Elle partage ce sentiment avec deux ados qu’elle a rencontré à Morterre et qui y vivent depuis toujours, Jonas et Camille. Évidemment, ils rêvent de quitter ce trou à rats. En attendant ce jour, ils tuent leur ennui en se baffrant de films gore.
La situation s’anime quand, dans cette ville, un ouvrier disparaît mystérieusement. Un employé de l’usine, évidemment, puisque c’est la seule activité industrielle locale… Les trois gamins vont commencer à explorer les environs et découvrir lors d’une excursion nocturne dans la forêt, un homme au visage horriblement défiguré par des excroissances… C’est notre homme disparu ? Pourquoi se cache-t-il ? Que lui est-il arrivé ? On voit arriver le fil de l’intrigue, sauf qu’Elisabeth Holleville va habiller le propos d’une belle couche de fantastique.
Chantage à l’emploi de la part d’une entreprise monopolistique et prédatrice de l’environnement sont les arguments d’un roman d’initiation où, parallèlement, nos jeunes héros découvrent l’amour. Graphiquement, nous sommes dans l’air du temps : l’influence des mangas est passée par là. Le dessin est doux, simple, réaliste, d’une belle clarté.
Issue de l’École Estienne à Paris, Elisabeth Holleville a étudié la bande dessinée à l’EESI -l’École Européenne de l’image- d’Angoulême, travaillé un peu pour quelques petits labels indépendants jusqu’à ce qu’elle publie L’Été fantôme, en 2018 chez Glénat. Elle a un dessin dans la mouvance de Timothé le Boucher - qui a d’ailleurs réalisé un fan art directement pour l’album. L’éditeur la désigne comme « le Charles Burns français ». C’est cependant moins poisseux et dérangeant que l’auteur américain de Black Hole. On pense aussi au The Thing de John Carpenter. Plutôt de bonnes références pour un bon moment de lecture.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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