Dur et précis. Voilà comment décrire le récit que nous livre le duo Dauvillier / D’Aviau, paru aux éditions Glénat en septembre dernier. Inès reconstitue le quotidien d’une jeune femme sous l’emprise d’un homme manipulateur qui joue sur son sentiment d’insécurité afin de créer une relation de soumission et de dépendance toxique.
La narration de ce court roman graphique évolue ainsi dans une temporalité assez réduite, 24h, et montre l’enfer vécu par les victimes des violences conjugales jusqu’à ses pires conséquences.
D’Aviau utilise avec maîtrise, pour cette histoire, un dessin en bichromie noir/blanc aux traits fins, lui permettant de rendre plus vive la tension cachée dans chaque geste et regard entre ses personnages. Les scènes sont souvent composées dans des carrés et dans des rectangles étroits, avec des forts contrastes d’ombres afin de créer une atmosphère d’enfermement et d’angoisse saisissante, capable d’émouvoir même le lecteur le plus détaché.
Bien que le format choisi par les auteurs ne nous permette pas d’aborder en profondeur la complexité ou la création des relations de codépendance (ce qui aurait peut-être permis aux lecteurs de mieux situer cette réalité tragique dans leur quotidien), il propose un portrait réaliste, doublé d’un essai de six pages à la fin du récit de la sociologue Pauline Delage, afin de mieux nous informer.
Inès peut s’avérer éprouvant à lire mais le talent narratif et esthétique de ses auteurs permettra sans doute aux lecteurs de trouver dans cette fiction les outils pour détecter et prévenir dans leurs quotidien les faits tragiques ici dénoncés.
(par Jorge Sanchez)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Inès. Par Loïc Dauvillier (scénario) et Jérôme D’Aviau (dessin). Glénat. Sortie le 15/09/2021. 20 x 26 cm. 112 pages couleur. 17,50 €.
À lire sur ActuaBD :
La chronique "Les artistes se mobilisent contre la violence faite aux femmes" par François Boudet
L’interview de Loïc Dauvillier par François Boudet