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Suicide Squad Blaze - par Simon Spurrier & Aaron Campbell - Urban Comics

Par Jaime Bonkowski de Passos le 22 février 2023                      Lien  
Un tueur invisible et invincible, des héros dépassés, et l'horloge qui tourne : voilà un job parfait pour la Suicide Squad ! Simon Spurrier et Aaron Campbell s'emparent de l'équipe d'anti-héros la moins fiable du DC Universe pour les embarquer dans une mission à haut risque. Et cette fois, ce ne sont même pas eux les héros (enfin, vous voyez ce que je veux dire).

Partout sur le globe, un insaisissable méta-humain sévit dans une folie meurtrière, tuant chaque jour trois personnes au hasard dans d’atroces souffrances. Même la Justice League est sans solution, alors le gouvernement fait appel à leur équipe dédiée aux opérations les plus risquées : la Suicide Squad.

Sauf que cette fois, même le Peacemaker, Captain Boomerang, King Shark et Harley Quinn ne sont pas au niveau. Et Amanda Waller n’a pas d’autre choix que d’utiliser son dernier recours : piocher dans le tas des irrécupérables du système pénitentiaire, et leur offrir des supers-pouvoirs en espérant que dans le lot, l’un d’entre eux se montre efficace.

Et voilà donc tout ce petit monde, la Suicide Squad à l’ancienne et les nouveaux venus méta-humains depuis quelques jours, qui s’envole pour les Andes à la recherche du tueur. Ouais, dit comme ça, que pourrait-il mal se passer ?

Suicide Squad Blaze - par Simon Spurrier & Aaron Campbell - Urban Comics

Délire cosmique

Il est de coutume dans les comics de réserver les adversaires les plus puissants aux héros les plus forts. Cette fois, c’est à la team de décérébrés dangereux qu’est la Suicide Squad de gérer un ennemi beaucoup trop puissant pour eux, bien au-delà de leur (et de notre) compréhension.

Simon Spurrier et Aaron Campbell n’ont que faire des limites de puissance de leurs personnages, des ordres de grandeur communément admis dans l’écosystème comics : ils offrent, le temps du récit, la puissance absolue d’un être cosmique à des anonymes, des humains dépassés qui se débattent de toutes leurs petites forces.

À l’instar du film de James Gunn qui sert de base à l’équipe de Spurrier et Campbell, le récit est pétri d’humour noir charbon et rouge hémoglobine, doublé d’un discours assez pertinent sur la place des super-héros (et des idoles en général), et sur ce que le pouvoir est prêt à faire pour préserver l’illusion du contrôle. Mais surtout, il est glauque. L’explication finale sur l’origine du méchant rappelle un peu les extrêmes philosophiques auxquels nous soumettent The Boys et Invincible, teintés d’une dimension cosmico-quantique qui donne du vrai panache à l’histoire. Sans spoiler, vous en aurez pour votre éthique.

Le livre entier est donc rythmé par cette double lecture entre rire grinçant devant l’ultra-violence et l’absurde des scènes, et réalisation plus sombre de la pertinence du propos politique sous-jacent. Au lecteur de choisir ce qu’il en retiendra.

Pour ce qui est des dessins, Campbell démontre le même niveau de maîtrise que dans son impressionnant Hellbazer (aussi réalisé aux côtés de Simon Spurrier) ou dans Infidel, un autre récit moins connu mais tout aussi puissant et pas sans lien, dans le fond, avec le présent ouvrage.

On retrouve ses obsessions graphiques pour le psychédélisme et sa propension à confronter ses personnages à des forces qui les dépassent. Il recourt abondamment aux artifices graphiques habituels de son art : effets de flous pour évoquer les esprits, les revenants et la magie, explosions de lumières colorées, ombres saturées et visage hyper-expressif...

Le style global, hallucinant au sens premier du terme, risque de désarçonner les lecteurs moins aguerris, mais l’ensemble reste très efficace et foutrement cohérent avec la nature de l’histoire : ultra-dark tout en restant ultra-percutant.

On regrettera tout de même la fin assez prévisible, vu le type d’histoire, et donc pas si originale que ça, ce qui est dommageable vu l’inventivité du reste. Également, certaines scènes de baston "dures" (genre poings contre poings) sont assez peu lisibles. En cause, le style graphique flamboyant de Campbell, beaucoup plus adapté aux manifestations psychiques et aux combats mystiques qu’aux échanges de gnons classiques.

Une fois de plus, le Black Label d’Urban Comics s’enrichit d’un très bon titre qui ravira les amateurs de comics un peu plus sombres que la moyenne. L’histoire est bien ficelée, les dessins sont beaux, les personnages sont cools et on passe un vrai bon moment de lecture, tout en ayant de la matière à réfléchir après coup. Que demander de plus ?

(par Jaime Bonkowski de Passos)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9791026822448

Suicide Squad Blaze - par Simon Spurrier & Aaron Campbell - Urban Comics - 168 pages - 24/02/2023 - 17€.

Suicide Squad adulte Arts martiaux, Combats Super-héros
 
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