Parfaitement réussie sur le plan formel, cette biographie use d’un graphisme pointu aux couleurs tranchées. Hors de question d’illustrer un tel personnage avec un dessin réaliste.
Sur le fond, le trio créatif semble vouloir réhabiliter le personnage, le présentant comme réellement convaincu par une forme d’anarchie militante gavée d’idéaux artistiques. Mouais. Le récit maintient, sans donc le souhaiter, cette image désastreuse de manipulateur cynique qui faisait du commerce tout en clamant haut et fort combattre la société de consommation. On voit bien dans ses relations avec les musiciens, surtout Johnny Rotten (le moins bête de tous) et Sid Vicious (le vrai symbole de l’aspect suicidaire du punk originel ?) que du début à la fin, McLaren a tiré des fils au gré du vent et de ses lubies passagères. Avec une fin rassurante pour Rotten, qui a pu développer une vraie carrière d’artiste, et dramatique pour Vicious, à la fois protégé et victime de son marionnettiste.
Au-delà d’aspects admiratifs embarrassants (cet avant-propos de Castelbajac !), attribuant à l’agitateur anglais bien des mérites (non, il n’a pas inventé le punk, ni "fait connaître" la world music, dixit la postface), ce récit gorgé d’agitation fébrile restitue parfaitement à la fois une époque et un personnage, dont on oublie qu’au départ, il voulait surtout être artiste lui-même.
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(par David TAUGIS)
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