Après avoir été reconnu comme la réincarnation d’un prédécesseur, le jeune Lobsang poursuit une formation de trois années qui doit le conduire à son intronisation.
Mais, dans les couloirs du palais-forteresse du Potala, potentats autochtones et Khan des Khossud (ou Qoshots), dirigeant de la plus puissante tribu des Mongols, aux visées hégémoniques sur le lamaïsme tibétain, rivalisent pour conserver la réalité du pouvoir.
Lobsang s’échappe de ces intrigues pour de brefs moments de répit dans les rues de Lhassa. Mais sa vocation semble plus que jamais éprouvée quand il retrouve son amour de jeunesse, Makye Ame. Rien n’a pu la lui faire oublier. Ces Roméo et Juliette du Tibet pourront-ils, eux, se soustraire à l’adversité et à un sort funeste ?
Le graphisme agréable de ce manhua en couleurs — la norme dans les revues chinoises, contrairement aux mangas en noir et blanc — est dû à Zhao Ze. Il a appris le dessin à l’école de l’animation et des bandes dessinées de jeunesse.
Né en 1994, sa jeunesse explique probablement que son style ne soit pas encore complètement fixé, d’où quelques problèmes par endroits dans la représentation des morphologies (têtes, mains) ou de structures des décors, pas très gênants cependant.
La mise en scène du contexte historique du Tibet de la fin du XVIIème siècle, peu connu en Occident, ne peut qu’y éveiller une certaine curiosité. Derrière le paravent exotique très exploité du bouddhisme tibétain, on ne s’étonnera guère que les deux auteurs, chinois, insistent en outre sur les divisions internes du système religieux et politique local, demeuré longtemps féodal.
Reste à déterminer quel sens donner à un autre argument narratif important de leur récit. On y rappelle beaucoup l’ingérence continuelle de puissances étrangères proches d’Asie contre l’autonomie du Tibet par le passé.
Était-ce initialement destiné à suggérer que cette contrée du toit du monde aurait trouvé dans sa situation présente une amélioration ? En définitive, il appartiendra au lecteur d’en juger.
(par Florian Rubis)
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