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Pour l’Empire, tome 1 - Par Merwan Chabane & Bastien Vivès - Editions Dargaud

Par Beatriz Capio le 21 avril 2010                      Lien  
Merwann Chabane et Bastien Vivès fantasment une Odyssée nouvelle en trois actes dans la collection Poisson Pilote.

Les deux auteurs issus -notamment- de l’animation s’associent pour produire un péplum aux échos existentiels. Au sein du même atelier, ils ont travaillé à parité le fond comme la forme, mettant en scène un bataillon d’élite dirigé par le loyal Glorim, à la découverte de contrées inconnues où l’Empire n’a pas encore planté son drapeau.

Le début du récit nous montre Glorim rassemblant sa troupe, dont les éléments forts se distinguent par leur personnalité et leurs attributions. Tous exceptionnels et charismatiques à leur manière, ils forment une sorte d’équipe de héros entre Argonautes et Avengers, avec leurs états d’âme, leurs jalousies rentrées et leurs conflits qui n’appellent qu’à exploser dans un huis clos sous le soleil exactement.

Pour l'Empire, tome 1 - Par Merwan Chabane & Bastien Vivès - Editions Dargaud
© Merwan - Vivès - Dargaud

Constitué de séquences identifiées par un “cut” de bas de page tout cinématographique, le récit se présente comme un long départ arrêté, et acquiert une sorte de temporalité abstraite qui épouse l’impression de flou que dégage tout le scénario : les personnages ignorent le but de leur mission, la durée du voyage, les dangers du périple. De ce point de vue, la nécessité faite loi pour ces hommes est très bien rendue par un découpage efficace et intelligent.

Les dialogues par contre sont au mieux empruntés, au pire empesés et laissent paraître les références des auteurs qui tentent de trouver, sans y parvenir tout à fait, le ton juste. On se demande par exemple si la théâtralité sied bien aux hommes du rang. De la même manière, leurs mœurs sont étonnamment proches des nôtres. Entre deux chaises, leur univers n’affirme pas totalement sa consistance dans ce tome.

Des surfaces peintes sont intégrées à la couleur informatique. Un modus operandi en vogue.
© Merwan - Vivès - Dargaud

Formellement, le trait s’autorise à trembler de temps à autre, mais jamais ne s’auteurise. Il lui manque la pesanteur, la fatigue, la sensualité sous-jacente que le récit esquive sans cesse. Car si la distanciation psychologique est un parti-pris judicieux -quoique commun- pour traiter d’un groupe de militaires, le désengagement physique des auteurs est préjudiciable à la lecture et leur ligne claire élégante semble en porte-à-faux avec le propos -la fatigue, la dureté des conditions, le doute qui ronge.

Si les couleurs, et surtout les textures très travaillées de Sandra Desmazières émulent astucieusement les peintures usées de Pompéi avec leurs tâches d’humidité, leur poussière et leurs raclures, le tout manque de contraste, au point de noyer le cerne léger du dessin dans certaines images, et de sombrer dans le systématisme sur la longueur.

© Merwan - Vivès - Dargaud

Un premier volume riche, et pourtant assez creux, qui en annonçant fièrement les deux prochains, dont les dates de sorties sont déjà calées, pose la question de sa cohérence propre en tant que livre isolé. Pour l’Empire sera peut-être un péplum passionnant de 150 pages, mais en l’état, L’Honneur, n’est qu’une mise en bouche au goût intriguant.

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(par Beatriz Capio)

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