mais l’argument de départ promet : un jour l’atome de fer se trouve affectée par on ne sait quel effet.
Le métal et ses dérives comme l’acier deviennent friables et tout ce qui en est constitué se désagrège inévitablement ; bâtiments, véhicules, ordinateurs… L’âge du fer est révolu et la civilisation qui en résulte avec lui ! Le cuivre devient dès lors la denrée rare.
Mais il y a pire que cet avatar du Metomol franquinien : nous tous, chacun de nous, avons du fer dans notre sang. Certains animaux n’en n’ont pas, ils ont du cuivre : leur sang est bleu. Cette corruption atteint donc toute l’humanité et ceux qui en sont touchés deviennent monstrueux.
Certains survivants qui n’ont pas été affectés par cette « apocalypse ferrugineuse » obtiennent en revanche des pouvoirs aussi intrigants que mystérieux. Un nouveau monde s’organise autour d’eux faits de héros invincibles, de bandits de grand chemin d’un genre nouveau, d’ennemis insaisissables, de monstres et de combats homériques…
Au milieu de tout cela, le Convoyeur. Probablement immortel, l’homme aux yeux rouges luminescents accepte toute mission de livraison du moment que le client y mette le prix et celui-ci est original : ils doivent gober l’œuf que le Convoyeur lui tend. Quel est-il ? Pourquoi exige-t-il son absorption par des individus qui n’ont pas d’autre choix que d’accomplir leur promesse ? Mystère. Ce n’est d’ailleurs pas la première des énigmes posées par ce premier volume.
Le dessin de Dimitri Armand est au diapason de ce « western » post-apocalyptique qui n’est pas sans rappeler le Jeremiah du grand Hermann par son caractère crépusculaire. Mais ses thématiques et son esthétique un peu gore, violente et dégoulinant de testostérone, sont bien dans l’air du temps, de la même veine que les Games of Throne, Walking Dead ou Last of Us… S’il emprunte le même chemin, ira-t-il aussi loin ?
Voici donc un premier album séduisant donc dont on surveille la suite du coin de l’œil.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Le Convoyeur T. 1 : Nymphe – Par Tristan Roulot et Dimitri Armand – Le Lombard.
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