Ah ! Le festival d’Angoulême ! C’est d’abord un grand jeu. On cherche toujours à reconnaître les gens connus. D’autres fois, on se dit qu’on connaît quelqu’un, mais l’on ne se souvient plus de son nom...
La phrase la plus prononcée à Angoulême est certainement : « Mais comment s’appelle-t-il encore ?... » Pour les chanceux qui se rendent aux vernissages ou aux remises de prix, il y a aussi ces moments gênants où vous croisez le regard d’une personne que vous croyez connaître. À partir de là, deux issues sont possibles : soit l’un décide d’ignorer l’autre, soit vous entamez la discussion par « Bonjour, je crois que nous nous sommes déjà rencontrés quelque part… ».
Angoulême au Soleil, est-ce quelque chose que l’on ne verra jamais ?
Ce jeu ne date bien sûr pas d’hier, mais pour cette 51e édition, un point est à relever : le climat. Angoulême, c’est toujours en janvier (à part une édition qui s’est déroulée en mars à cause du covid). Résultat : il fait toujours froid et pluvieux, moche quoi. Mais cette année, c’était différent : il y avait du soleil. Marchant rue Hergé, on croise le dernier des trois mousquetaires fondateurs du festival, Francis Groux. Le regard tourné vers le ciel, il s’écrie : « Depuis que le festival existe, il n’y a jamais eu un week-end ensoleillé comme celui-là ! » 16°, vous imaginez ?
Ce beau temps invite au cosplay. Bien que le FIBD ne soit pas la Japan Expo, les déguisements étaient plus nombreux dans cette édition, surtout en fin de semaine. En témoigne cette photo résolument épique où l’on aperçoit Batman et le commissaire Gordon poser fièrement devant la statue Carnot :
De quoi parle-t-on dans les bars ?
Selon ses goûts ou le pass dont on dispose, on boit à différents endroits : pour ceux qui veulent prendre en photo des stars de la BD, rendez-vous au Mercure ; pour les aficionados de la BD indé, il y a le off des off ou le Bêta ; les amateurs de bières pression ou de musique techno se rendront quant à eux à La souris verte ou à l’Alligator.
À Angoulême, on aime boire et parler bande dessinée en buvant. Si les débats ont été bien moins houleux que l’année dernière, on a vu resurgir quelques discussions classiques : sur l’opacité du scrutin, la composition du grand jury, la sélection officielle etc. On relèvera tout de même quelques sujets de débat plus récents : sur les planches de Jacobs ou la publication d’une contre-enquête sur le festival de Monsieur Bondoux...
Angoulême est souvent une bonne occasion pour se fâcher. Mais à tout prendre, cette édition a été plutôt tranquille. Seule agitation relevée par le FIBD dans son communiqué de presse : les blocages des agriculteurs charentais. Certains festivaliers craignaient de ne pas pouvoir se rendre au festival ; mais grâce au dialogue établi avec les agriculteurs et la préfecture, les voitures ont pu circuler.
Des expositions en partie décevantes :
Parmi les choses à faire à Angoulême, il y a aussi les expositions. Comme nous l’avons déjà rappelé dans un précédent article, il y a deux camps : sur le plateau, il y a les expos du FIBD ; et en contrebas, on peut traverser la Charente pour se rendre à celles de la Cité.
Dans l’ensemble, la rédaction d’ActuaBD n’a pas caché sa déception : d’une part, certaines expositions traduisaient une faiblesse au niveau de la scénographie (les expos sur François Bourgeon et Dracula) ; d’autre part, plusieurs d’entre-elles manquaient d’explications (par exemple, celle consacrée à l’œuvre de Samura).
On relève tout de même quelques franches réussites : « Croquez » où sont exposées de superbes planches, « Bergères guerrières », les magnifiques dessins signés Lorenzo Mattotti au Musée d’Angoulême, ou encore celles consacrées aux œuvres de la mangaka Moto Hagio, du scénariste Thierry Smolderen et de l’autrice Nine Antico.
Allez, hop, un petit aperçu !
Radio et prix :
À côté des expos, l’équipe d’ActuaBD s’est aussi rendue à la radio : tout au long de la semaine, plusieurs rédacteurs étaient présents sur le plateau de radio Zaï Zaï pour discuter BD, Webtoon, actu etc.
Nous avons déjà bien parlé, en temps réel, des multiples prix remis la semaine passée (Grand Prix, fauve d’or etc.), mais il y en a trois sur lequel nous aimerions insister. D’abord, deux prix ont été remis le samedi 27 janvier, à « midi vin », à la Maison Isabelle : le Schlingo, un prix dédié aux bandes dessinées d’humour, qui a été décerné à Zozo le Clown de Besseron, et le prix Couilles au cul, qui récompense le courage artistique, qui a été remis à l’illustratrice italienne Marilena Nardi. La cérémonie était présentée par une figure bien connue de Groland et de Fluide glacial, Franky Baloney.
Pour la deuxième fois, la rédaction a aussi eu le plaisir de remettre le prix ActuaBD de la meilleure bande dessinée à une autrice, Maran Hrachyan, pour son tout premier roman graphique, un thriller psychologique intitulé Une Nuit avec toi.
Nos lecteurs les plus observateurs remarqueront l’absence des deux Belges de l’équipe (respectivement directeur et chef de la rédaction) sur la photo prise pour l’occasion : où étaient-ils à ce moment précis ? Quelles interviews préparaient-ils pour satisfaire les lecteurs d’ActuaBD avides de sensation ? Cela reste à voir dans les publications à venir…
(par Hippolyte ARZILLIER)
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