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Bédéis Causa 2017 : le Grand prix pour Eid et Paiement

Par Marianne St-Jacques le 8 avril 2017                      Lien  
La Femme aux cartes postales (La Pastèque) a remporté les grands honneurs au 30e Festival de la BD francophone de Québec. La soirée a également été l’occasion de rendre hommage à la pionnière de la bande dessinée québécoise Yvette Lapointe (1912-1994). Le Prix Albert-Chartier lui a été décerné à titre posthume.

Déjà primés à l’automne 2016 [1], Jean-Paul Eid et Claude Paiement ont reçu le Grand prix de la Ville de Québec, qui récompense le meilleur album de langue française publié au Québec. Campé dans le Montréal des années 1950, La Femme aux cartes postales est à la fois un hommage à la belle époque du jazz, une histoire de triangle amoureux, ainsi qu’une quête d’identité racontée sous forme de polar.

Bédéis Causa 2017 : le Grand prix pour Eid et Paiement
Jean-Paul Eid et Claude Paiement, La Femme aux cartes postales, La Pastèque.
D.R.

C’est le co-scénariste Claude Paiement (également metteur en scène au théâtre) qui est venu chercher le prix sur scène. Celui-ci a souligné la richesse de la collaboration ayant mené à cet ouvrage : « Je suis content de pouvoir partager cela avec Jean-Paul. Ça me fait aussi très plaisir qu’il m’ait amené dans cette aventure. On a travaillé longtemps sur ce projet. Ça s’est étalé sur presque 10 ans. On sentait qu’on avait une bonne idée, mais en même temps on ne sait jamais. De voir que les gens ont aimé, qu’ils vu ont les choses qui nous intéressaient, c’est un grand bonheur. (…) J’ai appris beaucoup avec Jean-Paul. Avant d’être un collaborateur, c’est un ami. C’est quelqu’un que je connais depuis le cégep. Il avait 16 ans, j’en avais 17. On a fait du théâtre ensemble ! »

Le co-scénariste Claude Paiement a remporté le Grand prix de la Ville de Québec. Celui-ci lit la lettre de remerciement de son collègue Jean-Paul Eid, qui ne pouvait assister à la cérémonie.
Photo : Marianne St-Jacques.
Jean-Paul Eid, dessinateur et co-scénariste de La Femme aux cartes postales, a remporté le Grand prix de la Ville de Québec.
Photo : Marianne St-Jacques (archives, Salon du livre de l’Outaouais 2017).

Le Prix Réal-Fillion, qui récompense le meilleur premier album professionnel publié par un auteur québécois, a été décerné à Mélodie Vachon Boucher pour son ouvrage Les Trois carrés de chocolat (Mécanique générale), témoignage graphique intime. La jeune auteure n’a pas caché son émotion au moment de recevoir son prix : « Je suis super émue. L’an dernier, j’ai fait mes premiers pas au festival. Je suis arrivée avec des fanzines et l’accueil avait été vraiment généreux, ouvert, enthousiaste. Cela m’avait vraiment touchée et encouragée à continuer. Ce genre de réunion permet aussi des rencontres. C’est ici que j’ai rencontré mon éditeur (Renaud Plante). Pour moi, c’était incroyable de revenir un an plus tard avec un premier album publié. D’être en nomination était déjà une victoire. C’est incroyablement touchant d’être lauréate ». Celle-ci œuvre présentement à l’autoédition d’un album intitulé Livre de peine, en plus de préparer Le meilleur a été découvert loin d’ici, un nouvel album qui devrait chez Mécanique générale à l’automne 2017. Mélodie Vachon Boucher travaille également au synopsis d’Avant le ciel, une histoire d’amour entre deux personnes âgées.

Mélodie Vachon Boucher est visiblement très émue de recevoir le Prix Réal-Fillion.
Photo : Marianne St-Jacques.

Pour une deuxième année, le Prix Jacques-Hurtubise a été remis à un auteur de la relève. Stéphane Johnson a reçu une bourse de 1000 $ offerte par Brouillard Communication afin d’autoéditer un projet BD. Une récompense bien spéciale pour un auteur ayant côtoyé le co-fondateur de Croc de manière privilégiée : « C’est vraiment magique pour moi de recevoir le Prix Jacques-Hurtubise. J’ai eu la chance de le rencontrer en 2011, alors qu’il travaillait pour MétéoMédia comme technicien en informatique. Ma copine travaillait avec lui et lui a dit que je faisais de la bande dessinée. Malgré le fait qu’il n’était plus éditeur, il tenait à voir mes pages. Il a été très gentil. Il m’a donné des commentaires, des critiques. Et surtout, il m’a donné d’excellents conseils, que j’ai suivis. Je les ai mis en pratique dans ce projet, que j’ai soumis au Prix Jacques-Hurtubise sans vraiment y croire. » Cette subvention servira à la réalisation de son projet intitulé « La Clique vidéo », un récit mettant en vedette cinq jeunes qui se réunissent pour produire une websérie humoristique, et dont la sortie est prévue pour 2018.

Stéphane Johnson reçoit le Prix Jacques-Hurtubise 2017.
Photo : Marianne St-Jacques.

Quant au Prix Albéric-Bourgeois (meilleur album publié à l’étranger par un auteur québécois), celui-ci revient à Guy Delisle pour S’enfuir : Récit d’un otage (Dargaud). Véritable pavé graphique raconté à la manière d’un huis clos, ce témoignage retrace la l’enlèvement de Christophe André, travailleur humanitaire français kidnappé dans le Caucase en 1997 et détenu pendant 111 jours.

Hommage à une pionnière

Yvette Lapointe (1912-1994), pionnière de la bande dessinée québécoise.
Photo : courtoisie du Festival de la BD francophone de Québec.

Remis à une personne ou un organisme ayant marqué le milieu de la bande dessinée québécoise, le Prix Albert-Chartier 2017 a été décerné à titre posthume à Yvette Lapointe, l’une des premières femmes à publier de la bande dessinée au Québec.

Née en 1912 à Montréal, Yvette Lapointe publie dès 1932 un premier strip quotidien dans L’Illustration. Intitulée Pourquoi ?, la série est diffusée pendant près d’un an. Le 27 mai 1933, Yvette Lapointe publie le strip Petits espiègles dans le journal La Patrie. Pendant quatre mois, cette série mettra en vedette les histoires drôles et les mauvais coups de deux enfants, Réal et Mimi Pistache. L’auteure publiera également des illustrations dans l’hebdomadaire Le Samedi, ainsi qu’une série de publicités pour l’entreprise de cirage à chaussures Nugget dans La Patrie, La Presse et Le Samedi.

Les quatre fils d’Yvette Lapointe étaient présents à la cérémonie afin d’accepter le Prix Albert-Chartier au nom de leur mère. Il s’agit d’une grande source de fierté pour la famille, comme l’affirme André Labelle : « Pour moi, c’est un rêve qui devient réalité. Je me souviens quand j’étais plus jeune, ma mère avait ses grands cahiers avec ses originaux qu’elle conservait. Nous savions, nous, qu’elle avait fait du dessin avant de se marier. Quand elle est décédée, en 1994, un de mes cousins a fait des photocopies de ses dessins, qui ont été partagés avec la famille élargie. Et là, aujourd’hui, c’est tout le Québec qui la découvre ! Tous ses dessins sont désormais à la portée de plusieurs personnes, peut-être même à l’extérieur du Québec. »

Les fils d’Yvette Lapointe reçoivent le Prix hommage Albert-Chartier, décerné de manière posthume, des mains de Mira Falardeau.
Photo : Marianne St-Jacques.

Mira Falardeau, essayiste sur l’histoire de la bande dessinée québécoise et sur les femmes auteures de bande dessinée, était invitée à remettre le prix à la famille Labelle au nom du FBDFQ. Celle-ci revient sur la contribution d’Yvette Lapointe : « Au niveau du symbole, c’est important. Il s’agit de la première femme à avoir fait de la bande dessinée au Québec, et elle l’a fait assez peu longtemps, mais de façon intensive. Elle était la deuxième personne au Québec à faire un strip quotidien. C’est comme si elle avait un double mérite : d’avoir fait une BD quotidienne et d’avoir été une femme en BD. Je crois que ça vaut la peine comme reconnaissance pour l’ensemble des femmes qui font de la bande dessinée. »

Des planches d’Yvette Lapointe sont d’ailleurs exposées à la Maison Tessier-dit-Lapointe de Québec jusqu’au 30 avril 2017. L’exposition, qui retrace l’œuvre de l’auteure, est présentée dans le cadre du Festival de la BD francophone de Québec.

Yvette Lapointe, auteure de la série Petits espiègles parue dans le journal La Patrie (1933), a reçu le prix Albert-Chartier à titre posthume.
D.R.

Prix Bédéis Causa 2017 – Les Lauréats

- Prix Réal-Fillion (auteur, dessinateur ou scénariste québécois s’étant le plus illustré avec son premier album professionnel) : Mélodie Vachon Boucher, Les Trois carrés de chocolat, Mécanique générale.
- Prix Albéric-Bourgeois (meilleur album de langue française publié à l’étranger par un auteur, dessinateur ou scénariste québécois) : Guy Delisle, S’enfuir : Récit d’un otage, Dargaud.
- Grand Prix de la Ville de Québec (meilleur album de langue française publié au Québec) : Jean-Paul Eid et Claude Paiement, La Femme aux cartes postales, La Pastèque.
- Prix Maurice-Petitdidier (coup de cœur du jury pour un album francophone publié à l’étranger) : Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse, L’Été Diabolik, Dargaud.
- Prix Traduction : Miles Hyman, La Loterie, Casterman.
- Prix Albert-Chartier (hommage à un artisan ou un organisme ayant marqué la bande dessinée québécoise) : Yvette Lapointe (posthume).
- Prix Jacques-Hurtubise (bourse de 1000$ remise à un auteur émergent) : Stéphane Johnson, pour son projet « La clique vidéo ».

La cérémonie des Prix Bédéis Causa s’est déroulée le 7 avril 2017 au Musée de la Civilisation de Québec.

(par Marianne St-Jacques)

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« Éloge du jazz : Eid et Paiement remportent le prix ACBD Québec 2016 »

[1La Femme aux cartes postales a également remporté le Prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise 2016, remis lors du Salon du livre de Montréal.

 
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1 Message :
  • Le prix Jacques-Hurtubise
    10 avril 2017 09:37, par Stéphane Johnson

    Erratum de ma part lors de l’entrevue : Jacques Hurtubise était Directeur du développement à MétéoMédia, et non technicien en informatique. Désolé !

    Répondre à ce message

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