Blue Lock T. 1 & T. 2 - Par Yûsuke Nomura & Muneyuki (...)

Blue Lock T. 1 & T. 2 - Par Yûsuke Nomura & Muneyuki Kaneshiro - Pika Edition

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Récemment auréolé du 45e prix du manga Kodansha dans la catégorie "shonen", Blue Lock est un manga sur le football gagnant de plus en plus de popularité avec le temps. Son arrivée chez nous est l’occasion de s'y pencher et de voir si ce titre mérite tant le détour.

Au terme de la Coupe du monde de football 2018 où l’équipe masculine du Japon a été éliminée en huitième de finale, l’Union japonaise de football décide de fonder le "Blue Lock". Il s’agit d’un centre de formation regroupant les 300 meilleurs attaquants lycéens du pays. L’objectif est clair : détecter le meilleur joueur du groupe. Celui qui se démarquera par son individualisme et parviendra à marquer des buts pour enfin permettre au Japon de remporter son premier trophée mondial.

Réunis dans un gigantesque bâtiment construit pour l’occasion, les lycéens sont accueillis par un homme, directeur du centre de formation, qui se présente sous le nom de Jinpachi Ego. Au terme d’un discours qui fait réagir quelques candidats, l’effet de la masse décide malgré tout les jeunes de participer à cette formation. Le but est d’écraser la concurrence par son talent. Yoichi Isagi fait partit de ces 300 candidats et il fera tout pour être le meilleur.

: © Muneyuki Kaneshiro, Yusuke Nomura / Kodansha Ltd.

Débuté en aout 2018 dans les pages du Weekly Shonen Magazine, le manga prend le postulat d’une diégèse réaliste en l’incorporant à notre réalité. La première chose qui nous frappe devant ce manga est la qualité du dessin et des planches réalisées par Yusuke Nomura. Ancien assistant de Hajime Isayama, l’auteur de Shingeki no Kyojin, ce dernier parvient à rendre des situations très plaisantes à suivre. Quelques rares scènes souffrent de confusion mais, dans l’ensemble, le travail apporté par le dessinateur est de tout premier ordre.

Le point le plus intrigant est celui du scénario, ici écrit par Muneyuki Kaneshiro. Il prend un angle sur le football radicalement opposé à son essence. Ici, nul besoin de travail d’équipe ou de collectif. En suivant la logique présentée par le personnage de Jinpachi Ego, un seul bon joueur exceptionnel dans une équipe suffit à faire gagner des titres. Une fois passée l’absurdité de ce propos, on assiste à un titre usant du schéma de la "Battle Royale", genre très populaire auprès des jeunes dans les jeux vidéo.

Cela aurait pu être une bonne idée à utiliser de manière à nous faire apprécier les personnages. Mais ici nulle pitié n’est admise. L’ami du héros, trop gentil, animé par son esprit d’équipe, sera rapidement éliminé. Le manga martèle le propos : il faut être égoïste.

Si l’action du début de ce manga est efficace, l’accueil de cette histoire dépendra des attentes du lecteur. En tant que shonen, avec son vaste panel de personnages très nekketsu [1] dans l’esprit, même si ici l’amitié laisse la place à l’égoïsme. Si l’on attend plus un titre sur les valeurs-même de ce sport, au-delà de quelques explications sur le fonctionnement de ses mécaniques, il n’est pas sûr que vous accrochiez au parti-pris très radical de son histoire.