Oublions un instant ses succès pour nous arrêter sur la diversité de ses pratiques : la Fantasy avec Thorgal, l’espionnage avec XIII et Lady S, le thriller financier d’aventure avec Largo Winch, la saga familiale avec Les Steenfort - Les Maîtres de l’orge, le pastiche avec Blake & Mortimer, l’érotisme avec Epoxy, le roman historique avec Rani, l’uchronie avec SOS Bonheur, l’aventure pure avec Wayne Shelton, l’hommage aux classiques avec Corentin, la cause humanitaire avec Kivu, le récit de cape et d’épée avec Domino, le western avec Tony Stark et « Western », la tragédie chorale avec Histoire sans héros… Écrivain de romans, de scénarios de films et de feuilletons TV, Jean van Hamme a même touché au théâtre. On l’a oublié, mais il a écrit aussi des nouvelles, parfois avec ses personnages-fétiches.
La première nouvelle donne le ton : un écrivain découvre que les horreurs dont il nourrissait régulièrement ses récits étaient gentiment censurés dans les retranscriptions de ses manuscrits que faisait son épouse... La nouvelle est dédiée à Huguette, la propre épouse du scénariste... Faut-il y voir une clé de lecture ?
C’est donc dans ce mode court où il faut caractériser en un instant des personnages, une situation, un ton qu’il a écrit Miséricorde. Et comme la série XIII Mystery faisait appel aux meilleurs scénaristes et dessinateurs de la nouvelle génération, Miséricorde fait appel à d’autres incontestables talents contemporains : les Français Bazin et Bertail, le Canadien Djief, le Belge Durieux, la Néerlandaise Aimée De Jongh, les Espagnols Efa et Munuera...
Ce simple tour d’Europe et du monde au travers de ses dessinateurs indique les qualités d’écriture de Jean Van Hamme : inventive, efficace, pétrie de curiosité et universelle. C’est sûr qu’un talent comme celui-là n’a pas sa place à Angoulême…
(par Didier Pasamonik - L’Agence BD)
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