Une journaliste brésilienne apprend la mort d’une cantatrice à la carrière impressionnante. Et pourtant, son nom ne lui évoque strictement rien. Entre culpabilité professionnelle et enthousiasme de la découverte, elle se lance sur les traces de cette Maria d’Apparecida qui fit sensation à Paris avant d’élargir ses compétences dans un registre plus populaire.
C’est toujours un vrai plaisir de plonger dans une vie artistique en totale méconnaissance de la personnalité abordée. Cette "mission", Clara Chotil, la fille de la journaliste évoquée plus haut, la mène avec des allers-retours entre l’enquête contemporaine, dessinée de façon ultra-sobre au crayon bleu, et les scènes d’époque en couleur, d’un trait plus évocateur que réaliste.
Opera Negra ne se contente pas de raconter une vie de chant et de concerts. L’album met en avant le statut douloureux d’une "mulâtresse" victime du racisme au Brésil et découvrant une France accueillante, autant qu’elle a pu l’être avec les jazzmen afro-américain au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Car non, le Brésil n’était -et n’est toujours pas- un joyeuse parade dansante où blancs, noirs et métis se côtoient dans la joie. Les hiérarchies existent...
Le graphisme de l’autrice revendique des couleurs créatives et des contours qui se moquent des règles académiques. Un choix qui peut rebuter, mais qui dans un biopic de réhabilitation salutaire, prend son sens militant dans une esthétique où l’énergie et la passion priment. D’autant que la fin de vie -en 2017- de Maria d’Apparecida a la même fibre courageuse et généreuse que sa carrière.
(par David TAUGIS)
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