The Scumbag T. 2 : Moonflower - Par Rick Remender, Bengal, Francesco Mobili & Collectif - Urban Comics

Ernie Ray Clementine n’est décidément pas un homme comme les autres. Passé du stade de zéro ignoré de tous à celui de véritable légende sur les réseaux sociaux : ce hippie, drogué à toutes les substances que l’homme ait pu inventer, continue de surprendre l’audimat.

Depuis qu’il a ingéré par inadvertance le super sérum "La Formula Maxima", le voici dorénavant devenu un agent secret doté de pouvoirs hors normes, faisant de lui "La star" toutes compétitions confondues. Mais pas qu’un simple agent puisqu’il joue sur les deux facettes, en tant qu’agent double, malheureusement contraint d’obéir à la société Scorpionus.

Sa nouvelle mission : neutraliser le groupe terroriste "Moonflower", dirigé par Madame Hive, dont le concept consiste à forcer tout le monde à penser de la même manière.

Aux commandes scénaristiques, Rick Remender nous livre une deuxième valse aussi tonitruante que lors du 1er acte. Une ambiance survoltée à perte de vue pour laquelle tout semble possible, sans aucun tabou, ni limite raisonnable.

Nous avons donc droit à une interprétation de sexe, drogues et rock n’roll à répétition, avec au cœur du problème : sauver la planète de ses bourreaux mégalomanes prêts à tout pour arriver à leurs fins. Et dans ce dédale tordu mais jubilatoire, un anti-héros parachuté dans un monde de politiques véreux et de dangereux criminels. Bref, tout sauf un long fleuve tranquille.

Les chapitres s’enchaînent à un rythme effréné sans temps mort et régalent par leur aspect purement psychédélique. Mais à force, ce versant laisse presque place à une forme d’insensibilité de tant de dévergondage.

Les corps nus s’entrelacent dans un melting pot d’orgies et de drogues en tous genres utilisées bien plus que de manière récréative. Mais bon, cette pure fiction rythmée à 300 à l’heure dans un genre Hard Boiled fonctionne correctement d’amont en aval. Un divertissement pour lequel il nous faut réfléchir peu, nous berçant d’une page à l’autre par une colorimétrie hypnotique.

©Francesco Mobili / Urban Comics

La partie graphique quant à elle, est assurée par plusieurs dessinateurs qui s’attellent à tour de rôle dans ce concentré psychédélique. C’était déjà le cas lors du 1er tome où 5 dessinateurs dont Eric Powell & Lewis Larosa, s’étaient particulièrement illustrés. Une homogénéité, malgré tout différenciable selon les artistes à l’œuvre, qui pour la plupart propose un trait nerveux mais alléchant.

À l’exception de Bengal, dont le trait enfantin et approximatif dénote, les autres artistes proposent une sélection artistique créatrice, dynamique et en parfaite adéquation avec la trame.

Francesco Mobili donne le ton avec son rythme soutenu, la justesse de ses protagonistes ainsi que certains arrière-champs divinement réussis. Certes, dans un style ultra-moderne, branché, et plutôt osé. Certaines planches sont hélas trop surchargées dans leur contenu, mais reconnaissons-le, de manière générale, le résultat parle de lui-même.

Nous retiendrons surtout l’excellent travail signé Alex Riegel, qui répond le plus à nos attentes par des faciès totalement désopilants et énergiques, finalement ce qui se rapproche le plus du scénario de Rick Remender.

Une série qui s’adresse indéniablement à un public adulte et averti, tant la morale bien qu’élevée au second degré semble être aux abonnés absents.

©Alex Riegel / Urban Comics