Legatus s’est échappé, évitant de peu une exécution sommaire. Le chien Messie a disparu mais ses idées sont plus présentes que jamais. La révolution a sonné parmi les espèces brimées et les paroles prophétiques de Legatus résonnent avec un écho assourdissant.
Les gouverneurs de l’autorité suprême de la race humaine se sont réunis, bien conscients de l’étau qui se referme sur leur toute puissance. Les colonies de rebelles se soulèvent une à une ralliant de plus en plus de bannis, de miséreux et de laissés-pour-compte. Pire encore, certains gouverneurs et des soldats de l’élite rejoignent leurs troupes avec l’espoir d’un monde meilleur, une vie prospère où chaque individu quel qu’il soit serait libre de penser et d’agir dans le respect de son prochain.
Mais toute malmenée qu’elle soit, cette race totalitaire qui se considère comme l’autorité suprême entend bien garder la main dans ces rapports de force tandis qu’en face, révolutionnaires et exclus espèrent et prient le retour du chien Messie Legatus ...Tout va se jouer à l’Est, où le "mur vert" de l’armée des libérateurs affronte sans relâche les troupes fidèles à l’Empire.
Le début de la saga nous avait déjà captivés par son rythme effréné, son lot de sentiments éprouvants, par ses nombreux rebondissements et par les questions existentielles soulevées par Legatus. Ce second cycle emprunte un itinéraire parsemé de pièges nettement plus imposants, révélant un héros venu de nulle part, ayant tout perdu, un Messie qui devient contre toute attente l’élément déclencheur d’une nouvelle ère.
Bien plus qu’un simple "road movie" à la Mad Max où l’on insère des protagonistes animaliers, Oscar Martin touche le lecteur par une expérience visuelle et littéraire reprenant des thématiques sociales, politiques, religieuses, concernant la condition de vie de l’individu, ses choix de décisions et de parcours.
Ce récit pétri d’humanité est royalement servi par la touche graphique d’Oscar Martin qui, comme dans les tomes précédents, propose un trait précis et magnétisant. Notons les teintes douces et chaleureuses lors des interactions avec les disciples de Legatus en quête de paix spirituelle, tandis que des nuances de couleurs plus sombres sont utilisées pour les scènes de guerre, démarquant intelligemment les divergences d’opinions entre gouverneurs et forces rebelles. Une fois encore, la colorimétrie joue un rôle déterminant avec un résultat ô combien impressionnant.
Une pépite ingénieuse et créative qui ne perd pas son tempo. On recommande !
(par Marc Vandermeer)
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Solo T.5 : Marcher sans soulever de poussière. Auteur : Oscar Martin. Éditeur : Delcourt Comics. 88 pages. Sortie : le 27 janvier 2021. Prix : 14,95 euros.
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