Sous l’impulsion de Louis XVI, le comte de Lapérouse prend les commandes de deux frégates, la Boussole et l’Astrolabe, pour une expédition scientifique qui doit le mener dans les eaux du Pacifique. Il part de Brest le 1er août 1785 avec physiciens, astronomes, géographes, dessinateurs et botanistes pour un voyage sans retour... En effet, trois ans après, il ne reste de cette expédition ambitieuse, dans la veine de celles de James Cook, que la tragédie de la disparition.
Quarante ans plus tard, en 1826, alors qu’il navigue au large des îles Fidji, Peter Dillon, le commandant d’un vaisseau marchand, accoste sur l’île de Tikopia, où il retrouve le matelot Martin Bushard qu’il avait déposé à sa demande treize ans plus tôt. C’est dans le contexte de ces retrouvailles que Peter Dillon découvre des objets qu’il suppose avoir appartenu à l’expédition Lapérouse.
Nous voilà plongés au cœur d’une énigme historique oubliée qui a inspiré Boris Beuzelin, scénariste et dessinateur de l’album, et c’est une réussite. Il laisse la parole à Peter Dillon, un marin qui a réellement existé et qui raconte son incroyable périple comme un récit d’aventure à rebondissements multiples dans lequel se mêlent amitié, surnaturel, suspense et mystère.
Les fièvres, les cauchemars de Dillon ouvrent la porte à un univers fantasmagorique, mais également certains personnages, dont le caractère ajoute à l’ambiance trouble, comme Bryan Borou, son mystérieux ami, méfiant face aux chefs des populations autochtones.
Si Boris Beuzelin a sérieusement travaillé son sujet à partir du journal de bord et du récit de Peter Dillon, il a cependant souhaité prendre quelques libertés avec le témoignage et à préféré en livrer une version "fantasmée" comme pour donner du relief et de l’intensité au récit. Dans sa quête devenue obsessionnelle, Dillon se met en danger.
Le rythme narratif entrecoupé de flash-backs est équilibré et le choix graphique (aplats et lavis) souligne particulièrement l’intensité du récit d’aventure qui oscille entre réalité historique et fantastique.
Il y a chez Peter Dillon un peu de l’âme de Corto Maltese... Les héros ne meurent jamais, aussi, souhaitons retrouver Peter Dillon dans d’autres aventures maritimes...
(par Nadine RIU)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Peter Dillon, L’énigme Lapérouse. Par Boris Beuzelin (scénario et dessin). Glénat. Collection Treize Etrange. Sortie le 13 mars 2021. 21 x 29 cm. 96 pages couleur. 17,50 €.