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DCeased : le virus horrifique venu d’Internet

Par Vincent SAVI le 28 février 2020                      Lien  
Et si, pour une fois, Superman, Batman, Wonder Woman et les héros DC Comics étaient confrontés à une menace contre laquelle ils ne peuvent rien. Et si, pour une fois, nos icônes tombaient une par une au combat dans d'atroces souffrances. Et si tout espoir était perdu ? C'est le postulat de départ de la mini-série "DCeased", dans laquelle le scénariste Tom Taylor a eu carte blanche pour pousser nos héros dans leurs derniers retranchements.

Alors que nos gouvernement se préparent à lutter contre le coronavirus, l’univers de DC Comics est lui aussi en proie à une épidémie. Dans DCeased, jeu de mot entre DC Comics et le mot deceased - décédé - la terre est victime d’une maladie bio-technologique qui se transmet via nos objets connectés. Ce virus transforme ses victimes en infectés semblables à des zombies qui n’ont qu’un seul but : détruire toute vie. Face à cette menace sans précédent, la légendaire Ligue de Justice va se retrouver désemparée car ici, le véritable ennemi, c’est Internet. Comment faire lorsque le World Wide Web se retourne contre vous ?

Auteur à succès derrière les séries Injustice : Gods Among Us et Earth-2, Tom Taylor s’est fait une spécialité d’écrire des univers DC Comics alternatifs dans lesquels il peut se permettre - presque - tout avec les personnages historiques de l’éditeur. L’an dernier, DC Comics décide de donner carte blanche à Taylor pour une mini-série intitulé : DCeased. Sa mission ? Malmener et massacrer sans vergogne les personnages de l’éditeur.

DCeased : le virus horrifique venu d'Internet
Jamais la Ligue de Justice ne s’est retrouvé face à une telle menace.

Une initiative qui rappellera le lancement en 2005 de la série Marvel Zombies chez la concurrence, pour laquelle Marvel s’était d’ailleurs offert les services de Robert Kirkman scénariste star du comic-book Walking Dead lancé en 2003. Depuis, les zombies et autres infectés ont envahi le cinéma, les séries TV et la culture populaire en général.

On ne peut d’ailleurs que louer l’envie de DC Comics de se démarquer en liant l’origine de ce virus à sa propre mythologie. Cette maladie trouve en effet sa source dans une version pervertie de la fameuse équation d’Anti-Vie, imaginée par le légendaire Jack Kirby dans sa saga du Quatrième Monde, il ne s’agit donc pas d’une quelconque infection que l’on pourrait trouver dans n’importe quel univers de fiction mais bien une menace ancrée dans l’univers de Batman et Superman. Faire d’Internet et des réseaux sociaux le vecteur du virus est aussi une autre touche d’originalité que l’on appréciera.

Pour le reste, on retrouve les ficelles habituelles de ce genre d’histoires : un virus se répand tandis que des groupes de survivants se forment et essayent de survivre. Mais il ne s’agit ici pas d’un quelconque shérif ou d’un vendeur de TV Britannique qui doivent échapper aux zombies, mais bel et bien de super-héros qui, par habitude, vont tenter de sauver l’humanité à leurs risques et périls, surtout que la menace prend une plus grosse ampleur quand certains infectés se retrouvent dotés de super-pouvoirs...

Éviter les écrans n’est une chose simple de nos jours, surtout quand on s’appelle Batman.

Tom Taylor s’en donne à cœur joie pour imaginer un récit horrifique dans l’univers bien établi de DC Comics, même s’il reste tout de même assez sage. En effet, malgré un récit très violent et sanglant, on ne tombe jamais dans des passages traumatisants comme on pouvait en retrouver dans Marvel Zombies, où un Spider-Man zombifié dévorait sa chère tante May et sa bien-aimée Mary Jane, cela n’étant qu’un exemple des atrocités que l’on retrouve dans les différentes séries Marvel Zombies.

Il est donc un peu dommage de voir DC Comics rester plus sage que son concurrent, il s’en dégage alors une impression d’inachevé, comme si le concept n’avait pas été poussé suffisamment loin, alors que l’occasion était là.

Mais soyez rassuré : les icônes intouchables de DC Comics se font tout de même malmener au sein de cet album. Tom Taylor s’est toujours montré assez doué pour surprendre le spectateur et écrire des scènes poignantes. Le scénariste en profite ainsi pour mettre les grandes icônes de DC face à des situations inédites où tout peut arriver, les emmener là où il ne pourrait habituellement pas s’aventurer, il esquisse même un propos intéressant sur notre dépendance à la technologie et aux réseaux sociaux.

Tom Taylor construit son récit autour de Superman, symbole d’espoir qui va se retrouver confrontés à l’horreur pure.

Cependant, tout va très - trop - vite dans DCeased et l’enchaînement des évènements empêche le lecteur de s’arrêter quelques instants pour ressentir la tension, à l’exception notable d’une ou deux scènes. Il faut dire que le titre brasse beaucoup d’éléments et de personnages en finalement assez peu de pages vu l’ampleur de ce qui nous est conté. Une série plus longue aurait peut-être été plus judicieuse.

Quant aux dessins, Trevor Hairsine nous offre une prestation classique et efficace. On notera la participation de Darick Robertson, dessinateur habitué des séries violentes - voire malsaines - qui livre quelques planches dans le numéro bonus DCeased : A Good Day Too Die intégré à cet album.

On retrouve aussi les différentes couvertures variantes réalisées pour la série et elles sont nombreuses : entre les différentes versions zombifiées des personnages DC ou les reprises horrifiques de couvertures emblématiques de l’éditeur, il y en a pour tous les goûts. Mais on retiendra surtout celles qui s’inspirent d’affiches de films d’horreur comme It, Conjuring ou Nightmare on Elm Street.

Voir les icônes de DC Comics malmenées et démunies est quelque chose que l’on a peu l’habitude de voir. Il ressort donc du titre une certaine fraicheur, un peu comme celle d’Injustice en son temps. Même si l’on aurait aimé que DC Comics emmène encore plus profondément ses héros dans les méandres de l’horreur, le contrat de base est tout de même bien rempli : Tom Taylor nous a produit un récit crépusculaire, sanglant et sans espoir, pour nos héros qui sont inexorablement pris dans la toile d’Internet.

En arrêtant Darkseid, la Justice League n’imagine pas un seul instant les horreurs qui vont s’abattre sur elle.

Véritable succès outre-Atlantique, DCeased est disponible dès aujourd’hui dans toutes les librairies après une avant-première au festival d’Angoulême où Urban Comics avait misé gros sur ce titre : tout leur stand était aux couleurs des zombies de la Justice League. Son spin-off, DCeased : Unkillables, qui est actuellement en cours de parution aux États-Unis est d’ailleurs déjà annoncé pour le mois de juin dans l’Hexagone ! L’histoire se concentrera sur les grands vilains de DC Comics durant l’épidémie.

Enfin, si vous êtes amateurs de cette esthétique zombifiée, Urban Comics a pensé à vous en mettant en ligne des fonds d’écran DCeased pour vos smartphones, mais attention, vous êtes maintenant prévenus : gare à vos écrans !

Voir en ligne : DCeased sur le site des éditions Urban Comics

(par Vincent SAVI)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9791026819653

DCeased - Tom Taylor (scénario) - Trevor Hairsine, Laura Braga, Darick Robertson, James Harren & Neil Edwards (dessin) - Stefano Gaudiano, Richard Friend, Trevor Scott é Darick Robertson (encrage) - Rain Beredo (couleur) - Jérôme Wicky (traduction) - cartonné - 240 pages - Urban Comics - 22,50 € - sortie le 28 février 2020

Contenu VO : DCeased #1-6 (2019) & DCeased : A Good Day Too Die #1 (2019) publié par DC Comics.

Illustrations : © DC Comics / Urban Comics

 
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