C’était avant l’invention d’un certain Guillotin, destinée à trancher la gorge des condamnés à mort. On passait alors, dans ces années d’avant 1789, par toute sorte de supplices pour envoyer aux enfers le malheureux. Et pour le jeune Sanson, l’année 1757 restera dans les annales : préposé à la mise à mort de l’agresseur du roi (quelques coups de couteau sans gravité), il doit s’y reprendre à plusieurs fois pour venir à bout du "terroriste". Tandis qu’autour de lui, sarcasmes et injonctions se bousculent, le peuple de Paris goûte le spectacle, dans ses aspects les plus répugnants...
Cet épisode épouvantable, dans une ambiance de boucherie inhumaine, a bien eu lieu. Et ce Charles-Henri Sanson deviendra exécuteur pour la République, se chargeant de Louis XVI en personne... Simon Hureau ne se contente pas de narrer les mésaventures tragi-comiques de ce préposé aux tenailles et à l’écartèlement. Il raconte tout autant la ville et ses voyeurs avides de sang qui s’excitent et frissonnent d’effroi comme on va au cirque. Pire, certains viennent y stimuler leur libido, organisant des parties fines avec vue sur l’échafaud. Les apparitions du sémillant M. Goma, exhibant ses pièces de collection et distillant anecdotes et émotions de collectionneur, apportent des rebonds efficaces, qui n’empêchent nullement une réflexion amère sur "l’art de tuer" tel qu’il se pratiquait au XVIIIème siècle.
(par David TAUGIS)
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