Dumas, d’ailleurs, ce n’est pas son vrai nom, il se nomme en réalité Thomas-Alexandre Davy de la pailleterie. Il est noir… et il est comte. Un nobliau né de la liaison entre un hobereau français et une esclave des Antilles. Son histoire est incroyable : le père de ce métis va en faire son héritier, tout en vendant comme esclaves sa mère et ses frères pour payer son voyage de retour en France. Inutile de spolier les révélations de cet album.
D’extraction noble donc, ce Dumas -qui renie son géniteur tout en acceptant le titre et l’héritage- devient Dragon de la reine Marie-Antoinette. Et comme c’est un géant, habile au sabre et bon cavalier, il s’impose parmi ses pairs. Puis arrive la Révolution Française avec ses idéaux dont l’abolition de l’esclavage et ses aspirations à l’égalité.
L’Aventure, avec un grand « A » commence pour ce jeune officier plein de fougue. Ce premier album s’arrête à la prise de la Bastille, mais l’impétrant avance à pas de géant. Avec l’Empire de Napoléon, il aura un terrain de jeu à sa démesure.
On comprend qu’avec un père pareil, Alexandre Dumas ait eu le goût pour les aventures extraordinaires. C’est tout le talent de Salva Rubio que nous avoir dégoté ce personnage hors normes. Dans son dessin expressif et emporté, le dessin un peu « cartoon » de Ruben Del Rincon, un dessinateur espagnol qui nous vient de l’animation, rend bien la fougue, et du personnage, et de l’époque. Un album passionnant.
Savez-vous que c’est d’Alexandre Dumas que vient l’expression (devenue politiquement incorrecte) de « nègre littéraire » ? Alexandre Dumas qui était, nous l’apprenons en lisant cet album, un « quarteron », utilisait de nombreux collaborateurs pour écrire ses romans. Il y en eut paraît-il jusqu’à 45, Auguste Maquet en tête... On les surnommait « les nègres de Dumas ». Un sobriquet entré dans le langage courant…
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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