Night Fever est un de ces projets que le duo, qu’on ne présente plus, voulait mettre en avant pendant la trêve avec Reckless. Un décor familier à Sean Phillips qui voulait quitter Los Angeles pour son Europe natale, un récit longtemps oublié au fond d’un tiroir pour Ed Brubaker…
Jonathan Webb, à défaut d’être devenu écrivain, est un excellent éditeur et représentant commercial. Une vie sans véritable risque qui l’a mené à vivre aisément dans une agréable banlieue américaine. Avec une femme belle et aimante, deux enfants inscrits dans de prestigieuses écoles : il a tout pour être envié. Mais son existence lui pèse, le train-train quotidien manque cruellement de piment… Jusqu’au jour où il doit représenter la sortie d’un livre étrangement familier. L’entame de base reflète un rêve qu’il a longtemps eu par le passé, écrit noir sur blanc par quelqu’un d’autre.
Ça aurait pu être un détail anodin si l’irritation qui en découla n’avait pas bouleversé le séjour de Jonathan à Paris ! Aigri du succès qu’il aurait, finalement, pu avoir : il se met à boire plus que de raison, oublie quelques rendez-vous et se retrouve à filer un couple masqué dans les ruelles de la capitale française. L’ivresse du mystère, oser prendre l’identité d’un invité pour jouer son rôle dans un établissement où se mêle jeux, alcool et luxure : voilà de quoi pimenter son existence… bien plus qu’il n’aurait pu l’imaginer quand il va rencontrer un certain Rainer.
Avec son graphisme sombre habituel, Sean Phillips nous enjoint à suivre les nouvelles aventures de Mr. Webb. Un défilé de soirées trépidantes rythmées par la boisson et la criminalité. Un dessin qui rehausse largement la trame d’Ed Brubaker qui semble appesanti par la lassitude de son héros. Hormis quelques coups d’éclats, le scénario se traîne de bout en bout malgré le potentiel indéniable. À croire que Jonathan Webb a réussi à fatiguer son auteur au point de longtemps l’avoir oublié dans un tiroir.
Difficile alors de savoir ce qu’en penseront les lecteurs. Sans doute que le public lambda appréciera ce récit sombre, sortant des sentiers battus de la vie métro-boulot-dodo, mais les fans inconditionnels du duo d’artistes risquent sans doute d’avoir un arrière-goût de trop peu, pas assez d’actions perturbantes, de sang et d’affrontements pour énormément de redondance dans l’ennui du protagoniste principal. Une interlude dans l’œuvre d’Ed Brubaker et Sean Phillips qui, espérons-le, sera suivie par des titres plus explosifs !
(par Marc Vandermeer)
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Night Fever. Scénario : Ed Brubaker. Dessin : Sean Phillips. Editeur : Delcourt Comics. 112 pages. Sortie : le 18 octobre 2023. Prix : 16,95 euros.
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