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Corto Maltese : de Venise à Babylone

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 9 décembre 2023                      Lien  
Deuxième volume de la série « moderne » de Corto Maltese où le marin un peu mystérieux et guindé début de siècle inventé par Hugo Pratt se trouve transposé par Martin Quenehen et Bastien Vivès en plein XXIe siècle. On l’avait lâché au moment de l’attentat du 11 Septembre contre les tours jumelles de Manhattan, on le retrouve ici à Venise en 2002, marchant les cendres encore fumantes de la guerre de Yougoslavie, puis à Istanbul pour arriver enfin en Mésopotamie, ou plutôt en Irak, sur les ruines de Babylone. Il y a rendez-vous avec une reine.

Corto - cela vous étonne ? - apparaît dans cet album dans les bras d’une femme. Semira est envoûtante, il est amoureux. Au point de la suivre dans l’équipée d’une bande de Bosniaques frappadingues qui tentent de s’attaquer à des Serbes dealant avec des Irakiens. Corto redevenu pirate pour l’amour de Semira, dont une goupille bat sur l’opulente poitrine ? Certes, mais c’est compter sans les forces spéciales américaines qui entrent dans la danse… Et des Islamistes qui voient le diable juif dans tout Occidental...

Corto Maltese : de Venise à Babylone

De Hugo Pratt, que conserve-t-on ? Le héros, beau gosse. Des situations historiques floues. Des dialogues énigmatiques, des silences contemplatifs qui en disent long. Un héros transformé en Soldier of Fortune pour les beaux yeux d’une femme. Et puis de l’action, beaucoup d’action.

Qu’apporte-t-on ? Une lecture très contemporaine de l’histoire récente. Des situations barbouzardes. Une photographe américaine célèbre. Une ancienne conquête de Corto tombée enceinte. Enfin, une reine babylonienne dont on n’est pas sûr que ce ne soit pas une hallucination. En résumé, un Corto Maltese reformaté qui n’a plus rien à voir avec l’ancien, quoique… Il est toujours le fils d’un marin des Cornouailles et d’une Gitane juive. Comme l’autre.

Le dessin de Bastien Vivès est décontracté au possible, mais oui, virtuose. Dommage que le traitement des grisés soit moins réussi.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN : 9782203276208

Corto Maltese Casterman ✏️ Bastien Vivès à partir de 13 ans Aventure France Marché de la BD : Faits & chiffres
 
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14 Messages :
  • Corto Maltese : de Venise à Babylone
    9 décembre 2023 23:20, par Kyle William

    Ah ! Je pensais que vous n’alliez même pas en parler, tellement le black-out autour de cet album a été total. Je l’ai acheté immédiatement, mais pas encore lu. Le dessin est franchement impressionnant de virtuosité, comme vous dites, même si l’usage de la palette graphique commence à me lasser. En tout cas, beaucoup de dessinateurs dans le métier aimeraient être capables de dessiner comme ça en n’ayant pas le dixième du quart des problèmes que Bastien Vivès a connu l’an passé.

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  • Corto Maltese : de Venise à Babylone
    10 décembre 2023 06:35, par Milles Sabords

    Bastien Vivès, virtuose ? Normal, c’est un très bon dessinateur réaliste à la base, qui a épuré son trait au max pour obtenir un style « stroryboardé » plus rapide. Pas spécialement fan, trop « publicitaire », mais c’est malin et bien fait. Par-contre, on peut mettre n’importe quel intitulé sur la couverture, « Torto Balaise », « Paulo Fraise », peu importe, ça marchera aussi comme étant la nouvelle série de Vivès. L’album n’en a de Corto Maltese que l’intitulé de la franchise. À quand les éditeurs arrêteront de copier le système américain pour laisser la place à de nouveaux personnages et séries ? À quand laisseront-ils enfin la main aux auteurs ? Il est urgentissime que la BD Européenne redevienne un cap à suivre et non un laboratoire d’idées commerciales.

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    • Répondu le 10 décembre 2023 à  13:52 :

      Non, Vivés n’est pas un grand réaliste au départ, pas plus que Hugo Pratt, mais les deux sont d’excellents dessinateurs. On aimerait bien voir ce que vaut Vivés sur papier, ça changerait.

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      • Répondu par Phildar le 11 décembre 2023 à  01:49 :

        Vivés n’est pas un grand réaliste au départ, pas plus que Hugo Pratt

        Encore un qui croit que le dessin réaliste se résume à Jacques Martin.

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        • Répondu le 11 décembre 2023 à  07:26 :

          Lol non pas du tout ! Je ne considère pas Martin comme un réaliste non plus… à moins de considérer la réalité comme une scène de théâtre.

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    • Répondu le 11 décembre 2023 à  07:09 :

      Vraisemblablement, ils arrêterons quand plus personne ne les achètera, mais j’ai pas l’impression que ça va dans ce sens...

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      • Répondu le 11 décembre 2023 à  07:46 :

        Oh si, ça va dans ce sens… surtout quand on évite de faire la promotion d’un album.

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    • Répondu par jan v. le 14 décembre 2023 à  17:48 :

      Pratt atteint un niveau poétique très différent dans ses abstractions. Vives fait plutôt penser à un Autheman dans ses romans graphiques, ce qui est également une réussite.

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  • Corto Maltese : de Venise à Babylone
    10 décembre 2023 12:36, par Lady Slexique

    Cher actuabd, vous écrivez dans l’intro "un peu mystérieux et guindé début de siècle". Je ne suis pas d’accord, le Corto de Pratt n’est pas guindé (il ne faut pas juger un homme sur son costume), plutôt désinvolte et rêveur, romantique et désabusé....On le comprend un peu vu les tumultes historiques qu’il a vécu en ce début de siècle troublé. A signaler, j’apprécie son comportement vis-à-vis des femmes qu’il rencontre, il est toujours délicat et attentionné.

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    • Répondu le 10 décembre 2023 à  19:43 :

      Tout à fait d’accord. Corto est un gentleman un peu voyou, ou peut-être un voyou déguisé en gentleman. Il est élégant, assurément beau garçon, mais certainement pas guindé. Et son ironie, de toute évidence, n’est que de façade.

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      • Répondu le 11 décembre 2023 à  12:40 :

        Vivés et Pellejero sont très bons et servis par d’excellents scénaristes. Mais l’un comme l’autre n’arrivent pas à la cheville de Pratt pour ce qui concerne les personnages féminins. Pratt a créé des figures féminines inoubliables, toutes différentes, pas seulement bien dessinées mais formidablement bien écrites. Les femmes dans les planches de Vivés et même dans celles de Pellejero ressemblent surtout à des poupées mignonnes.

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        • Répondu par Lady Slexique le 11 décembre 2023 à  20:42 :

          Normal, nous sommes difficiles à saisir (sauf par les brutes sans scrupules ggrrr), et notre personnalité est parfois complexe. Tiens je croyais que Vivés avait du talent pour nous dessiner ??

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          • Répondu le 12 décembre 2023 à  14:57 :

            Il a beaucoup de talent mais comme beaucoup de dessinateurs, il n’a que quelques modèles de femmes dans sa besace.

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            • Répondu le 15 décembre 2023 à  19:28 :

              La plupart des dessinateurs n’a pas plus que quelques modèles d’hommes dans leurs besaces (quand c’est Jean Graton c’est un seul qu’il custumise).

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