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Bernadette fait du ski - Par El Don Guillermo - Les Requins Marteaux / collection BD Cul

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Après un séjour en camping pour le moins caniculaire, Bernadette s'essaie aux sports d'hiver. La neige a tôt fait de fondre sur son passage, ce qui n'est évidemment pas pour lui déplaire... El Don Guillermo livre un second opus dans la collection BD Cul des Requins Marteaux, alliant le sexe et l'humour sans complexe ni tabou.

Bernadette, elle est très chouette ! Le dessinateur El Don Guillermo ne fait pas mentir le chanteur Nino Ferrer. Toujours enjouée, très chaleureuse, accueillante, prête à dépanner, elle n’hésite pas à donner de sa personne pour faire plaisir à ses ami.e.s, et avant tout pour satisfaire ses désirs. Quelques jours dans une station de sports d’hiver, où elle tient pour la saison une boutique de location de matériel, sont une bonne occasion d’en apporter la preuve.


Bernadette © El Don Guillermo / Les Requins Marteaux 2014

Bernadette est née en 2014 sous les crayons d’El Don Guillermo, dessinateur polyvalent et éditeur chez Misma. Elle distillait alors la bonne humeur, et quelques gâteries, au camping du Dauphin Vert. Une galerie de personnages typés s’agitait déjà autour d’elle et défilait dans sa tente, dont la copine Nadine, naïve mais open, et Marco, macho prêt à fondre, que nous retrouvons dans Bernadette fait du ski.

Cette fois, c’est dans la station du Pingouin Bleu qu’ont lieu les ébats. Tout y est : tire-fesses, pistes bleues, rouges, noires et roses, sauna et fondue. Le cadre est idéal pour se laisser aller aux délices de l’amour. Mais Marco ne comprend plus Nadine, qui elle-même est passablement troublée par le beau Jörgen, moniteur de ski suédois. Heureusement, Bernadette est là pour décrisper tout son petit monde. Et plus si affinités...


Bernadette fait du ski © El Don Guillermo / Les Requins Marteaux 2020

El Don Guillermo est en verve pour ce 22e ouvrage de la collection BD Cul des Requins Marteaux, collection qui célèbre cette année ses dix ans. Certes les scènes de fesse ne manquent pas. Il y en a dans tous les sens, pour tous les goûts. Mais son livre se distingue surtout par son humour, omniprésent, et sa fantaisie, souvent surprenante. Alliées à un trait dynamique, une bichromie jouant du chaud et du froid et un rythme soutenu, ces caractéristiques rendent son histoire originale pour un genre, la pornographie, qui supporte rarement bien le second degré.

Le dessin, aussi éloigné que possible de toute tentative de réalisme, contribue grandement à l’ambiance drolatique de Bernadette fait du ski. Les trognes sont caricaturales, les formes exagérées et les décors parfois à peine visibles. Or c’est justement ce qui permet à El Don Guillermo de ne pas verser dans la vulgarité ni la déprime. Car, montrée frontalement et sans affect, la chair est triste.

Au contraire, Bernadette, femme libre d’esprit et de corps, jamais soumise aux hommes, est joyeuse et pleine d’entrain. Son engouement à prendre du plaisir, presque un mode de vie à part entière, est communicatif. Cousine éloignée de Salami, avec qui elle partage l’espièglerie et l’indépendance, elle rafraîchit - ou réchauffe ? - un genre et confirme une collection, « numéro 1 de la bande dessinée indébandante », dorénavant bien ancrée dans le paysage éditorial.