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Gung Ho T. 5 : La Mort blanche - Par Von Kummant et Von Eckartsberg- Editions Paquet

Par Patrice Gentilhomme le 8 juillet 2021                      Lien  
Dans ce futur proche, où une partie de l’humanité a été décimée par une mystérieuse "plaie blanche", la survie n’est possible qu’à l’intérieur de villages fortifiés. Dans un tel contexte, les conflits entre générations n’en sont pas moins vifs et tendus.

Autour de Fort-Apache, la tension va croissant, accentuée par l’événement qui a déchaîné la colère des ados : la mort de leur amie Pauline. L’ambiance est fortement tendue, d’autant qu’ils sont sous l’influence autoritaire d’Holden, garçon violent et psychopathe. Ils veulent s’émanciper de la tutelle des adultes, maîtres de la colonie pour les « protéger », n’hésitant pas à recourir à la violence pour obtenir justice et réparation. Plus qu’un conflit de générations, la situation s’apparente davantage à la fuite en avant d’un groupe gavé de cynisme, nihiliste et qui n’a plus rien à perdre.

Gung Ho T. 5 : La Mort blanche - Par Von Kummant et Von Eckartsberg- Editions Paquet
Découpage précis, couleurs et ambiances au plus juste.

Pendant ce temps, Zack, Archer et Yuki sont aux prises avec les « bannis », une poignée d’adultes qui a choisi de jouer sa propre carte. Aux abords du fort, les rippers, ces monstres sanguinaires et voraces, font le siège du camp en se montrant de plus en plus agressifs et dangereux. La situation de la communauté est devenue terriblement tendue et paraît bien mal engagée. Une tension extrême traverse donc l’épilogue de cette série de cinq albums.

Au cœur de ce monde de violence et d’injustice, la bataille finale semble imminente, jeunes contre adultes, jeunes contre jeunes, sans oublier les terribles rippers au centre de l’épilogue d’une série aussi troublante que passionnante.

Troublante car cette fresque aux allures de récit post-apocalyptique joue sur un registre angoissant avec en arrière-plan des ambiances « colonie de vacances » et une mise en couleurs audacieuse aux reflets ocres et jaunes, des soleils couchants et des nuits étoilées .

En faisant l’économie de visions complaisantes, telles que carcasses de véhicules éventrées, bâtiments en ruines et ambiance déglinguée, le dessinateur installe un climat pesant et inquiétant, saturé de lumière. Loin d’une posture esthétisante, la démarche de Thomas von Kummant s’accorde parfaitement avec l’argument de cette histoire : décrire une situation d’injustice, de rupture entre les générations, de relations difficiles à la règle commune... Derrière cette ambiance « camp de vacances au soleil » se profile un propos à la portée presque philosophique, original, effrayant mais terriblement efficace.

La révolte des ados dans un monde post-apocalyptique et solaire.
Dans le souci de valoriser la publication, l’éditeur décline chaque album sous des formats, des tirages limités.

La série a déjà été récompensée en Belgique par le Prix Diagonale-Le Soir 2015 , à Solliès-Ville avec le Prix de la meilleure série en 2017 et a aussi reçu de nombreux prix dans plusieurs pays, dont l’Allemagne !

L’expérience en communication visuelle de Benjamin von Eckartsberg n’est sans doute pas étrangère aux qualités narratives de l’album et à sa construction progressive tandis que Thomas von Kummant, venu de la mode, sert le récit au moyen d’un dessin virtuose, parfaitement maîtrisé.

ou des couvertures différentes !

Les deux auteurs ont déjà collaboré sur les premiers volumes de la Chronique des Immortels (même éditeur) , un contexte historique différent mais une technique narrative pas si éloignée de l’univers de Gung Ho.

Au delà du savoir-faire graphique, le portrait fouillé des protagonistes fascine autant que la prouesse graphique. De nombreuses références en arrière-plan du récit sont présentes ; on ne peut s’empêcher de penser à Sa Majesté des mouches [1], à travers l’attitude des ados, au western par ce camp retranché nommé opportunément Fort Apache, aux récits fantastiques par la présence des monstrueux rippers.

Au final, cela nous donne une saga d’un monde d’après dont l’originalité et le discours assurent le succès. Un succès qui ne pourra que se confirmer avec cet épilogue sanglant, surprenant et terriblement puissant !

(par Patrice Gentilhomme)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782889325009

©Paquet édition 2021

[1De William Golding, Gallimard.

Paquet ✍ Benjamin von Eckartsberg ✏️ Thomas von Kummant à partir de 13 ans
 
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