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« Madones et Putains », de Nine Antico, Grand Prix Artémisia 2024

Par Charles-Louis Detournay le 9 janvier 2024                      Lien  
Le Prix Artémisia continue de mettre à l’honneur la production féminine dans la bande dessinée. Son jury vient d'attribuer ses prix 2024, couronnant donc "Madones et putain". Ce grand prix est accompagné par quatre autres prix : "Mauvaise Herbe", Humour, Poésie-Mixte et… Survireuse ! Tout un programme...

Après avoir raflé le prix des Inrockuptibles en octobre dernier, Nine Antico et son Madone et putains est auréolé du Grand Prix Artémisia 2024, par le jury composé de Chantal Montellier, Isabelle Beaumenay-Chaland, Julie Scheibling, Patrick Gaumer, Pascal Guichard et Christophe Vilain

Ils élisent un roman graphique que notre chroniqueur Louis Groult décrivait comme « une sacrée fresque » qui « nous raconte, à travers trois histoires, l’histoire italienne et la condition féminine dans ce pays au 20e siècle. […] En refermant l’album, on a l’impression d’avoir communié avec le peuple italien et d’avoir partagé avec lui ses grands drames. »

« Madones et Putains », de Nine Antico, Grand Prix Artémisia 2024

Les autres lauréates sont :

-  Prix Artémisia "Mauvaise Herbe " : Devenir, par Joanna Folivéli. Deux Points Editions

Il s’agit de la première publication de Joanna Folivéli, une illustratrice et autrice toulousaine. « Cet album se composé de courts récits aussi poétiques que dramatiques. Les beaux et fins dessins de Joanna nous poussent à interroger le regard de notre société sur la transidentité et la difficulté à vivre tranquillement sa singularité. », explique le jury.

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- Prix Artémisia Poésie-Mixte : Grande échappée, par Bérengère Delaporte, variation graphique autour du poème La Panthère de Rainer Maria Rilke, éd. Nathan

Également sélectionné pour le Prix de la BD "ado" France Bleu / ActuaBD 2024, Grande échappée avait tapé dans l’œil de notre chroniqueuse Louise Ageorges :

Louise rêve de devenir danseuse, mais lorsqu’elle présente à ses parents ses projets d’avenir, rien ne se passe comme prévu : son père se montre particulièrement réticent et sa mère, Camille, pourtant ancienne danseuse, ne semble pas décidée à soutenir sa fille. Déçue par ces réactions et interloquée par des rapports parentaux de plus en plus amers et inégaux, Louise se rebelle, laissant grandir la panthère qui sommeille en elle...

Grande Échappée c’est une histoire mère-fille touchante. Connectées par la danse, la passion du mouvement et de la musique, les deux femmes entretiennent une relation privilégiée. C’est cet attachement si singulier qui sonnera l’heure de la révolte chez Louise.

À travers cette première BD, l’autrice nous parle de la difficulté de grandir, de se faire comprendre et entendre dans un cercle familial dysfonctionnel. Grande Échappée, c’est un récit de lutte pour la liberté et l’émancipation : liberté pour Louise de réaliser son rêve, de pouvoir danser autant qu’elle le souhaite ; lutte d’une mère pour se libérer de l’emprise de son époux. Avec cet ouvrage, Bérengère Delaporte nous offre un récit touchant porteur de réflexions tout à fait d’actualité.

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- Prix Artémisia Humour : Le Grand Incident, par Zelba, éd. Futuropolis/Louvre éditions

C’est une nouvelle fois notre chroniqueuse Louise Ageorges qui avait attiré notre attention sur cette nouvelle collaboration entre le Louvre et Futuropolis :

C’est à la bédéiste allemande Zelba que cette carte blanche est confiée donnant naissance à un drôle de conte tout à fait contemporain. Si les dessins de nus peuplent déjà largement le compte Instagram et le blog de notre autrice, c’est avec humour et militantisme que cette dernière s’empare une nouvelle fois de ce sujet de prédilection.

Comme chez Chabouté on retrouve dans Le Grand Incident ce besoin de transmettre l’art, de le rendre accessible, lui redonner un rôle central tout en questionnant ses enjeux et sa place dans le futur. L’autrice donne notamment la parole à une conservatrice nous éclairant sur certaines thématiques problématiques récurrentes qui méritent qu’on s’y attarde. Zelba prend ici pour cheval de bataille la lutte contre les inégalités et l’hypersexualisation du corps féminin poussée en exergue dans les collections d’un musée centenaire. Des sujets pourtant lourds amenés avec légèreté, finesse et une bonne dose de pédagogie.

- Prix Artémisia Survireuse : Sultana, par Lili Sohn et Elodie Lascar, éd. Steinkis

Notre journaliste Kelian Nguyen avait également été conquis par le graphisme et le ton décalé des autrices Lili Sohn et Elodie Lascar :

Dans Sultana, c’est le statut de femme célibataire, passée la trentaine, qui est questionné. Où est le bonheur ? Dans l’idéal de la belle maison au beau jardin avec le beau mari et les toujours aussi beaux enfants ? Au travers de ses rencontres le personnage de Sarah se questionne et par la même remet en question les diktats de notre société patriarcale.

Dans ce récit criant de vérité, le parcours qu’emprunte Sarah appelle à lui emboiter le pas, à s’affranchir des conventions et à enfin pleinement vivre sans tabou. Pour leur première collaboration (première BD pour Elodie Lascar), le duo offre des réflexions et des instants de vie qui pourraient changer la vôtre.

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Une fois de plus, la sélection du Prix Artémisia continue de nous montrer une bande dessinée où les styles et les genres rivalisent d’innovation et d’intelligence, tout en cohabitant de manière collégiale. Une belle leçon de découverte et de vivre ensemble.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9791034758746

Dupuis ✏️ Nine Antico tout public 🏆 Prix Artémisia
 
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16 Messages :
  • Le retour du fameux Prix sexiste... ça va fighter !

    (c’est quand même vrai qu’en 2024 ça fait bizarre un Prix qui discrimine par le genre des auteurices)

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    • Répondu le 9 janvier à  17:55 :

      ça va fighter si vous le déclenchez. C’est vrai que l’actualité est un peu vide aujourd’hui.

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    • Répondu par Paradoxe le 9 janvier à  20:17 :

      C’est pour récompenser les autrices discriminées par les autres prix. Mais comme du coup ielles récompensent un livre déjà récompensé, ça ne fait pas vraiment sens.

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      • Répondu le 9 janvier à  22:13 :

        C’est un prix pour les femmes, et rien d’autre. Il y a des équipes de foot féminines aussi, ça n’empêche pas les hommes de jouer.

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        • Répondu le 10 janvier à  13:22 :

          Votre comparaison tient-elle vraiment debout ? Il y a des équipes féminines de sport car on considère qu’hommes et femmes ne peuvent fournir le même niveau d’engagement physique. Ce prix réservé aux femmes voudrait-il alors dire qu’elles sont intrinsèquement incapables de "boxer" artistiquement dans la même catégorie que les hommes ?

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          • Répondu le 10 janvier à  14:16 :

            Pas du tout puisque dans les arts contrairement au sport, la mixité est de mise. Artemisia est un des rares prix non-mixtes, ce qui énerve beaucoup de monde chaque année. Mais beaucoup de choses énervent beaucoup de monde. Ce n’est pas une raison pour arrêter. Par ailleurs, mais c’est un autre sujet, on pourrait questionner cette tradition de non-mixité dans le sport. Il y a l’explication classique que vous utilisez, celle du moindre engagement physique des femmes, mais à mon avis, ce n’est pas la seule raison. Il faudrait aussi parler des armées si on aborde ces questions de mixité et de cohabitation femmes-hommes.

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            • Répondu par Nonobstant le 10 janvier à  17:51 :

              Il y a des armées mixtes (Kurdes, Israël...) comme il y a des sports mixtes : équitation, voile, rallye, formule1, alpinisme etc...

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            • Répondu par Lena M. le 10 janvier à  19:36 :

              Pas d’avis sur la question, je n’aime pas ou plutôt ne connait pas Nine Antico, repérée je crois par L’Association, ensuite récupérée par Dupuis, c’est astucieux pour se dédouaner du commercial et controversé Gaston par Degaf, pardon Delaf !
              Ce qui est sûr, c’est que le jury n’est pas féminin à 100% !

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    • Répondu par McGuich le 15 janvier à  10:21 :

      Faut être un peu demeuré pour continuer année après année à revenir sur ce thème éculé... c’est un prix parmi d’autres prix avec un choix particulier. Si ça vous gène, posez-vous des questions ou tournez la page de votre album Tintin.
      ... à moins que se soit un pari, dire le premier “C’est de la discrimination, gna gna gna” ?

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      • Répondu par Le Grinch le 15 janvier à  18:15 :

        Ah oui, vous avez raison, ça fait bizarre en 2024 un Prix qui discrimine les auteurs par genre. Pourquoi pas par maladie, religion ou couleur de peau, ce serait juste des prix parmi d’autres prix.

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        • Répondu le 16 janvier à  11:12 :

          Ce n’est pas bête, il y a maintenant beaucoup de livres dont le sujet est la maladie de l’auteur....

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          • Répondu le 22 janvier à  15:24 :

            Tous les prix sont discriminatoires. C’est le principe même d’une compétition.

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            • Répondu par Nonobstant le 22 janvier à  22:26 :

              Ils sont discriminatoires pour désigner le gagnant, pas dans le choix des participants.

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              • Répondu par chantal montellier le 23 janvier à  23:36 :

                Quand j’ai commencé à publier des bandes dessinees dans la presse pilitique, puis de bande dessinée, les femmes n’étaient même pas une minorité. Claire Bretecher représentait à elle seule le genre féminin, tendance race aryenne. Annie Goetinzger mettait en images les fantasmes machistes de Pierre Christin, Nicole Claveloux dessinait pour les enfants, comme la plupart des dessinatrice de l’époque, peu de temps après 1968 ! J’étais la seule à parler de sexisme et à émettre un point de vue critique... J’ai bien sur été passé au lance-flammes mais je m’en suis remise et j’ai créé Artemisia qui semble beaucoup vous déranger petits connards, et cela me fait bien immense plaisir ! Continuez, svp .

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                • Répondu par Grégoire le 31 janvier à  13:34 :

                  Mais oui, on le sait Chantal que vous avez tout inventé, que vous êtes géniale et que toutes les autrices vous doivent tout !

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                  • Répondu par Van le 5 février à  12:52 :

                    A se demander pourquoi elle n’a jamais eu de succès, ni public, ni commercial...

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