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Midnight Nation - Par J. Michael Straczynski et Gary Franck (trad. Alex "Nikolavitch" Racunica) - Delcourt

Par Aurélien Pigeat le 19 février 2014                      Lien  
Réédition, dans un gros volume cartonné, du récit qui avait imposé Straczynski dans l'univers du comics. Magnifiquement dessiné par Gary Frank, c'est un nouvel incontournable que nous propose de (re-)découvrir Delcourt.

En préambule, un petit mot sur J. Michael Straczynski. Avant de devenir un scénariste de référence chez Marvel au cours des années 2000, Straczynski fit carrière à la télévision, notamment avec la série culte Babylon 5, dont il fut le créateur et le showrunner. Entre les deux, son entrée dans le monde du comics s’effectua par la série Rising Stars, de 1999 à 2005, et par Midnight Nation, série en douze épisodes publiés entre octobre 2000 et juillet 2002 (et initialement éditée en France par Semic Comics). C’est avec ces titres qu’il s’imposa dans ce milieu.

Midnight Nation débute comme un authentique polar, sombre à souhait. Des dealers exécutés, des cadavres mutilés, un mystère dont personne ne veut parler sous peine d’effroyables représailles. Pour mener l’enquête, David Grey, du LAPD, inspecteur à la dérive qui tombe rapidement sur plus fort que lui. Et meurt.

Midnight Nation - Par J. Michael Straczynski et Gary Franck (trad. Alex "Nikolavitch" Racunica) - Delcourt
Des créatures d’un mystérieux au-delà en guise de coupables...
Midnight Nation
© Straczynski / Franck

Enfin pas tout à fait : le voilà devenu une sorte de fantôme, errant dans "l’entre-deux", un monde superposé au monde réel, où échouent tous les laissés pour compte de la société, ceux que plus personne ne voient et qui ne peuvent plus agir sur le monde physique. Guidé par la belle mais froide Laurel, confronté aux terribles Marcheurs, sortes de démons, le voilà parti pour New York pour y retrouver son âme, dans une longue marche dont nul n’a jamais triomphé.

Plus qu’un récit fantastique - et l’on s’aperçoit rapidement d’ailleurs que ce pan-là de l’œuvre relève plutôt du religieux - c’est une quête initiatique que propose Midnight Nation. Quête qui possède deux versants : celui individuel, qui confronte chacun de deux héros à leurs doutes respectifs et à la foi qu’ils ont l’un dans l’autre, à l’amour qu’ils se vouent ; celui collectif représenté par cette population des parias relégués dans l’entre-deux et qui donne un caractère social à cette œuvre.

La longue marche est pour David l’occasion de renouer avec le passé, ses manqués.
Midnight Nation
© Straczynski / Franck

Certains pourront peut-être trouvés naïfs quelques développements, notamment les explications finales, pas forcément à la hauteur des attentes suscitées par les nombreuses questions posées au cours de ce périple. Mais il se dégage de l’ensemble une force évidente.

L’histoire est portée par le dessin irréprochable de Gary Frank. Sans doute typé mainstream, ou superhéros, son trait est d’une clarté et d’une finesse rares. Si les corps des personnages sont ainsi magnifiés, idéalisés, héros et antagonistes se trouvent comme chargés d’une aura qui nous tire déjà vers le dénouement mystique du récit, vers un sacré qui sous-tend l’ensemble de Midnight Nation.

C’est d’ailleurs, comme l’explique J. Michael Straczynski dans une postface à l’ouvrage, d’une sorte de crise mystique personnelle qu’est née cette histoire. Ou quand la création germe d’une longue traversée des ombres.

Une longue marche pour apprendre à se connaître, puis à s’aimer.
Midnight Nation
© Straczynski / Franck

(par Aurélien Pigeat)

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