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"Nettoyage à sec", un apologue désenchanté et sombre signé Joris Mertens

Par François RISSEL Patrice Gentilhomme le 14 mai 2022                      Lien  
Après le succès de "Béatrice", une fable muette auréolée d'un succès critique et public, le dessinateur belge Joris Mertens est de retour avec un album s’inscrivant dans la juste continuité du précédent. Il livre ici un récit noir doué d’une aigreur singulière, servi par un dessin foisonnant rappelant un certain Sylvain Chomet, et qui confirme son talent d’un auteur très prometteur.

Dans cette histoire, nous suivons le parcours de François, un quinquagénaire prisonnier d’une routine étouffante et un boulot lassant. Entre le bistrot, la blanchisserie et son appartement étroit, il suffoque dans une ville grise dans laquelle il ne cesse jamais de pleuvoir. Les seuls rayons de soleil dans sa vie sont la grille de loto qu’il remplit avec rigueur toutes les semaines depuis plus de 17 ans, et ses rencontres ponctuelles avec Maryvonne et sa fille avec lesquelles il aimerait être plus intime.

Au cours d’une livraison, un changement radical pourrait se présenter, mais rien ne se passe aussi facilement et notre modeste employé va se retrouver au cœur d’une sombre et étrange histoire.

"Nettoyage à sec", un apologue désenchanté et sombre signé Joris Mertens
Joris Mertens © Rue de Sèvres

Avec Joris Maertens, on assiste à l’émergence d’un auteur véritable. En proposant des récits originaux et traités de manière très personnelle qui évitent l’autofiction ordinaire, les sujets ou les effets dans l’air du temps, il construit peu à peu une œuvre originale et solide.

Déjà, avec son admirable Béatrice, on se trouvait face une démarche singulière aussi bien sur le plan graphique que narratif. Par son imagerie particulièrement soignée, jouant des lumières et des reflets sur l’asphalte de nos cités saturées d’éclats, de contrastes et de… solitude !

En usant des crayons graphites de différentes épaisseurs, l’auteur construit une ville étouffante d’une richesse incroyable. Qu’ils soient urbains ou ruraux, ses paysages portent un caractère anxiogène qui sert parfaitement son propos et lui donne toute sa substance. Mertens s’affirme comme l’un des auteurs les plus aptes à traduire en images ce que le chanteur Alain Souchon avait qualifié d’ultra-moderne solitude Elle fait bien sentir tout le caractère morne et triste de cet individu victime de son avarice. Si le précédent album de l’auteur était totalement muet, celui-ci se risque au dialogue de manière sobre mais très maîtrisée.

La ville comme autre personnage du récit.
Joris Mertens © Rue de Sèvres
Extraordinaire travail sur les reflets des lumières
Joris Mertens © Rue de Sèvres

La liberté comme la justesse du découpage et de la mise en page organisent la narration avec efficacité et retenue. Elle permet de rendre compte du talent exceptionnel du dessinateur qui s’affirme définitivement comme un auteur marquant, doué d’une identité propre, dont les travaux, immédiatement identifiables, vont désormais se faire attendre.

Joris Mertens © Rue de Sèvres

(par François RISSEL)

(par Patrice Gentilhomme)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782810201709

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La chronique de Béatrice le premier album de Joris Mertens

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