1931, en pleine prohibition, Roy Nash un tueur travaillant pour la mafia. Condamné à perpétuité, il s’évade de sa prison grâce à l’intervention musclée du Boss de Chicago. Pour payer sa dette envers ses libérateurs, Roy devra honorer un contrat : retrouver trois braqueurs indélicats qui se sont évanouis avec le butin d’un braquage... en oubliant de partager.
Cette histoire serait ordinaire si l’un d’entre eux n’avait pas embarqué au passage l’ex-petite amie de Nash, dont on comprend assez vite la motivation principale, le tueur en est toujours raide dingue. Ce criminel à la gâchette facile n’hésite pas à se servir de sa mitraillette face à tous ceux qui se mettraient en travers de sa route. Il va donc écumer les bas-fonds de Los Angeles, non seulement pour rechercher les trois malfrats, mais également pour récupérer sa dulcinée. Il ira même jusqu’à faire alliance avec un flic…véreux !
Walter Hill, le réalisateur américain de 48 heures, scénariste d’Alien aime la BD !. Après avoir adapté en 2013 Du Plomb dans la tête, écrite par Matz, (scénariste du Tueur chez Casterman), le cinéaste récidive avec ce polar noir en s’adjoignant les services de Jef, un dessinateur déjà connu pour son adaptation de Flash ou le grand voyage (des ronds dans l’eau).
Si la trame de ce polar crépusculaire reste classique, les décors et les ambiances très cinématographiques saisissent dès la première lecture. En associant cette idée de contrat à celle du thème de la vengeance, l’histoire de ce tueur froid et taciturne au look inspiré du Delon des meilleurs films de Melville devient très vite captivante.
Si on se doute que rien ne se passera comme prévu (c’est la loi du genre !), les plans serrés et la mise en page renforcent un climat haletant et pesant à souhait.
Cette histoire de gangsters sur fond de prohibition séduit, tout en recyclant les lois du genre, grâce à la facilité avec laquelle Jef utilise les couleurs et les ressources d’un découpage sans faille pour donner cette atmosphère si particulière en totale osmose avec son sujet.
Flirtant avec l’hyperréalisme, son dessin tire toute sa force d’ambiances sépia et de ses éclairages très maitrisés.
Présenté dans un format et un volume inhabituels (120 pages), ce livre qui hésite entre roman graphique et album luxueux se présente une fois de plus sous une maquette soignée et séduisante. Une raison de plus pour l’ouvrir et ne plus le lâcher !
(par Patrice Gentilhomme)
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