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Bernard Swysen ("Les Étoiles de l’Histoire") : « Brigitte Bardot m’a autorisé à tout raconter, du moment que c’était authentique. »

Par Charles-Louis Detournay le 3 juin 2020                      Lien  
Après le succès des "Méchants de l'Histoire" ("La Véritable Histoire vraie"), Bernard Swysen s’attèle à de nouvelles biographies, cette fois consacrées au 7e art : Chaplin, Marilyn Monroe et Brigitte Bardot. Moins drôles que les "Méchants", mais tout aussi passionnantes grâce aux liens créés avec ces icônes du cinéma.

Bernard Swysen ("Les Étoiles de l'Histoire") : « Brigitte Bardot m'a autorisé à tout raconter, du moment que c'était authentique. »Comment vous êtes-vous lancé dans cette collection des Étoiles de l’Histoire ? Est-ce la réussite des Méchants de l’Histoire qui a donné l’envie de prolonger le concept ?

Non, au contraire ! J’ai eu l’idée de développer la thématique des Étoiles de l’Histoire bien avant les Méchants. Je m’étais passionné pour ces destinées hors normes, ces personnes issues du commun et qui sont devenues de véritables mythes.

Passionné par le 7e art, j’avais entrepris des recherches par moi-même, car je voulais comprendre les événements qui se cachaient derrière ces destins exceptionnels. Avec le temps et d’autres projets à traiter, j’avais un peu abandonné cette idée développée surtout pour étancher ma passion personnelle. Puis lorsque j’ai proposé les Méchants de l’Histoire à Dupuis, de fil en aiguille nous avons abordé cette autre facette. Pour mon plus grand plaisir !

Planche de Chaplin
Charlie Chaplin par Bazile & Swysen (Dupuis)

Vous avez donc choisi vous-mêmes les Stars que vous vouliez aborder ?

Oui, ce sont pour moi des personnes universellement connues, qui ont changé à jamais notre vision du cinéma. Je dois avouer que je ne me suis pas vraiment posé beaucoup de questions ! Chaplin s’imposait, que cela soit comme acteur mais aussi comme réalisateur. Puis il a indiscutablement marqué de son empreinte les premières décennies du 7e art. Avec lui, un peu plus tard dans le temps, les deux grandes actrices mondialement connues m’ont paru être une évidence. Que vous soyez au Pérou ou au Népal, tout le monde connait Brigitte Bardot et Marilyn Monroe.

Ce sont donc trois mythes, les plus grands fondateurs de véritables institutions au cinéma. Des gens qu’on n’oublie pas, contrairement à d’autres super stars de leur époque.

Planche de Chaplin
Charlie Chaplin par Bazile & Swysen (Dupuis)

Après le premier tome consacré à Chaplin et paru en septembre dernier, viennent de paraître conjointement les deux tomes suivants consacrés à Brigitte Bardot et Marilyn Monroe, et réalisés par le même dessinateur de surcroît. Qui a eu l’idée de confier cette délicate mission à Christian Paty ?

Mon épouse ! Et pas seulement parce qu’il est aussi le dessinateur des Blondes [1], ce qui pouvait tomber sous le sens pour s’accaparer le destin des deux plus célèbres blondes du 7e art ! Mais aussi parce que c’est un dessinateur talentueux. Il suffit de voir la multitude de détails qu’il arrive à placer dans les plans, tout en donnant beaucoup d’expressivité aux personnages. Il devait aussi faire vieillir très progressivement nos actrices, et je lui tire mon chapeau car c’est assez compliqué à rendre. Réaliser ces deux albums étaient un exercice très difficile, et il s’en est sorti avec panache !

Est-ce qu’un style semi-réaliste s’imposait avec votre écriture très elliptique, où l’on consacre deux cases (voire parfois une seule) à un élément avant de passer à un autre ?

Certainement ! Puis je voulais maintenir un ton léger dans les albums, même dans les séquences plus dramatiques. Christian est parvenu à trouver le ton correct, grâce à son dessin qui confère du charme tout apportant la légèreté requise.

Extrait de planche de "Marilyn Monroe"
Marilyn Monroe par Paty & Swysen (Dupuis)

Quelle a été votre méthode de travail pour rédiger ces biographies assez exhaustives ?

Comme je l’expliquais, cela fait des années que j’accumule de la documentation et des livres au sujet de ces icônes du cinéma. Encore faut-il trouver les bons documents, pour dénouer le vrai du faux ! Il existe par exemple beaucoup de livres sur Charlot, mais paradoxalement peu sur Chaplin, mise à part son autobiographie qui, curieusement, n’est pas le texte le plus fiable.

Pour ces trois albums, j’ai revu tous leurs films au fur et à mesure de mon écriture, histoire de me mettre dans l’ambiance, de chercher les anecdotes de tournages et de m’assurer que je ne passais pas à côté d’un élément emblématique. Je me suis vraiment beaucoup amusé et je dois avouer que j’étais assez triste d’écrire le mot « fin », car cela signifiait que j’étais arrivé au bout de mon voyage.

Brigitte Bardot
Brigitte Bardot par Paty & Swysen (Dupuis)

Avec cette méthode de travail, vous disposiez donc d’une pagination libre ? Car si votre album de Chaplin compte 70 planches, celui sur Bardot atteint les 120 ! Et les pages sont denses, avec près de dix cases par planche !

J’ai eu la chance de disposer d’une pagination libre de la part de mon éditeur Sergio Honorez. Comme cela était le cas pour Les Méchants de l’Histoire, le traitement d’une personnalité ne demande pas nécessairement le même nombre de pages que pour une autre. Il aurait été dommage de brider, ou au contraire de rallonger la sauce. Quant à la densité du récit, j’ai essayé d’être complet tout en maintenant l’intérêt. J’aime à croire que ce sont des albums qu’on commence à lire, puis que l’on dépose avant de les reprendre un autre jour. Surtout qu’il y a beaucoup de détails dans les dessins, des personnalités que l’on reconnaît, des lieux emblématiques… Certains lecteurs m’ont pourtant avoué les avoir dévorés d’une traite !

La rencontre avec Vadim et les premiers essais de Brigitte Bardot
Brigitte Bardot par Paty & Swysen (Dupuis)

Au sein des trois biographies, vous vous êtes longtemps attardé sur la jeunesse et les débuts de ces trois stars. Cet aspect psychologique est-il pour vous la clé de leur célébrité ?

J’ai surtout voulu m’intéresser à la naissance d’un mythe : pourquoi Bardot est-elle devenue iconique, et pas une autre fille tout aussi jolie qui participait au premier casting en même temps qu’elle ? Tous ces éléments ont contribué à ce que ces individus atteignent un statut que tout le monde envie, mais qui n’était finalement pas si enviable que cela.

Justement, vous évoquez la presse, on remarque que les journalistes n’ont pas été tendres avec vos trois Étoiles, comme vous le rappelez dans vos pages. Est-ce que cette pression médiatique a contribué à ce statut de « Star » ?

Le problème de la presse pour ces trois personnalités était assez différent. Charlie Chaplin a certes été traîné dans la boue pour ses relations amoureuses ou ses potentielles accointances avec le communisme. En lien avec l’époque, tout cela restait pourtant assez policé.

Extrait de planche de "Chaplin"
Charlie Chaplin par Bazile & Swysen (Dupuis)

Cela a été nettement plus loin pour Marilyn, mais sans atteindre le paroxysme sous l’ère de Brigitte Bardot : elle était la personne la plus traquée au monde. Dans des proportions encore difficilement imaginables aujourd’hui : des hommes-grenouilles sur la plage de la Madrague, des photographes qui se relayaient 24h sur 24 sur les toits face à son appartement où enceinte, elle a été obligée de se cacher plusieurs mois, rideaux fermés : c’était ahurissant ! On a dû installer une salle d’accouchement improvisée dans l’appartement adjacent !

N’importe quel cliché d’elle faisait vendre les journaux, mais avec des titres et des articles inventés de toutes pièces ! Le terme « paparazzi » tiré de La Dolce Vita de Fellini a trouvé alors sa parfaite incarnation.

Extrait de planche de "Brigitte Bardot"
Brigitte Bardot par Paty & Swysen (Dupuis)

En lisant la qualité des anecdotes que vous rapportez, on imagine que vous avez pu travailler avec la famille Chaplin. Et que vous avez aussi échangé avec Brigitte Bardot elle-même ! Comment a-t-elle accueilli ce projet ?

Vous savez, il est interdit de dessiner Charlot sans l’autorisation de la famille Chaplin. C’est une marque déposée, comme Mickey Mouse. Au-delà de cette formalité, j’ai eu beaucoup de chance, car la famille m’a vraiment beaucoup aidé, en m’ouvrant leurs archives.

Pour Brigitte Bardot, même s’il n’y avait pas d’obligation, il était inconcevable à mes yeux que je réalise cet album sans son accord, par simple respect tout simplement. J’ai donc pris contact avec elle, tout d’abord par écrit, puis par téléphone. Le feeling s’est rapidement installé, et elle a directement accepté le projet. Ce qui l’intéressait n’était certainement pas que je la mette sur un piédestal, que du contraire : Brigitte m’autorisait à tout raconter, du moment que c’était authentique. On a écrit tellement de mensonges à son propos ! Nous nous sommes donc bien compris sur ce point-là, car c’était exactement ma ligne de conduite.

Votre ambition était donc de réaliser des biographies, et non des hagiographies ?

Je voulais être exhaustif, et pas seulement alimenter la légende. Derrière ces stars, il y a des gens normaux, même s’ils sont parfois déconnectés du réel. Et je voulais parler des individus derrière le mythe. Pour sa part, Brigitte a toujours gardé les pieds sur terre, ce qui l’a sans doute sauvée. Marilyn n’a pas eu cette chance !

Brigitte Bardot venait d’ailleurs d’un milieu assez aisé et aimant, à l’opposé de Chaplin et Marilyn ?!

En effet, avec des conséquences : ce désaveu familial a entraîné un gros complexe d’infériorité auprès de Marilyn. Transbahutée dans sa jeunesse, elle a gardé cette hantise de l’abandon, et était prête à tout pour qu’on l’aime. On est pourtant très loin de la gourde telle que certains l’imaginaient. Venant d’un milieu très modeste, elle a voulu compléter son érudition en lisant des bouquins assez complexes. Elle absorbait la culture comme une éponge. Elle cherchait d’ailleurs la compagnie de gens érudits, comme Arthur Miller, et se rendait bien compte qu’au-delà du vernis qu’elles voulaient se donner, pas mal de personnes s’agitant à Hollywood n’étaient que des idiots.

Extrait de planche de "Marilyn Monroe"
Marilyn Monroe par Paty & Swysen (Dupuis)

Pour Marilyn Monroe, vous insistez sur l’aspect psychologique de la star, en lui faisant dire, enfant : « Je ne suis qu’un objet, je ne suis personne. » Puis cette part de schizophrénie qui débute avec le regard des garçons. Cette démarche était-elle essentielle pour bien comprendre le parcours des stars par la suite ? Est-ce la clé de leur célébrité ?

Marilyn se sentait très seule. Certains en ont largement profité, mais elle a aussi bénéficié de vrais amis. Même Joe DiMaggio dont elle a divorcé car il la battait, est resté à ses côtés jusqu’au bout.

Marilyn était surtout très fragile, et le système l’a broyée. Elle essayait de s’en sortir, mais elle ne pouvait pas travailler comme elle voulait : elle devait porter cette façade de Marilyn Monroe pour sortir. Un déguisement qui n’existait pas pour Brigitte Bardot. L’une se cachait derrière un masque, tandis que l’autre vivait au grand jour. La vie de l’une fait donc ressortir des éléments de l’autre, et vice-versa. C’est pour cela que je voulais cette sortie groupée.

Extrait de planche de "Marilyn Monroe"
Marilyn Monroe par Paty & Swysen (Dupuis)

Après Les Méchants de l’Histoire, on s’attendait à un ton plus humoristique, mais vous avez préféré cette fois-ci construire le lien entre les stars et le lecteur ?

Je ne me suis pas mis de barrières, et j’ai effectivement d’abord voulu apposer un ton humoristique comme dans Les Méchants de l’Histoire. Pour autant, je me suis pas imposé un gag par page, je me laisse aller avec une écriture nature.

Et lorsque j’ai terminé Chaplin, je me suis rendu compte qu’en le rédigeant instinctivement, je n’avais pas dégagé le même esprit humoristique présent dans Le Méchants de l’Histoire. Sans doute parce que ce n’est pas le même genre d’histoire. Marilyn et Chaplin ont vécu des enfances misérables. Je pense qu’il fallait donc privilégier un ton plus humain, et Dupuis m’a laissé la liberté totale à ce propos. En fonction de l’humour de chacun, certains lecteurs détectent tout de même des éléments drôles, ou pas ; cela dépend. J’ai surtout voulu m’amuser en écrivant sur des sujets qui me passionnent, à l’instinct et sans calcul.

Planche de "Marilyn Monroe"
Marilyn Monroe par Paty & Swysen (Dupuis)

Certains éléments devaient être plus compliqués à placer dans la chronologie sans témoignages directs : comme le début de la prise de barbituriques pour Marilyn ? Était-ce lié à son accident de tournage sur Rivière sans retour ?

Lorsqu’on possède des preuves historiques, j’indique toujours une date. Et lorsqu’une action est moins datable, je la place entre deux éléments pour maintenir une ligne du temps. On ne sait pas avec précision quand Marylin a commencé à prendre ses médicaments, mais il faut plutôt en chercher la cause dans ce sentiment de solitude qui ne l’a jamais quittée, même quand elle était en couple. Je me suis souvent questionné à ce propos : ces gens adulés qui devaient se sentir bien seuls devant leur télévision chez eux le dimanche… Même dans leurs relations, ils devaient constamment se demander si l’on était là pour eux-mêmes ou ce qu’ils représentaient ?

Ces moments de solitude extrême ont été également très longs pour Brigitte Bardot, juste après sa décision d’arrêter les tournages. Même si elle savait qu’elle voulait s’occuper des animaux, elle ne savait pas comment s’y prendre au début. Maintenant que toute son organisation est bien rodée, elle est plus heureuse que pendant cette période de transition.

Extrait de planche de "Brigitte Bardot"
Brigitte Bardot par Paty & Swysen (Dupuis)

Vous insistez sur les dernières heures de la vie de Marilyn, en plaçant une horloge dans chaque case : histoire de couper court aux suspicions ? Vous n’évoquez pourtant pas Bobby Kennedy qui est passé chez elle ce jour-là ?

Il existe des centaines de livres consacrés aux dernières heures de Marilyn, certains sont sérieux et d’autres sont complètement loufoques. Je m’en suis donc tenu aux témoignages vérifiés. C’est pour cela que je place cette horloge, pour que le lecteur puisse suivre la progression des faits. De plus, j’ai écarté toutes les théories du complot, basées sur d’obscures suppositions. Je les passe sous silence car rien n’est sûr. Aussi, la proximité de Marilyn avec les Kennedy a alimenté les dérives. J’ai essayé de prendre de la distance et de m’en tenir aux faits. Chacun prendra ce qu’il désire en fonction de qu’il a envie de croire.

J’ai par contre déniché cette terrible anecdote : Marilyn Monroe avait fait un cadeau à son maquilleur, parce qu’elle voulait qu’il la rende belle après son trépas… ce qu’il a fait !

Les dernières heures de Marilyn
Marilyn Monroe par Paty & Swysen (Dupuis)

Pour introduire chacun des albums, vous avez demandé à des célébrités du 7e art de signer les introductions. Claude Lelouch s’imposait, par vos précédentes collaborations, mais pourquoi Mylène Demongeot ?

Claude Lelouch m’avait effectivement raconté un jour cette anecdote amusante : Charlie Chaplin était entré dans son cinéma [Claude Lelouch possèdait près des Champs-Élysées à Paris sa propre salle de cinéma, le Club 13. NDLR], pour revoir l’un de ses films, et qu’il lui avait donné une pièce, le prenant pour le portier ; je trouvais qu’il y avait là matière à une belle préface. Quant à Mylène Demongeot, je cherchais une troisième blonde du cinéma pour réaliser cette double introduction. J’avais déjà eu l’occasion de rencontrer Mylène par le passé : je l’avais trouvée très sympathique et drôle. Et comme la presse de l’époque la mettait souvent en concurrence avec Brigitte Bardot, elle m’a semblée toute indiquée !

Claude Lelouch & Bernard Swysen (2005)
Photo : Nicolas Anspach

Vous avez aussi rédigé un dossier à la fin de chaque biographie ?

Extrait d’un dossier

Je trouvais indispensable de donner un aperçu de leurs carrières respectives en quelques coups d’œil. Le lecteur peut alors se référer d’un livre à l’autre en comparant les dates. On y retrouve non seulement les films, mais aussi les chansons

Vous adressez un clin d’œil au lecteur en réalisant un crossover entre les deux albums ?

Il s’agit de ce moment où Brigitte et Marilyn se croisent pendant quelques instants. J’ai été rechercher une interview que Brigitte avait donnée plus tard, afin de reprendre ses pensées, mot pour mot.

De manière générale, comment avez-vous choisi les anecdotes à relater ? Par exemple, pour Brigitte Bardot, vous évoquez le lâcher de roses lancées par Gunther Sachs d’un hélicoptère, mais vous passez sous silence l’amblyopie de Brigitte, qui lui confère cette grâce si exceptionnelle ?

La pluie de roses sur la Madrague était important à mes yeux. Avec Gunter Sachs, Brigitte avait le sentiment de ne pas être avec un monsieur Bardot.

D’un autre côté, je ne trouvais pas utile de parler de son amblyopie. C’est impossible de placer toutes les informations du monde dans un seul album ; il faut raconter une histoire, en restant vivant. J’ai donc essayé de maintenir ce qui me paraissait le plus pertinent. Si un autre scénariste avait été à ma place, le livre serait bien sûr différent.

Le lâcher de rose sur la Madrague
Brigitte Bardot par Paty & Swysen (Dupuis)

Toujours dans l’imposant album consacré à Brigitte Bardot, on remarque qu’après un premier chapitre consacré à sa jeunesse, vous avez fait part égale entre le cinéma et la protection des animaux : une façon d’équilibrer ses deux grandes passions ?

J’ai réalisé ce chapitrage lorsque l’album était entièrement finalisé. Cet équilibre entre les deux pans est donc naturel. Brigitte est une personne qui a eu plusieurs vies très riches, et il me semblait légitime de les aborder de la même façon. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié cette dernière photo d’elle, sur son dernier tournage : elle embrasse une colombe, marquant ainsi son passage du cinéma aux animaux. Une case extrêmement bien réalisée par Christian. Ceci dit, son intérêt pour la défense animale a toujours fait partie de sa personnalité, et elle n’a pas attendu d’arrêter le cinéma pour s’y consacrer.

Extrait de planche de "Brigitte Bardot"
Brigitte Bardot par Paty & Swysen (Dupuis)

Et la politique vue par Brigitte ? Si vous abordez la rencontre avec Jean-Marie Le Pen, vous glissez sur le soutien apporté à Marine aux élections présidentielles ?

Vous savez, pour reprendre ses propres termes, Brigitte n’en a rien à foutre de la politique. Oui, elle a répondu un jour qu’elle voterait pour le FN, et la fois d’après pour le parti des animaux. Vous avez sans doute entendu son intervention jeudi dernier sur RTL dans l’émission d’Yves Calvi consacrée au lancement de cet album : « Oui, j’ai encore des procès » a-t-elle dit, « Et tant que je parlerai, j’en aurais encore ! »

Pour ma part, je ne voulais pas prendre parti, mais simplement relater des faits. Cependant, j’ai pu constater en épluchant sa vie qu’elle n’était certainement pas raciste ou homophobe : c’est un esprit libre avant tout ! Aussi, j’ai voulu savoir pourquoi elle avait été traînée devant les tribunaux, car elle en marre qu’on revienne toujours avec les mêmes affaires. J’ai alors repris à la virgule près ce qu’elle a dit ou écrit à l’origine des plaintes. En 1962, par exemple, elle a milité pour qu’on étourdisse les animaux avant abattage, comme cela se faisait en Suède. Ce qu’elle a obtenu par un décret. Puis trente ans plus tard, il y a eu une dérogation à cette loi, comme si son combat pour ce droit animal n’avait servi à rien. Voilà contre quoi elle s’est érigée et voilà où ses ennuis ont commencé.

La seule chose qui l’intéresse, c’est pouvoir dire ce qu’elle pense comme elle l’a toujours fait, et surtout, surtout : la défense des animaux,

BB et la justice
Brigitte Bardot par Paty & Swysen (Dupuis)

Vous avez tenu à d’ailleurs défendre cette cause dans l’album, notamment en lui laissant la parole en guise de conclusion ?

Je lui ai effectivement demandé d’écrire une petite lettre pour cet album, afin qu’elle puisse elle-même expliquer la vocation de sa fondation. Nous l’avons d’ailleurs reproduite telle quelle.

Et je tenais à mettre une page à propos de sa fondation, car il faut reconnaître qu’ils ont eu pas mal de réussites. La presse a plutôt tendance à s’étaler sur les « dérapages » de Brigitte : dès qu’elle évoque un sujet qui fait tache dans le politiquement correct, elle est épinglée. Or les médias sont moins enclins à remonter toutes les victoires acquises par sa fondation, et ce dans le monde entier. J’ai donc voulu qu’on défende une juste cause en y consacrant une page. De plus, 2% de la vente de ce livre iront également à la fondation. Brigitte a fait don de la totalité de ses biens à la fondation, alors qu’elle ne reçoit rien de photos d’elle qui continuent de rapporter de l’argent. Comme sa vie est la fondation, je trouvais normal qu’une partie des bénéfices d’un livre qui raconte sa vie aille aussi à la fondation.

Y aura-t-il de prochains titres au sein de cette collection des Étoiles de l’Histoire ?

Au départ, il ne devait s’agir que d’une trilogie, avec ces trois monstres sacrés. Si le public est au rendez-vous, on pourrait sans doute la compléter. Mais il faudrait trouver des personnages aussi emblématiques pour maintenir ce niveau « mythologique ». J’ai bien que deux-trois idées, très subjectives. À suivre…

le "cross-over" entre Marilyn et Brigitte
Brigitte Bardot par Paty & Swysen (Dupuis)

Propos recueillis par Charles-Louis Detournay.

(par Charles-Louis Detournay)

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[1Christian Paty dessine la série des Blondes, scénarisé Gaby (Ange) aux éditions Soleil, sous le pseudonyme de Dzack.

✍ Bernard Swysen
 
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